samedi 26 novembre 2022

Carnet de bord 19/11/2022-25/11/2022



Films vus en compagnie
ねことじいちゃん [Neko to jiichan] de Mitsuaki Iwagô (2019, The Island of Cats)
Depuis le décès de son épouse, Daikichi vit seul avec son chat sur une île paisible. Il ne veut pas rejoindre son fils, qui vit à Tokyo avec sa femme et ses enfants. Il préfère rester sur l’île où il a toujours vécu, entouré de ses vieilles connaissances et d’une multitude de chats. L’arrivée d’une femme relativement jeune, venue pour ouvrir un café, va bouleverser les habitudes et mettre un peu de gaieté dans le quotidien de Daikichi et de ses ami·e·s.

Encore un film japonais avec des chats, bien que ce ne soit pas la même ambiance que dans Neko Samurai. The Island of Cats est une petite comédie dramatique où il ne se passe pas grand-chose, sur le quotidien de quelques personnes âgées et de leur chat dans une ambiance paisible. Ça a été tourné à Saku Island, une jolie petite île pas très loin de Nagoya. C’est un peu mou mais on voit beaucoup de chats et de nourriture donc ça remplit son objectif.


เร็วโหด..เหมือนโกรธเธอ [Fast & Feel Love] de Nawapol Thamrongrattanarit (2022)
Aidé de sa petite amie, un homme consacre tout son temps à sa passion : devenir le champion du monde d’empilage de gobelets (le sport stacking, oui ça existe vraiment). Tout son univers tourne autour de ce seul objectif et rien ne doit l’en distraire. Un jour, sa petite amie en a ras-le-bol et le quitte. Comment va-t-il pouvoir devenir champion s’il doit en plus s’occuper de gérer sa vie quotidienne ?

J’ai vu très peu de comédies romantiques thaïlandaises : je me souviens du décevant Citizen Dog (2004), moins barré qu’espéré ; et de Monrak Transistor (2001), présenté sur imdb comme une comédie musicale, en fait une œuvre franchement dramatique sans masse de comédie. Je ne m’attendais donc pas au gros porte-nawak de Fast & Feel Love : une sorte de comédie romantique sur fond de sport ringard, tournée comme un film de super-héros. C’est bourré de références au cinéma hollywoodien, peut-être aussi au cinéma thaï sans que je puisse en être sûr vu ma faible connaissance de ce pays. La musique pompe allègrement celle de The Dark Knight (2008), les acteurs et actrices sont tous très bons et le tout est bien monté. Il n’y a pas de temps mort et c’est très plaisant à regarder. A noter, malgré un héros masculin, les nombreux personnages féminins, variés et beaucoup plus intelligents que le protagoniste principal fondamentalement crétin.


The Computer Wore Tennis Shoes de Robert Butler (1969, L'ordinateur en folie)
Les étudiants d’une université fauchée réussissent à convaincre un industriel local de donner à leur école un ordinateur moderne. Venu remplacer une pièce défectueuse durant un orage, un des étudiants, Dexter, se retrouve avec les capacités intellectuelles d’un superordinateur. Il devient instantanément une star nationale et le directeur de l’université y voit une opportunité pour gagner un quizz interuniversitaire offrant un prix de 100 000 dollars.

On a trop tendance à oublier que Kurt Russell, avant d’être Snake Plissken, a été de nombreuses années un enfant/jeune adulte acteur chez Disney. Il a notamment joué trois fois le rôle de Dexter Riley dans L’ordinateur en folie, Pas vu, pas pris (1972) et L'homme le plus fort du monde (1975). Premier de la trilogie, L’ordinateur en folie est une gentille comédie Disney avec ses méchants très bêtes, ses jeunes propres sur eux et son scénario simpliste. Kurt Russell est assez fadasse et un blondinet que tout le monde a oublié (Frank Webb) a un rôle presque aussi important que lui. Cesar Romero en fait des caisses en vilain, et les personnages les plus amusants sont finalement le directeur de l’université, un des profs de la fac (joué par William Schallert, un second couteau récurrent à cette époque vu dans des dizaines de films et séries) et un autre directeur concurrent. Je verrai peut-être les suites par complétisme mais ça reste assez faible.


Oz the Great and Powerful de Sam Raimi (2013, Le monde fantastique d'Oz)
Oz, un prestidigitateur fauché, accompagne un cirque ambulant. Alors qu’il essaye de fuir un mari cocu, il se réfugie dans une montgolfière, est pris dans un ouragan et atterrit dans le monde merveilleux d’Oz. Une sorcière remarque son arrivée et le prend pour le magicien de la prophétie, qui délivrera le pays d’Oz des méchants qui l’oppressent. Oz y voit une bonne opportunité de gagner de l’argent et décide de jouer le jeu.

