jeudi 8 décembre 2011

Les bonnes marques de galettes à l'ancienne

Suite et fin de notre article sur les éditeurs et sites spécialisés dans le cinéma de patrimoine. Passés les grands discours rébarbatifs, nous entrons dans le vif du sujet, tailladé par un découpage en deux parties : la première se penchera sur les éditeurs, la seconde traitera rapidement des sites consacrés.

Comme pour les sites de vente, nous ne prétendons pas à l’exhaustivité. Notre avis est fortement influencé par nos préférences cinématographiques et de nombreux éditeurs de qualité nous sont probablement inconnus.
La taille relativement petite de notre télévision est également à prendre en considération : possesseur d’un écran HD 28 pouces, nous sommes moins sensibles que d’autres aux imperfections de l’image.

Galettes around the world
Galettes au calendos
La France possède plusieurs éditeurs de qualité et nous n’en détaillerons que quelques-uns.
Ne souhaitant pas léser le lecteur novice et ni susciter l’ire des forcément nombreux éditeurs qui nous lisent, nous mentionnerons rapidement en introduction quelques autres sociétés de qualité, dont nous sommes peu familier :
Malavida, comme son nom ne l’indique pas, possède un beau catalogue de films d’Europe de l’Est. Ne pouvant multiplier notre temps libre comme certains multiplient les pains, nous ne nous sommes pas encore penché sur ce cinéma et nous n’avons aucun DVD de cet éditeur, bien que leurs trois films américains nous fassent lascivement de l’œil. Leur travail éditorial semble de bonne qualité.
Potemkine/Agnès b. DVD se concentre sur les films d’auteur rares d’époques et de pays divers, proposés dans de belles éditions dont le contenu, contrairement aux attentes du lecteur érudit, supplante la jaquette de façade [1]. Leurs DVD sont chers mais méritent généralement l’investissement, avec des bonus intéressants et des transferts réussis. Nous n’avons que deux de leurs films mais cela ne devrait guère durer.
Artus Films est un acteur relativement récent du marché, spécialisé dans le film de série B. Malgré la réputation parfois faible des titres proposés, le travail éditorial est toujours de qualité et permet de redécouvrir des titres oubliés en France, en supposant qu’ils aient un jour connu une quelconque notoriété. Nous ferons probablement une razzia sur leur catalogue dans les prochains mois, forcément intrigué par des coffrets de films de dinosaures ou d’extra-terrestres de série B des années 50.
Blaq Out se focalise sur le film d’auteur peu connus. Ils font apparemment du très bon travail mais leurs titres nous intéressent peu, frustré comme nous sommes de ne pas trouver de jeu de mots avec « blackout ».
Lobster Films a édité quelques DVD mais leur cœur de métier est la restauration de films. Dirigé par Serge Bromberg, la société effectue des restaurations magnifiques sur le cinéma muet et est éditée par d’autres sociétés, notamment Arte Video, MK2 et Flicker Alley.
Le chat qui fume est spécialisé dans le cinéma de genre plus ou moins bizarre, de la blaxploitation aux films de Jean-Marie Pallardy, en passant par l’horreur ou l’underground US. Le chat fume beaucoup, comme le montre les choix éditoriaux, mais il ne néglige pas son boulot, et il a sorti plusieurs films anciens dans des transferts soignés. La société songe apparemment à abandonner la distribution DVD pour se concentrer sur la production [2].
M6 Video propose deux collections intéressantes sur le cinéma de patrimoine : « Les maîtres italiens » et « Les classiques français ». Leur catalogue dispose également de nombreux westerns spaghettis et péplums. Pas toujours des grands films mais des transferts au minimum corrects, souvent accompagnés d’un travail de restauration, le tout à des prix raisonnables.
• MK2/TF1 Vidéo : TF1 Vidéo a récemment récupéré la distribution des films du catalogue MK2. Nous appréciions beaucoup MK2 comme éditeur, avec ses nombreux films muets restaurés. Espérons que TF1 Vidéo leur rendra honneur. Chez certaines grandes chaînes, l’amour du cinéma se concentre apparemment dans la branche vidéo.
Bac Vidéo œuvre dans le cinéma contemporain mais a proposé, en 2008, une série de classiques hollywoodiens dans de bons transferts, aujourd’hui disponibles à bas prix dans les bacs… vidéo. La nullité de cette blague ne nous empêche pas de regretter qu’ils n’aient pas continué dans cette voie.
Les éditeurs de référence
Nous en avons sélectionné quatre. Il y aurait sans doute matière à débat mais c’est comme ça. Le lecteur intransigeant exprimera son désaccord dans les commentaires ou devant ses amis.
L’ordre d’énonciation des éditeurs n’est pas significatif.

