Après deux billets sur le cinéma de propagande, malgré l’enthousiasme délirant de nos lecteurs, nous revenons à un sujet plus distrayant. Bien conscient de la difficulté à battre dans la distraction le film avec des méchants chinois ou des vils communistes, nous allons sortir l’artillerie lourde : le Patrick Brion.
Nous étions, le 8 février dernier, à la soirée d’inauguration de la rétrospective RKO à l’Action Christine (du 8 au 22 février 2012). Pas de strass et de strapontins mais de jolies affiches dans la salle et, à l’entrée, des DVD cadeaux de la collection RKO des Editions Montparnasse.
La soirée était organisée par TCM, détenteur des droits du studio depuis 2011. Pour la première fois et sans tenir compte des conséquences sur la déjà mince vie sociale des cinéphages, la chaîne avait décidée de coupler rétrospective en salles et à la télévision, avec une thématique légèrement différente : grands classiques à l’Action Christine contre inédits en février/mars sur TCM.
Nous avions eu la chance de gagner une invitation pour deux personnes (merci TCM) et nous n’allions pas manquer cette séance, malgré le froid abominable et le début du cycle King Hu à la Cinémathèque le même jour. Nous faisons passer avant toute chose notre mission d’éducation et d’information des lecteurs désœuvrés, quitte à devoir aller au ciné gratos pour gagner des DVD et voir des films intéressants.
Le film d’ouverture, What Price Hollywood? de George Cukor (1932), fut présenté par Patrick Brion, précédé d’une rapide introduction de Marika Puiseux, directrice de TCM France.
M. Brion opta pour un rapide survol de la vie mouvementée de la RKO, renvoyant à la fin de la séance la discussion sur le film. Nous appréciâmes cette initiative visant à ne pas révéler de moments clés de l’intrigue, à l’inverse de la jaquette lambda de DVD ou de BR (excepté la jaquette d’un « bon » film de ninjas, qui révèle l’intrigue d’un autre film, les jaquettes n’ayant généralement rien à voir avec le métrage proposé).
Nous connaissons assez bien l’historique du studio. L’intervention de M. Brion ne comportait aucune révélation, et nous ne vîmes d’autre lumière que celle de l’écran et des petites lampes latérales. Ce fut néanmoins une remise en contexte intéressante pour les personnes moins familières avec l’histoire du studio, avec une focalisation sur quelques éléments caractéristiques.
Sans entrer dans un historique précis du studio [1] et pour éviter d’écrire à nouveau un billet de dix pages, nous résumerons les principaux points de son discours. Pour une fois, nous avons pris quelques lignes de notes et nous comptons bien nous en servir : nos inexactitudes proviendront non de nos trous de mémoire mais de notre incapacité à nous relire.
Des hauts et des bas à la RKO
La RKO fut le plus petit membre des Big Five, le petit doigt des cinq majors de l’âge d’or du cinéma américain (MGM, Warner Bros., Fox, Paramount et RKO).
Elle fut créée en 1928, démembrée en 1948 et définitivement fermée en 1957. Même au sommet de sa gloire, elle n’engrangea jamais de très gros bénéfices et connut toute sa vie des problèmes de gestion. En raison de sa courte existence et des problèmes d’exploitation de son catalogue, elle demeure la moins connue des majors.
A l’image de celui de Republic Pictures, studio des années 30 à 50 spécialisé dans la série B, le catalogue de la RKO fut très mal exploité après la fermeture du studio. Il passa de mains en mains, tripoté par des individus plus intéressés par ses gros titres et un retour sur investissement rapide que par une vraie valorisation du catalogue. Beaucoup de films restèrent invisibles et la majorité des œuvres furent peu (voire jamais) diffusées sur les trottoirs de la télévision.
Le rachat par Turner l’année dernière devrait faire évoluer la situation, comme le montre la présente rétrospective. Plusieurs métrages devraient prochainement passer sous le bistouri de la restauration et montrer leurs plus beaux atours.
D’après Patrick Brion, une des caractéristiques principales de la RKO est son manque de cohérence sur la durée, notamment en raison de la forte rotation du personnel : les gens passaient à la RKO mais ne s’y arrêtaient pas longtemps, que ce soit à la production ou à la réalisation. Nous allons toutefois arrêter les sous-entendus scabreux, malgré la perche tendue par la phrase précédente.