Je n’attendais pas grand-chose de Oz the Great and Powerful, je voulais le voir par curiosité car c’est un Sam Raimi. Je me disais qu’il y aurait peut-être quelque chose à sauver. Raté, c’est complètement nul : James Franco joue extrêmement mal, les effets spéciaux numériques piquent les yeux, le scénario est facile et prévisible de bout en bout, l’humour est nase… Sans doute le pire film de Raimi, pourtant réalisé après le fort sympathique Jusqu’en enfer (2009).


Akelarre de Pablo Agüero (2020, Les sorcières d'Akelarre)
Un juge de l’Inquisition parcourt le Pays basque avec une troupe armée à la recherche de sorcières à brûler. Quand on cherche, on trouve : toute jeune fille ayant été surprise à danser ou sortant un peu du lot est accusée de sorcellerie et de sabbat. Ils arrivent un jour dans un petit village de pêcheurs. Les hommes sont en mer, cinq jeunes femmes sont enfermées et accusées. Elles vont essayer de gagner du temps en attendant le retour de leurs pères.

Le cadre est assez original, un joli village basque entre mer et montagne, centre de l'opposition entre la province rurale et l’autorité venue de Madrid. Les actrices sont plutôt bonnes et ce n’est pas trop mal photographié. Le scénario donne néanmoins une impression de déjà-vu. Le juge est terriblement cliché, le méchant inquisiteur pervers au fond de lui, et le film traine en longueur une fois les enjeux posés. Passable sans plus.


Baywatch de Seth Gordon (2017, Baywatch : Alerte à Malibu)
Mitch Buchannon est le Dieu des sauveteurs, c’est le plus fort du monde. De nouvelles recrues arrivent dans son équipe et il faut les former, notamment l’arrogant Matt, double champion olympique de natation. En parallèle, il faut assurer les tâches quotidiennes, sauver des jolies filles d'un bateau en feu et démanteler un trafic de drogue.

Dwayne Johnson est beau, fort et sent bon le sable chaud. Il sauve les gens au ralenti, soulève des frigos pour le fun, mène l’enquête mieux que la police et examine les cadavres comme un vrai médecin légiste. Les surfeurs l’adorent et les fans construisent des statues de sable à son effigie. Jusqu’ici tout va bien, Baywatch est une ode à Dwayne Johnson et c’est pour ça que je suis en train de regarder ce machin. Le problème, c’est qu’il y a d’autres personnages, notamment un nerd un peu enrobé censé être rigolo. Il y a aussi un réalisateur, qui reproduit les canons hollywoodiens sans se poser de question ; un scénariste, persuadé que ses blagues en dessous de la ceinture sont amusantes ; et un « compositeur », qui pense qu’une bonne BO doit assaillir en permanence les oreilles du spectateur et être constituée de titres vaguement à la mode s’enchaînant de façon anarchique. C’est dommage de devoir se taper tellement de bouses pour avoir son quota de Dwayne Johnson.


Films vus seuls
女の中にいる他人 [Onna no naka ni iru tanin] de Mikio Naruse (1966, L'étranger à l'intérieur d'une femme)
Isao est un paisible père de famille, marié avec deux enfants. Il semble particulièrement perturbé par l’assassinat de la femme volage de son meilleur ami, Sugimoto. Ce dernier soupçonne Isao car il l’a rencontré peu après l’heure du meurtre près des lieux du crime. De plus, Isao semble déprimé depuis cet événement et sa femme commence à s’inquiéter.
Le Naruse de la semaine sera mon dernier avant longtemps car j’ai à présent regardé tous ses longs métrages restants (65 films). Il y a encore un court métrage que je n’ai pas vu, très difficile à récupérer. Sur ses cinq derniers films, trois comportent un accident de voiture mortel (ce n’est pas le cas ici, à l’inverse de L’histoire d’une femme chroniqué précédemment). Et les trois derniers tournent autour d’un meurtrier, de l’entourage de sa victime, des remords et du pardon :
L'étranger à l'intérieur d'une femme se focalise sur le meurtrier, dont les remords tardifs et inutiles risquent d’entraîner sa famille dans la tourmente ;
Délit de fuite (1966) est centré sur la mère d’un petit garçon renversé par une voiture, qui cherche à se venger de la responsable ;
Nuages épars (1967) s’intéresse à un chauffard, qui tombe amoureux de la femme de sa victime.
L'étranger à l'intérieur d'une femme et Délit de fuite se répondent directement : le premier porte sur l’assassin, le deuxième sur la mère de l’assassiné. Dans les deux cas, le meurtrier/la meurtrière est accablé·e par les remords et veut se dénoncer mais est empêché·e par son épouse/son époux. Les raisons sont par contre assez différentes : si on comprend la position de la femme d’Isao, qui veut à tout prix protéger ses enfants, le mari dans Délit de fuite souhaite juste préserver la réputation de son entreprise. De plus, si Sugimoto veut passer à autre chose dans L'étranger à l'intérieur d'une femme, la mère ne pardonne rien dans Délit de fuite.
Ces deux films se démarquent dans la carrière de Naruse. Chez lui habituellement, la mort est inéluctable et il n’y a pas d’assassin. Dans L’histoire d’une femme par exemple, on ne sait pas qui est responsable de la mort du mari tué à la guerre ou du fils décédé dans un accident. Dans son dernier film, Nuages épars, il fusionne son univers traditionnel avec ses nouvelles problématiques. Après la disparition de son époux, une veuve doit se battre pour vivre. A cet élément classique chez Naruse est combiné un amour impossible avec l’assassin du mari, dans une ambiance plombée par la culpabilité et les remords. Je me demande vers quoi il serait allé s’il avait vécu plus longtemps (il est mort en 1969 d’un cancer à l’âge de 63 ans).