1) Carlotta Films
Initialement distributeur de films de patrimoine en salles, Carlotta œuvre depuis 2002 dans l’édition sur support physique. Ils se sont forgés une très grande réputation, considérés comme une sorte de Criterion à la française (cf. ci-après pour Criterion).
C’est un des rares éditeurs dont vous pouvez acheter les titres les yeux fermés, sûrs de bénéficier d’une image restaurée de qualité, d’une version originale sous-titrée et de bonus intéressants. Nous vous conseillons cependant de garder les yeux ouverts, afin de ne pas vous tromper de titre et de ne pas passer pour un idiot auprès des autres clients et/ou de votre ami(e).
Carlotta fait partie des rares éditeurs français s’étant risqués dans le cinéma muet, avec des BR de films de Murnau et de Borzage qui laissent sans voix.

Leur site internet possède une partie VOD [3], mais le directeur de Carlotta reconnaît lui-même le manque d’intérêt des amateurs de cinéma de patrimoine pour ce support [4].

Après une année 2010 difficile, ils ont sorti en 2011 des titres plus porteurs (Panique à Florida Beach, Mean Streets, Les chaussons rouges, Brève Rencontre) et les ventes devraient suivre.

2) Wild Side
Nous avons eu la chance de visiter les locaux de Wild Side en septembre dernier : http://hicsuntninjas.blogspot.com/2011/10/and-colored-girls-say-doo-doo-doo-doo.html. Vous trouverez dans notre article de nombreuses précisions sur le fonctionnement de la société.

Aux cours des années, nous avons découvert grâce à eux de nombreux films, et leur collection « Les Introuvables » a permis la parution de nombreux métrages inédits sur support physique en France.

Plus récemment, ils ont créé une collection « Vintage Classics », dont les chiffres de vente sont étonnamment bons. Le principe est de proposer en DVD à prix abordable des titres tombés dans le domaine public, avec un travail de restauration sur l’image et le son. Ces titres étaient uniquement disponibles en DVD dans des éditions bas de gamme ou gratuitement, sur des sites comme youtube et archive.org, dans une qualité d’image et de son affreuse.
Le succès de cette collection est enthousiasmant : il montre que le public est prêt à mettre 10 euros dans un film restauré, plutôt que de télécharger gratuitement une version déplorable.

3) Arte Vidéo
Arte Vidéo édite des documentaires et des émissions mais aussi des films de patrimoine, dont des films muets.

Sur le cinéma muet, ils travaillent régulièrement avec Lobster, produisant des DVD de qualité. Ils ont notamment sortis des coffrets de courts-métrages de Keaton et de Chaplin, et plusieurs longs-métrages muets français, une catégorie particulièrement mal desservie en France et dans le monde [5].
Rien par contre du côté du cinéma muet allemand, mieux desservi il est vrai par d’autres éditeurs (notamment feu MK2) grâce à la notoriété du cinéma expressionniste des années 20. Arte pensait peut-être que le public en avait marre (Ha ha ha ! Weimar ! … Désolé).