En même temps, sauf utilisation de chats en mousse ou de marionnettes, une reconstitution fidèle aurait été beaucoup trop onéreuse, le chat n’étant pas l’animal le plus docile sur les tournages. Et le chat en mousse/marionnettes, y’en a qui ont essayé…
Cumulé à son manque de moyens, la RKO était un studio de petits films, sans pétrole mais avec beaucoup d’idées. Il osait produire des projets originaux, comme The Locket de John Brahm (1946), film noir complexe composé d’histoires imbriquées les unes dans les autres, sorte de poupées russes sans méchants communistes.
Des grands noms y réalisèrent certaines de leurs meilleures œuvres. M. Brion cita Les amants de la nuit de Nicholas Ray (They Live by Night, 1949), La charge héroïque de John Ford (She Wore a Yellow Ribbon, 1949), Citizen Kane d’Orson Welles (1941), Soupçons (Suspicion, 1941) et Les enchaînés (Notorious, 1946) d’Alfred Hitchcock et L’impossible monsieur bébé de Howard Hawks (Bringing Up Baby, 1938).
En 1946/1947, le studio redevint brièvement rentable, notamment grâce aux films engagés produits par Dore Schary, comme Feux croisés d’Edward Dmytryk (Crossfire, 1947) ou Le garçon aux cheveux verts de Joseph Losey (The Boy with Green Hair, 1948).
La RKO fut rachetée par Howard Hughes en 1948 (cf. notre note précédente). Ce dernier mena le studio à sa perte : division de l’entreprise en deux entités (RKO Pictures Corporation and RKO Theatres Corporation), gestion anarchique (changement de décors, de scénarios ou d’actrices dans des projets presque terminés ou bien avancés), vente des droits de diffusion des films à l’ennemie télévision.
Synopsis du film par TCM :
Nous nuancerons quelque peu le sévère avis d’Ann Harding. Bien que manquant encore de fluidité et de dynamisme dans les transitions entre les scènes et dans certains dialogues, nous avons bien aimé le métrage dans ses aspects comédies. Il n’a certes pas le rythme et l’acidité de films plus tardifs de Cukor, comme Les invités de huit heures (Dinner at Eight, 1933), Holiday (1938), Indiscrétions (The Philadelphia Story, 1940) ou Comment l’esprit vient aux femmes (Born Yesterday, 1950), mais reste agréable, avec certains échanges énergiques. Les personnages sont caricaturaux mais amusants, en particulier le réalisateur alcoolique joué par Lowell Sherman.
Après le film, Patrick Brion reprit quelques minutes la parole, devant une salle bienveillante mais fatiguée par l’heure et la perspective de braver de nouveau le froid.
Comme précisé dans le synopsis TCM, What Price Hollywood? est la première version d’Une étoile est née. Le scénario connut trois remakes officiels : en 1937 par William A. Wellman [3], avec Janet Gaynor et Fredric March ; en 1954 par George Cukor, avec Judy Garland et James Mason ; et en 1976 par Frank Pierson, avec Barbra Streisand et Kris Kristofferson.
Un spectateur signala à un Patrick Brion un peu surpris et dépité le projet de remake prochain du film par Clint Eastwood. Le pauvre M. Brion aurait sans doute été encore plus abasourdi s’il avait eu vent du casting pressenti, avec Beyoncé dans le rôle principal et un gros acteur rentable à ses côtés (peut-être Di Caprio mais il ne semble pas très chaud pour le rôle).
Dans What Price Hollywood?, le style de Cukor se retrouve dans la direction d’acteurs, dans l’humour un peu amer, même si cet élément reste léger, et dans la trame dramatique.
A noter la présence de Constance Bennett, la sœur de Joan, plus habituée à des rôles moins glamour.
Le film date de 1932 et évoque rapidement la censure locale. M. Brion en profita pour rappeler les raisons de l’établissement du code Hays en 1934 : créer un organisme de censure centralisé faisant foi, méthode assez logique pour calmer les lobbies chrétiens, afin d’éviter la multiplication des censures locales, qui descendaient parfois jusqu’au niveau municipal.
