mardi 11 septembre 2012

Autopromo complaisante et réflexions sur la mauvaise santé du cinéma japonais

Manquant grandement de temps libre depuis quelques mois, nous n’avons guère alimenté ce blog, le laissant dépérir doucement et retomber dans l’anonymat dont il s’était péniblement extirpé durant de brefs instants.
Nos analyses approfondies, aussi discutables soient-elles, nécessitent une recherche longue et fastidieuse. Le manque d’inspiration aidant, nous ne nous sommes pas encore remis au travail.

Formidable chronique
Nous ne sommes pas ici aujourd’hui pour quémander la pitié du terrible lecteur. L’internaute volage ne connaît pas ce sentiment. Il doit en permanence être gavé de contenu, fût-ce de brèves insipides ou de trivialités autobiographiques.

Cédant à la facilité, nous allons souscrire à une tradition récente et artificielle – à l’instar de la plupart des traditions – consistant à annoncer sur notre blog nos articles publiés ailleurs. Cela nous permettra de centraliser nos écrits, de faire une note à peu de frais et d’entretenir notre narcissisme.
Le lecteur est invité à se reporter à la chronique suivante, écrite par nos soins et publiée sur DVDClassik :
http://www.dvdclassik.com/article/l-humanisme-d-apres-guerre-japonais

La mise en page a été effectuée par un rédacteur de DVDClassik, qui a également sélectionné les images. Nous le remercions de son travail et de la qualité de ses choix.

Nous sommes sur le forum de ce site depuis un peu plus d’un an. Nous apprécions sa ligne éditoriale et son principe d’aide à la reconnaissance du cinéma de patrimoine.
Sans tomber dans le pathos ou dans le didactique rébarbatif, notre ton sur DVDClassik est plus sérieux que sur ce blog, la logique étant différente et le public plus large, ce dernier terme n’ayant pas pour objectif de dénoncer un quelconque surpoids des lecteurs de DVDClassik.

Complément passionnant
Passée cette autopromotion, nous souhaiterions ajouter un petit complément à un article antérieur publié en ces lieux, qui portait sur l’évolution du cinéma en France et au Japon depuis la fin des années 40.

Cet article présentait de nombreuses statistiques mais, ne possédant pas les informations suffisantes pour analyser certaines curiosités, nous n’étions pas entrés dans de périlleuses tentatives d’explication, notre goût de l’aventure se limitant à tenter occasionnellement un nouveau type de biscuit.
Nous avions ainsi remarqué l’apparente meilleure forme du cinéma japonais depuis le début des années 2000, malgré la faiblesse de la fréquentation, et le nombre encore étonnamment important de salles de cinéma et de sorties.

D’après Shozo Ichiyama, directeur de programmation du festival FILMeX, le chiffre très élevé de nouvelles productions provient de la multiplication des petits films, des autoproductions diffusées dans une salle ou deux. Ne possédant aucun attrait commercial, ces films sont diffusés pour un public très restreint dans des salles parfois rémunérés par les producteurs.
Nous avons lu le témoignage d’un cinéphile occidental entrant par hasard dans une salle de cinéma et se retrouvant dans une projection semi-privée, le public étant en fait constitué uniquement d’amis du réalisateur.
A l’inverse, seuls les films étrangers ayant un potentiel commercial sont distribués.

Au final, quelques gros films japonais ou étrangers drainent l’essentiel des entrées et occupent la majorité des écrans.
En parallèle, une multitude de petits films occupent un petit nombre de salles et ne récoltent que peu d’entrées. L’embellie apparente ne provient que de la facilité, à l’ère du numérique, à s’autoproduire, et masque les profondes difficultés que connaît actuellement le cinéma japonais.

Le passage au tout numérique ne devrait guère améliorer la situation.
Comme partout dans le monde occidental, les sociétés de production japonaises abandonnent peu à peu le 35 mm. Cet abandon oblige les salles de cinéma à passer au numérique. A l’inverse de la France, au Japon, ce passage n’est pas aidé par l’Etat et engendre des coûts peu soutenables pour nombre de petits cinémas.

En outre, avec le passage au numérique, la logique des coûts évolue. Auparavant, un distributeur achetait une bobine 35mm et la faisait circuler dans ses réseaux de distribution. Les films allaient des cinémas des grandes villes aux cinémas des petites villes.
Avec le numérique, le coût est lié au nombre d’écrans projetant le film. Si le coût unitaire pour un écran est inférieur à celui de l’ancien système, il augmente rapidement et devient vite intenable pour un grand nombre d’écrans. Les distributeurs sont ainsi incités à minimiser le nombre d’écrans et à privilégier les gros cinémas, au détriment des petites salles.

Nous ne sommes guère optimiste pour les années à venir, et la polarisation entre superproductions (souvent internationales, en collaboration avec la Corée du Sud ou la Chine) et films amateurs ou semi-amateurs destinés à un petit groupe devraient s’accentuer au Japon.

2 commentaires:

  1. Citer Hobsbawm, pas mal.
    Sinon, la distribution en numérique se fait actuellement par disque dur qui sont transportés dans les salles ou réseaux et serveurs ?
    Je demande ça, parce que dans mon bled paumé, ils sont passés au numérique, mais diffusent les films avec retard comme avant et ça avait l'air de ressembler aux bobines qui tournent de salles en salles.

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  2. Pour la distribution en numérique, c’est majoritairement par disque dur transportés par la poste. C’est tout de même bien moins cher que le transport des encombrantes bobines.
    Vu la faible généralisation du très haut débit, la récupération de fichiers numériques par le net reste minoritaire et assez chère.

    Concernant la date de sortie décalée dans les petites salles, nous n’avons pas de réponse définitive. Nous verrions deux possibilités :
    - Soit la salle attend de voir le succès d’un film avant de s’engager, les petites salles n’ayant pas une grande marge de manœuvre financière et certaines d'entre elles préférant tabler sur des succès assurés.

    - Soit la location d’un film à un distributeur diminue avec le temps (même sur disque dur, le nombre de copies est assez faible, les distributeurs limitant le nombre de disques durs en circulation pour un film). Les petites salles préfèrent donc attendre que le prix baisse avant de s’engager.

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