4) Gaumont
Gaumont développe depuis 2-3 ans une politique de restauration très intéressante, principalement axée sur le cinéma français. Les discussions sont encore en cours mais leur objectif serait de restaurer, grâce au Grand Emprunt, près de 300 films de leur catalogue dans les 10 prochaines années. Sauf quelques très rares titres, le cinéma muet devrait malheureusement être exclu pour des raisons évidentes de rentabilité.
Sur le cinéma de patrimoine en support physique, Gaumont possède deux collections et, ponctuellement, propose des titres hors collection, comme les coffrets Guitry ou Godard :
• La collection « Gaumont Classiques » offre des titres restaurés, en DVD et en BR, avec de nombreux bonus et des transferts généralement impeccables.
• La collection « Gaumont à la demande » donne accès à des films moins connus. Ce sont des DVD pressés à partir du meilleur master disponible mais sans restauration, avec des sous-titres pour sourds et malentendants. Nous avons pu voir une petite dizaine de titres jusqu’à présent, l’image était relativement bonne et n’avons jamais été gêné par la qualité.
Ces deux collections très différentes leur permettent d’avoir un rythme de sortie soutenu et de toucher des publics variés.

Les éditeurs sympathiques mais discutables
1) Editions Montparnasse
Depuis de nombreuses années, les Editions Montparnasse sortent des films de l’âge classique hollywoodien, notamment les films du studio RKO, et quelques classiques italiens ou russes. Leur catalogue est impressionnant et nous y découvrons régulièrement des pépites, arrachés de la griffe du passé.

Les DVD de la collection RKO disposent tous d’une rapide introduction de Serge Bromberg, présentation sommaire mais généralement intéressante. Nous vous conseillons de la voir après le film car Serge Bromberg, emporté par son enthousiasme et son jeu de sourcils, dévoile parfois des éléments de l’intrigue, tel le mouchard moyen engagé dans un voyage sans retour.

Un bémol cependant : les transferts des Editions Montparnasse sont très variables, d’excellent à médiocre, et ils tombent régulièrement sous les feux croisés des puristes. Lors de mauvais transferts, l’image pixellise et les contrastes diminuent fortement, rendant difficile la lisibilité des scènes situées dans l’obscurité. En raison de la petite taille de notre écran, nous avons rarement été pris au piège, mais nous avons lu les plaintes de plusieurs demoiselles en détresse.
Sauf à vouloir jouer à Mr Lucky ou de disposer d’un million clé en mains, avant l’achat d’un DVD des Editions Montparnasse, nous vous conseillons de chercher des avis sur le net plutôt que de faire confiance à l’inconnu du 3eme étage. Dvdclassik a chroniqué bon nombre des films de la collection « RKO » et leurs critiques sont généralement pertinentes, dénuée de soupçons de partialité.

2) Metropolitan Filmexport, collection « HK Vidéo »
Metropolitan édite de nombreux films asiatiques, notamment à travers sa collection « HK Vidéo ». Collection historique du film asiatique en France, elle a un peu perdu de sa superbe au cours des dernières années, diminuant un peu le budget explosion et vol de colombes.
Sur le cinéma asiatique de patrimoine, elle a été supplantée par Carlotta et Wild Side. Elle conserve néanmoins un beau catalogue et propose quelques titres de prestige, dont les magnifiques coffrets Seijun Suzuki.

La sortie du coffret Syndicat du crime en 2008 a égratigné leur image. Attendu avec impatience, ce coffret a déçu : le premier film de la trilogie avait été recadré, le générique de début n’était pas celui d’origine et il manquait le générique de fin.
Connu jusqu’à cette époque pour leur respect scrupuleux du format et des versions [6], HK Vidéo a subi les tirs des sites spécialisés et des fans, habitués des gunfights décomplexés.

Il ne faudrait toutefois pas s’arrêter sur cette erreur. Une erreur en 15 ans, peu d’éditeurs peuvent en dire autant.
Sur le cinéma asiatique récent, Metropolitan continue à sortir des titres intéressants à travers sa collection « HK Vidéo » (réservée aux titres de prestige), comme les Ip Man ou les films de Stephen Chow.