Il termina par une petite remarque sur le personnage de la bonne noire, très caricatural mais typique d’une l’époque. Sans justifier aucunement cette vision raciste, il regretta les problèmes de censure actuels aux Etats-Unis, qui empêchent la diffusion des films dans leur intégralité et entrainent des coupes inacceptables dans les métrages. Il cita notamment le cas des Tex Avery, un grand nombre d’entre eux ne pouvant plus être diffusés dans leur version d’origine.
Nous ajouterons à ce propos une petite réflexion. Le personnage affreusement caricatural du black rigolo, encore présent dans des films récents, n’est pas fondamentalement différent du serviteur noir des films des années 30 et 40 : le jeu est plus contemporain et la position moins subalterne mais le personnage reste aussi excessif et grotesque. Il ne semble pourtant choquer personne, si ce n’est les amateurs de bon goût et d’humour subtil. Peut-être sera-t-il censuré dans quelques décennies.
Une soirée très agréable au final : un film sympathique, Patrick Brion en vrai et deux DVD cadeaux. Malgré notre amour de la contradiction, nous ne pouvons guère nous plaindre.
[1] Pour un historique plus complet, le lecteur pourra se reporter aux pages wikipedia en français en français et en anglais (plus complet), et à l’ouvrage de Richard B. Jewell, The RKO Story, London, Octopus books, 1982.
[2] En raison de serveurs peu pressés, nous n’avons pas eu le temps de prendre un dessert avant de venir à la séance. Le lecteur appréciera d’autant plus notre courage, nous rendant au cinéma sans le bénéfice d’une couche de sucre protectrice dans l’estomac.
[3] Proposé d’abord à Cukor, qui déclina.
Nous étions, le 8 février dernier, à la soirée d’inauguration de la rétrospective RKO à l’Action Christine (du 8 au 22 février 2012). Pas de strass et de strapontins mais de jolies affiches dans la salle et, à l’entrée, des DVD cadeaux de la collection RKO des Editions Montparnasse.
La soirée était organisée par TCM, détenteur des droits du studio depuis 2011. Pour la première fois et sans tenir compte des conséquences sur la déjà mince vie sociale des cinéphages, la chaîne avait décidée de coupler rétrospective en salles et à la télévision, avec une thématique légèrement différente : grands classiques à l’Action Christine contre inédits en février/mars sur TCM.
Nous avions eu la chance de gagner une invitation pour deux personnes (merci TCM) et nous n’allions pas manquer cette séance, malgré le froid abominable et le début du cycle King Hu à la Cinémathèque le même jour. Nous faisons passer avant toute chose notre mission d’éducation et d’information des lecteurs désœuvrés, quitte à devoir aller au ciné gratos pour gagner des DVD et voir des films intéressants.
Le film d’ouverture, What Price Hollywood? de George Cukor (1932), fut présenté par Patrick Brion, précédé d’une rapide introduction de Marika Puiseux, directrice de TCM France.
M. Brion opta pour un rapide survol de la vie mouvementée de la RKO, renvoyant à la fin de la séance la discussion sur le film. Nous appréciâmes cette initiative visant à ne pas révéler de moments clés de l’intrigue, à l’inverse de la jaquette lambda de DVD ou de BR (excepté la jaquette d’un « bon » film de ninjas, qui révèle l’intrigue d’un autre film, les jaquettes n’ayant généralement rien à voir avec le métrage proposé).
Nous connaissons assez bien l’historique du studio. L’intervention de M. Brion ne comportait aucune révélation, et nous ne vîmes d’autre lumière que celle de l’écran et des petites lampes latérales. Ce fut néanmoins une remise en contexte intéressante pour les personnes moins familières avec l’histoire du studio, avec une focalisation sur quelques éléments caractéristiques.
Sans entrer dans un historique précis du studio [1] et pour éviter d’écrire à nouveau un billet de dix pages, nous résumerons les principaux points de son discours. Pour une fois, nous avons pris quelques lignes de notes et nous comptons bien nous en servir : nos inexactitudes proviendront non de nos trous de mémoire mais de notre incapacité à nous relire.
Des hauts et des bas à la RKO
La RKO fut le plus petit membre des Big Five, le petit doigt des cinq majors de l’âge d’or du cinéma américain (MGM, Warner Bros., Fox, Paramount et RKO).