3) Studio Canal
Studio Canal est un des rares éditeurs français œuvrant au niveau international, et il possède un très beau catalogue sur le cinéma de patrimoine. Ce catalogue n’est malheureusement pas exploité à sa juste valeur, Studio Canal France privilégiant les ressorties plutôt que de se risquer sur de nouveaux terrains.

Un exemple, sur un sujet qui nous tient à cœur : les films du Studio Ealing. Le studio Ealing est un studio anglais, particulièrement connu pour ses comédies noires de la fin des années 40 et des années 50. En France, seul Ladykillers est sorti récemment en BR, et les DVD des films du studio Ealing sont épuisés depuis longtemps. A l’inverse, Studio Canal UK a sorti en BR les films les plus prestigieux du studio, dans des versions restaurées avec de superbes transferts, avec sous-titres anglais pour sourds et malentendants.
Même chose pour Conversation secrète de Coppola : alors que le film vient de paraître en octobre dernier en Grande-Bretagne et en Allemagne, via Studio Canal UK, aucune sortie n’est prévue en France pour ce titre pourtant très réputé et attendu.

Cette frilosité de Studio Canal France et la qualité parfois discutable de leurs transferts (notamment au niveau du son, régulièrement mauvais sur les films français des années 30 à 70) nous oblige à émettre de fortes réserves.
Et une petite voix me souffle qu’ils devraient également changer leur ident [7], avec le ciel et les oiseaux qui piaillent, car certains le trouvent particulièrement agaçant.

4) Opening
Entre deux cris de souffrance dus à leur surcharge, nos étagères nous ont récemment signalé qu’elles contenaient un certain nombre de titres de cet éditeur peu connu. Sur le cinéma de patrimoine, Opening possède notamment les collections « Cinéma italien » et « Les films de ma vie ».
La qualité éditoriale de leurs films est très variable, du mauvais à l’excellent. Dans l’ensemble, ils ont plutôt amélioré la qualité du packaging et des transferts ces dernières années.
Leur catalogue est intéressant et il faudrait que nous recueillions plus d’informations sur cette société.


Galettes au burger
Notre connaissance du marché américain de l’édition est largement inférieure à notre connaissance du marché français. Notre liste sera plus restreinte, se concentrant sur les éditeurs phares dont nous avons acquis des DVD.
Dans les éditeurs non répertoriés, citons tout de même Milestone Films. Ils semblent faire du bon travail et proposent des titres rares.

Les éditeurs de référence
1) The Criterion Collection
The Criterion Collection est l’éditeur de référence dans le monde. Il est réputé pour offrir les meilleures restaurations et les meilleurs transferts, fournit systématiquement une multitude de bonus intéressants et un livret d’information.
Un film édité par Criterion servira de point de comparaison aux autres éditions, « cette édition est meilleure que le Criterion » étant le compliment par excellence. Nous faisons la même chose avec le riz au lait de notre grand-mère, référence ultime au regard duquel nous comparons les autres riz au lait, le notre commençant doucement à s’en approcher.

Malheureusement pour les francophones, les films Criterion ne possèdent que des sous-titres anglais et sont systématiquement zonés : zone 1 pour les DVD, zone A pour les Blu-Ray.
Leurs films sont chers, la qualité du matériel justifiant le prix.
Criterion possède deux collections :
• « Eclipse from the Criterion Collection » : cette collection sert à diffuser des films rares à faible potentiel de vente, ne justifiant pas une édition indépendante. Les films sont regroupés par coffret thématique et/ou par réalisateur, et vendus à des prix raisonnables. Les films sont restaurés mais ne sont pas accompagnés ni de bonus ni de livret.
• « Essential Art House » : cette collection offre à bas prix des films déjà édités par Criterion dans une édition standard et dont les droits appartiennent au distributeur Janus Films. La qualité est identique à la version standard mais sans les bonus et sans le livret.
2) Flicker Alley
Spécialisé dans le cinéma muet, Flicker Alley propose des films rares dans des qualités inédites. Travaillant régulièrement avec Lobster Films, les restaurations sont somptueuses et aident à redécouvrir des œuvres oubliées. Leur coffret consacré aux films des années 10 avec Douglas Fairbanks a ainsi permis de réhabiliter ces titres, comédies d’action très agréables dominées par la présence d’un Douglas Fairbanks souriant et bondissant.

Leur rythme de parution est assez lent et leurs prix sont très élevés. Ces éléments s’expliquent par la taille restreinte du public ciblé : le cinéma muet n’est pas porteur et Flicker Alley sort des sentiers battus, de son allée clignotante bordée de cinéma [8], avec des titres parfois assez confidentiels. Les films disposent de sous-titres ou d’intertitres anglais uniquement.

Flicker Alley est malheureusement cantonné au marché nord-américain : les DVD ne sont vendus que dans des boutiques américaines et, compte tenu des prix, le risque de douane est élevé. C’est fort dommage car, à de rares exceptions près, les titres ne sont pas sortis en France. Et, vu le manque de viabilité économique du cinéma muet, il y a peu de chance qu’ils arrivent un jour sur notre territoire.

Les éditeurs sympathiques mais discutables
1) Kino International
Nous avons hésité à ranger Kino dans les éditeurs de référence car ils font un travail exceptionnel sur le cinéma muet, proposant depuis peu des BR de films muets. Ces BR sont apparemment splendides et sont region free.
Le catalogue de Kino est très impressionnant, un des plus grands catalogues en cinéma muet, avec des restaurations souvent réussies et de bons transferts. Leurs prix sont tout à fait raisonnables et il est assez facile de se procurer leurs films sur les sites d’import.
Prompts à crier au scandale, vous vous demandez sans doute, lecteurs impatients, pourquoi cet éditeur se retrouve dans la catégorie des sympathiques mais discutables.
Deux raisons :
• Même si elle est très satisfaisante, la qualité de leurs DVD est tout de même inférieure à Criterion et Flicker Alley.
• Le deuxième point est plus fâcheux : autant l’image de leurs films muets est habituellement très bonne, autant les choix musicaux sont parfois discutables. Certains de leurs films sont proposés avec des musiques modernes peu adaptées, qui cassent l’ambiance. Nous avons dû couper le son plusieurs fois, irrité par les mélodies. « King Vidor avait coutume de dire que, dans un film muet, la musique apportait 50% de l’émotion » [9]. Il existe aujourd’hui d’excellents compositeurs de musiques de films muets (Carl Davis ou Robert Israel par exemple), et il est dommage que Kino ne les utilise pas. Ils pourraient aussi donner le choix entre deux musiques, comme l’a fait Criterion avec le coffret Von Sternberg, Carlotta avec Loulou ou Serge Bromberg avec Le Voyage dans la Lune lors du dernier Retour de flammes au Forum des Images [10].
Malgré ces réserves, Kino reste un éditeur très intéressant et nous allons continuer à leur acheter de nombreux titres.


Galettes au pudding
Notre connaissance du marché anglais est assez faible, limitée aux deux grands éditeurs de référence (cf. ci-après).
Nous ajouterons Artificial Eye à cette liste. Cette société œuvre surtout dans le cinéma récent mais a sorti quelques perles en cinéma de patrimoine, notamment deux sérials de Louis Feuillade (Fantômas et Les vampires), et plusieurs films de Satyajit Ray. La plupart de ces films sont disponibles en France mais à des prix bien plus élevés.

Les éditeurs de référence
1) Eureka, collection « Masters of Cinema »
Les américains ont Criterion, les français Carlotta, les anglais la collection « Masters of Cinema » d’Eureka. Cette collection propose de superbes restaurations, avec des transferts de qualité, pour des prix défiants toute concurrence. Leurs BR sortent au prix d’une quinzaine d’euros environ, en zone B avec des sous-titres anglais.

Nous possédons une bonne partie de leur catalogue et nous n’avons jamais été déçu. Les films sont accompagnés de bonus souvent intéressants et d’un livret très instructif. Ils peuvent être commandés sur tous les sites anglais (livrés rapidement et sans risque de douane).