Elle fut créée en 1928, démembrée en 1948 et définitivement fermée en 1957. Même au sommet de sa gloire, elle n’engrangea jamais de très gros bénéfices et connut toute sa vie des problèmes de gestion. En raison de sa courte existence et des problèmes d’exploitation de son catalogue, elle demeure la moins connue des majors.
A l’image de celui de Republic Pictures, studio des années 30 à 50 spécialisé dans la série B, le catalogue de la RKO fut très mal exploité après la fermeture du studio. Il passa de mains en mains, tripoté par des individus plus intéressés par ses gros titres et un retour sur investissement rapide que par une vraie valorisation du catalogue. Beaucoup de films restèrent invisibles et la majorité des œuvres furent peu (voire jamais) diffusées sur les trottoirs de la télévision.
Le rachat par Turner l’année dernière devrait faire évoluer la situation, comme le montre la présente rétrospective. Plusieurs métrages devraient prochainement passer sous le bistouri de la restauration et montrer leurs plus beaux atours.
D’après Patrick Brion, une des caractéristiques principales de la RKO est son manque de cohérence sur la durée, notamment en raison de la forte rotation du personnel : les gens passaient à la RKO mais ne s’y arrêtaient pas longtemps, que ce soit à la production ou à la réalisation. Nous allons toutefois arrêter les sous-entendus scabreux, malgré la perche tendue par la phrase précédente.
- Ce manque de cohérence ne fut pas forcément négatif et la RKO œuvra dans une diversité de genres assez exceptionnelle. Pour ne citer que quelques cas emblématiques, le studio fit :
- • des films noirs, comme La griffe du passé de Jacques Tourneur (Out of the Past, 1947) ;
- • des comédies musicales : producteur de neuf des dix métrages du duo Fred Astaire/Ginger Rogers, la RKO représenta un des trois grands courants de la comédie musicale américaine, au côté des films de Busby Berkeley à la Warner durant les années 30 et des films MGM de la fin des années 30 aux années 50 ;
- • des films fantastiques, de King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack en 1933 aux productions de Val Lewton dans les années 40.
En même temps, sauf utilisation de chats en mousse ou de marionnettes, une reconstitution fidèle aurait été beaucoup trop onéreuse, le chat n’étant pas l’animal le plus docile sur les tournages. Et le chat en mousse/marionnettes, y’en a qui ont essayé…
Cumulé à son manque de moyens, la RKO était un studio de petits films, sans pétrole mais avec beaucoup d’idées. Il osait produire des projets originaux, comme The Locket de John Brahm (1946), film noir complexe composé d’histoires imbriquées les unes dans les autres, sorte de poupées russes sans méchants communistes.
Des grands noms y réalisèrent certaines de leurs meilleures œuvres. M. Brion cita Les amants de la nuit de Nicholas Ray (They Live by Night, 1949), La charge héroïque de John Ford (She Wore a Yellow Ribbon, 1949), Citizen Kane d’Orson Welles (1941), Soupçons (Suspicion, 1941) et Les enchaînés (Notorious, 1946) d’Alfred Hitchcock et L’impossible monsieur bébé de Howard Hawks (Bringing Up Baby, 1938).
En 1946/1947, le studio redevint brièvement rentable, notamment grâce aux films engagés produits par Dore Schary, comme Feux croisés d’Edward Dmytryk (Crossfire, 1947) ou Le garçon aux cheveux verts de Joseph Losey (The Boy with Green Hair, 1948).
La RKO fut rachetée par Howard Hughes en 1948 (cf. notre note précédente). Ce dernier mena le studio à sa perte : division de l’entreprise en deux entités (RKO Pictures Corporation and RKO Theatres Corporation), gestion anarchique (changement de décors, de scénarios ou d’actrices dans des projets presque terminés ou bien avancés), vente des droits de diffusion des films à l’ennemie télévision.
Une étoile qui renaît régulièrement
Une fois cette présentation terminée et le spectateur rassasié d’informations, à défaut de dessert [2], le film de la soirée fut projeté.Synopsis du film par TCM :
Une jeune serveuse qui rêve de devenir une star saisit sa chance lorsqu'elle fait la rencontre d'un producteur alcoolique. Considéré comme l'un des meilleurs films sur les coulisses du Hollywood de l'âge d'or, cette brillante comédie dramatique développe un thème repris quelques années plus tard par le même George Cukor dans "Une étoile est née".Nous n’allons pas écrire une critique détaillée sur What Price Hollywood?. Le travail a déjà été effectué ailleurs par plus spécialiste que nous : http://annhardingstreasures.blogspot.com/2012/02/what-price-hollywood-1932.html.