Notre présentation dithyrambique de cette collection donne peut-être l’impression que nous nous entrainons en vue d’une reconversion en marchand de tapis. Notre métier nous satisfait peu et nous estimons la profession de marchand de tapis trop souvent décriée, mais là n’est pas notre objectif. Nous voulions souligner que, pour un amateur capable de se contenter de sous-titres anglais, la collection « Masters of Cinema » est, d’après nous, le meilleur rapport qualité/prix à l’heure actuelle dans le monde.

2) British Film Institute (BFI)
D’une qualité légèrement inférieure à la collection « Masters of Cinema », les titres édités par BFI restent remarquables et nous n’avons jamais eu à nous plaindre. Leur travail éditorial est toujours réussi et leurs prix sont très attractifs. Comme pour Eureka, pas de problème de zone et des sous-titres anglais systématiques.

BFI effectue un important travail sur le cinéma japonais, mais nous sommes déjà bien servis en France avec Carlotta, Wild Side et HK Vidéo. Notons tout de même les BR de films d’Ozu, uniquement disponibles en DVD en France.
BFI propose de nombreux documentaires, des DVD consacrés au cinéma expérimental et plusieurs compilations sur le cinéma des premiers temps. Ils ont également un catalogue très riche en cinéma français, avec de nombreux titres introuvables dans l’hexagone et des films de Tati en BR.

Galettes mystères
Pour finir sur les éditeurs, citons un dernier nom illustre, mal connu de votre serviteur, mais dont la réputation est excellente :
Edition Filmmuseum : Editeur allemand œuvrant dans le cinéma indépendant, le documentaire et le cinéma muet. Ils sortent des titres introuvables dans d’excellentes restaurations, avec des sous-titres anglais et parfois français. Leurs films sont chers et sont disponibles sur leur site ou sur amazon.de.
D’autres éditeurs mériteraient notre attention. Nous connaissons de nom le Swedish Film Institute, le Danish Film Institute ou la Cinémathèque de Bologne, et leurs DVD doivent être à l’image de leur réputation. Leurs films sont rarement disponibles sur nos sites habituels et sont très chers. Certains semblent ne pas posséder de sous-titres anglais, pré-requis indispensables pour nous en l’absence de sous-titres français.


Sites de décorticage de galettes
En français
Dvdclassik
Sur le cinéma de patrimoine en français, le site de référence est Dvdclassik. En contact avec les éditeurs et pourvu d’une riche communauté de forumistes, le site fournit des informations fiables et des news de qualité. Ses critiques de films sont bien documentées et donnent des renseignements sur le contenu et le contenant.

Dvdclassik propose régulièrement des interviews des acteurs clés du cinéma de patrimoine : des éditeurs (nous avons eu la chance de les accompagner chez Wild Side), des critiques, des écrivains et autres protagonistes du domaine (Bertrand Tavernier, Patrick Brion ou Kevin Brownlow).
Conscients de l’importance du site pour les amateurs français, des éditeurs interviennent sur le forum, notamment Gaumont, Carlotta, Wild Side et Potemkine.

Par respect de nos principes déontologiques, nous tenons à préciser notre appartenance en tant que membre au forum de Dvdclassik. Nous n’avons aucun lien avec sa rédaction.
Pour le lecteur avide de complots, nous avons payé un repas à un rédacteur mais sans volonté de corruption. Imaginer pouvoir le corrompre avec une flammekueche même pas faite maison et un dessert quelconque serait insultant à la fois pour lui et pour nous.