Nous nuancerons quelque peu le sévère avis d’Ann Harding. Bien que manquant encore de fluidité et de dynamisme dans les transitions entre les scènes et dans certains dialogues, nous avons bien aimé le métrage dans ses aspects comédies. Il n’a certes pas le rythme et l’acidité de films plus tardifs de Cukor, comme Les invités de huit heures (Dinner at Eight, 1933), Holiday (1938), Indiscrétions (The Philadelphia Story, 1940) ou Comment l’esprit vient aux femmes (Born Yesterday, 1950), mais reste agréable, avec certains échanges énergiques. Les personnages sont caricaturaux mais amusants, en particulier le réalisateur alcoolique joué par Lowell Sherman.
Après le film, Patrick Brion reprit quelques minutes la parole, devant une salle bienveillante mais fatiguée par l’heure et la perspective de braver de nouveau le froid.
Comme précisé dans le synopsis TCM, What Price Hollywood? est la première version d’Une étoile est née. Le scénario connut trois remakes officiels : en 1937 par William A. Wellman [3], avec Janet Gaynor et Fredric March ; en 1954 par George Cukor, avec Judy Garland et James Mason ; et en 1976 par Frank Pierson, avec Barbra Streisand et Kris Kristofferson.
Un spectateur signala à un Patrick Brion un peu surpris et dépité le projet de remake prochain du film par Clint Eastwood. Le pauvre M. Brion aurait sans doute été encore plus abasourdi s’il avait eu vent du casting pressenti, avec Beyoncé dans le rôle principal et un gros acteur rentable à ses côtés (peut-être Di Caprio mais il ne semble pas très chaud pour le rôle).
Dans What Price Hollywood?, le style de Cukor se retrouve dans la direction d’acteurs, dans l’humour un peu amer, même si cet élément reste léger, et dans la trame dramatique.
A noter la présence de Constance Bennett, la sœur de Joan, plus habituée à des rôles moins glamour.
Le film date de 1932 et évoque rapidement la censure locale. M. Brion en profita pour rappeler les raisons de l’établissement du code Hays en 1934 : créer un organisme de censure centralisé faisant foi, méthode assez logique pour calmer les lobbies chrétiens, afin d’éviter la multiplication des censures locales, qui descendaient parfois jusqu’au niveau municipal.
Il termina par une petite remarque sur le personnage de la bonne noire, très caricatural mais typique d’une l’époque. Sans justifier aucunement cette vision raciste, il regretta les problèmes de censure actuels aux Etats-Unis, qui empêchent la diffusion des films dans leur intégralité et entrainent des coupes inacceptables dans les métrages. Il cita notamment le cas des Tex Avery, un grand nombre d’entre eux ne pouvant plus être diffusés dans leur version d’origine.
Nous ajouterons à ce propos une petite réflexion. Le personnage affreusement caricatural du black rigolo, encore présent dans des films récents, n’est pas fondamentalement différent du serviteur noir des films des années 30 et 40 : le jeu est plus contemporain et la position moins subalterne mais le personnage reste aussi excessif et grotesque. Il ne semble pourtant choquer personne, si ce n’est les amateurs de bon goût et d’humour subtil. Peut-être sera-t-il censuré dans quelques décennies.
Une soirée très agréable au final : un film sympathique, Patrick Brion en vrai et deux DVD cadeaux. Malgré notre amour de la contradiction, nous ne pouvons guère nous plaindre.
[1] Pour un historique plus complet, le lecteur pourra se reporter aux pages wikipedia en français en français et en anglais (plus complet), et à l’ouvrage de Richard B. Jewell, The RKO Story, London, Octopus books, 1982.
[2] En raison de serveurs peu pressés, nous n’avons pas eu le temps de prendre un dessert avant de venir à la séance. Le lecteur appréciera d’autant plus notre courage, nous rendant au cinéma sans le bénéfice d’une couche de sucre protectrice dans l’estomac.
[3] Proposé d’abord à Cukor, qui déclina.
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