1kult
Le site 1kult est notable pour la qualité de ses news et ses interviews, notamment sur le cinéma de genre de toutes époques et nationalités.
Blogs
• Bertrand Tavernier chronique sur son blog des films lui tenant à cœur, sortis sur support physique : http://www.tavernier.blog.sacd.fr/. Bien que ne partageant pas toujours ses goûts, ses avis sont intéressants et il livre des informations et des anecdotes enrichissantes. Il nous a fait connaître nombre de films dont nous n’aurions jamais entendu parler autrement.
• Un blog très instructif sur le cinéma muet : http://annhardingstreasures.blogspot.com/. Sa rédactrice est membre du forum de Dvdclassik et a traduit récemment en français le classique de Kevin Brownlow, La parade est passée….

En anglais
Dave Kehr
Deux fois par semaine dans le New York Times, Dave Kehr rédige une chronique DVD/BR plutôt orientée cinéma de patrimoine. Ses articles donnent envie de découvrir des myriades de films et procurent des informations précieuses sur les sorties US sur support physique : http://topics.nytimes.com/topics/reference/timestopics/people/k/dave_kehr/index.html

Il tient également un blog, où des intervenants passionnants venus du monde entier débattent dans les commentaires : http://www.davekehr.com/
Côté français, Nicolas Saada et Jean-Pierre Coursodon y participent régulièrement.

Forum Criterion
Le forum de l’éditeur Criterion est un équivalent américain du forum de Dvdclassik : http://criterionforum.org/forum/
C’est une mine d’informations, avec des intervenants souvent bien informés et des news en exclusivité.
Qualité des supports physiques
Sur la qualité des films édités sur supports physiques, deux sites de référence :
http://www.dvdbeaver.com/ compare les éditions d’un même film, avec copies d’écran et commentaires. Bien que les éditions anglophones y soient majoritaires, des éditions francophones entrent parfois dans les comparatifs. Attention : les copies d’écran ne sont pas toujours représentatives et il vaut mieux lire le commentaire associé. Les informations techniques sont généralement correctes mais il subsiste quelques erreurs.
http://www.blu-ray.com/ teste les BR. Les tests concernent aussi bien les BR d’éditeurs anglophones que francophones ou autres pays. Les tests sont bien documentés, les informations techniques fournies sont justes et donnent une idée précise de la qualité technique d’une édition.

Vous êtes à présent prêt pour Noël et, si vous achetez encore des DVD possédant une qualité d’image pourrie et un transfert douteux, ce sera totalement de votre faute. Vous pourrez toujours accuser l’alcoolisme du gros barbu en rouge, mais vous ne duperez personne et votre famille vous jettera des cailloux. Nous nous réjouissons déjà à l’idée d’être responsable de plusieurs lapidations pendant les fêtes, et nous nous retirons sur ces bonnes paroles de paix et d’amour.


[1]Pour le lecteur non érudit ou peu réceptif aux jeux de mots douteux, cf.http://fr.wikipedia.org/wiki/Village_Potemkine
[2]http://www.1kult.com/2011/10/19/dvd-les-prochains-et-derniers-titre-du-chat/
[3]VOD comme Video On Demand. Nous aurions dû expliciter plus tôt le terme, ce dernier n’étant pas évident pour un public néophyte. Le sigle officiel en France est apparemment VàD pour Vidéo à la Demande (utilisé notamment par le CNC ou par le magasine Le film français), mais, à l’heure actuelle, VOD reste plus courant sur les sites francophones.
[4]http://www.dvdclassik.com/Critiques/interview-carlotta-2011.html
[5]Comme d’habitude, il faut aller voir à l’étranger pour trouver nombre de classiques français. Les versions restaurées de J’accuse et de La roue d’Abel Gance ne sont ainsi disponibles que chez Flicker Alley.
[6]Elément rare dans le cinéma HK, systématiquement massacré, chaque film possédant au moins une version locale et une version internationale.
[7]Terme anglais désignant le clip d’introduction présentant un éditeur ou une chaîne. Nous ne connaissons pas le terme français équivalent, s’il existe.
[8]Flicker Alley est le surnom d’une rue piétonne de Londres, Cecil Court, surnommée ainsi en raison du grand nombre de compagnie de cinémas qui s’y étaient installées au début du 20e siècle.
[9]Kevin Brownlow, La Parade est passée…, Institut Lumières/Actes Sud, Paris, 2011, p.31. Kevin Brownlow est un des grands spécialistes mondiaux du cinéma muet.
[10]Serge Bromberg a présenté la dernière restauration du Voyage dans la Lune de Georges Méliès, dans ses couleurs d’origine, avec deux fonds sonores fort distincts :
- La première diffusion utilisait une musique de Air, composée pour cette restauration. Nous n’avons rien contre Air, leur BO de Virgin Suicides est très réussie, mais leur musique ne fonctionne pas du tout ici. Elle empêche d’entrer dans l’ambiance et détourne l’attention, rendant la concentration sur le film difficile.
- Heureusement, Serge Bromberg, reconnaissant que la musique de Air susciterait sans doute des débats, a ensuite projeté le métrage avec une musique de Robert Israel, et en lisant les commentaires écrits par Méliès pour les forains de l’époque. Cette version fut infiniment plus intéressante et amusante, prouvant l’importance du fond sonore dans la projection d’un film muet.

3 commentaires:

  1. Nous tenons à exprimer un petit bémol concernant Artus Films.
    Au vu du test récent du coffret Destination Mars sur dvdclassik, nous tenons à signaler la qualité variable des copies, parfois très discutables. Nous vérifierons ce point nous-mêmes dans quelques mois, mais il convenait de le signaler dès à présent.

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  2. En effet le test de dvdclassik est sans appel.
    Toutefois il reste à saluer le courage de cette petite boite qui sort ces derniers temps des coffrets qui font envie (le "destination mars", ainsi qu'un autre coffret prévu l'année prochaine, "les monstres viennent de l'espace", le coffret dinosaure et autre bela lugosi). J'avais acheté chez eux la sorcière sanglante il y a un bon bout de temps et même si la qualité n'est pas top niveau image, cela fait toujours plaisir de pouvoir se procurer des petits films comme ça.
    En tout cas très bel article qui présente bien un certain panorama des éditeurs actuels.
    Vous auriez pu aussi parler d'un éditeur espagnol, l'atelier 13, qui édite semble t'il depuis quelques années bon nombre de films sf fantastiques ricains des années 40-50 avec des sous titres français. Je n'ai jamais acheté de dvd de chez eux mais leur catalogue est plutôt tentant (si j'avais les finances....).
    Sinon chez l'éditeur Malavida, je vous recommande "le manuscrit trouvé à Saragosse", un film que j'aime énormément.
    J'en profite pour vous souhaiter de bonnes fêtes de fin d'année.

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  3. Vous faîtes bien de signaler l’Atelier 13, que nous avions oublié. Comme vous, nous n’avons jamais acheté chez eux mais ils ont un catalogue fort sympathique.

    Pour Artus Films, nous continuons d’apprécier cet éditeur, à la politique éditoriale intéressante, comme vous le signalez. Les copies des films que nous avons chez eux, sans être exceptionnelles, sont tout à fait correctes et nous pensions qu’il en était de même pour tout leur catalogue.
    Nous avons donc été un peu déçu et surpris par le test de dvdclassik, notamment sur les saccades signalées, bien plus gênantes que des problèmes liés à une image un peu ancienne. Nous voulions mettre en avant cet élément, que nous n’avions pas soupçonné de la part de cet éditeur, en espérant que cette petite boulette reste isolée.

    Nous notons enfin avec intérêt votre recommandation. Nous venons de lire le pitch du Manuscrit trouvé à Saragosse, il nous intrigue et nous allons nous le procurer de ce pas (enfin passé les fêtes : notre amie, nous connaissant bien, nous achète parfois des films assez inattendus. Il ne faudrait pas risquer un doublon).

    Bonnes fêtes de fin d’année à vous aussi et à tous les lecteurs qui passeraient dans le coin. Nous ne prendrons aucune bonne résolution pour la prochaine année, le rythme de publication ne sera probablement pas plus élevé et nos jeux de mots seront toujours aussi mauvais.

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