飄香劍雨 [Piao xiang jian yu] de Chia Li (1977, The Lost Swordship)
La famille de Lu Nan-Jen possède une arme redoutable dont le secret est transmis au fils aîné de génération en génération. L’Evêque, chef d’une bande de pratiquants d’arts martiaux, veut absolument mettre la main sur cette arme et enlève la femme de Lu Nan-Jen. Ce dernier ne cédant pas à la pression, les vilains l’attaquent et il s’échappe de justesse, gravement blessé. Plusieurs années s'écoulent, il décide d’aller chercher l’arme familiale pour se venger.

The Lost Swordship est une autre adaptation d’un roman de Gu Long. Ce n’est pas un film de la Shaw Brothers et c’est clairement plus fauché que The Jade Faced Assassin. J’ai assez rapidement pensé au cinéma d’arts martiaux taïwanais car le grain des images, les couleurs, le montage et la façon de filmer m’évoquait une sorte de King Hu tardif cheap. Ça n’a pas raté, The Lost Swordship est bien taïwanais.
On est très loin du côté joyeusement alambiqué des films de la Shaw ou de l’art de l’ellipse de King Hu. Le rythme est parfois un peu lent, les combats sont assez ternes et le montage haché m’a donné l’impression que j’étais en train de regarder une version coupée. Si ce n’est pas impossible, je ne crois pas que c’était le cas ici, c’était seulement particulièrement mal monté. Les acteurs et actrices sont correct·e·s et c’est regardable mais on est un cran en dessous de ce qui se faisait à Hong Kong à la même époque. A noter que j’ai vu le métrage dans une copie affreuse, les films taïwanais de cette époque n’ayant généralement pas bénéficiés de restaurations.


刺青 [Irezumi] de Yasuzô Masumura (1966, Tatouage)
Otsuya, la fille d’un riche marchand, s’enfuit avec un commis dont elle est amoureuse. Ses parents refusent sa liaison avec un homme d’aussi basse condition et ils trouvent refuge chez un ami. Ce dernier s’avère être un scélérat, qui vend Otsuya comme prostituée et essaye de tuer le commis. Otsuya, tatouée d’une araignée dans le dos, devient une prostituée influente et va se venger de tous ceux qui lui ont fait du mal.

Tatouage est mentionné dans les Cahiers du cinéma de novembre et j’ai eu envie de le voir, bien que je ne sois pas fan de Masumura. J’avais lu il y a plusieurs années la nouvelle de Jun'ichirô Tanizaki, Le tatouage (écrite en 1910) dont le film est tiré. La nouvelle est très courte et s’intéresse principalement au tatoueur. La vie de la femme tatouée est peu développée, on sait juste qu’elle devient cruelle et consciente du pouvoir de sa beauté une fois tatouée. Le scénario de Kaneto Shindô change la perspective, centre le récit sur un couple exploité et donne à la femme tatouée le rôle principal. Elle manipule les hommes, attire la mort et finit bien punie. Bien que l’exploitation de la femme soit mise en avant, sa cruauté outrancière et la fin du métrage font retomber le tout dans le schéma classique conservateur de la femme trop émancipée et vile qui finit mal. Ce n’est pas encore ce film qui me réconciliera avec Masumura.


ヤマトタケル [Yamato Takeru] de Takao Okawara (1994, Orochi the Eight-Headed Dragon)
Deux jumeaux viennent de naître. Le conseiller de leur père, l’empereur du Yamato, prédit que le plus jeune apportera le malheur et doit être tué. L’enfant est sauvé in extremis par un oiseau géant et se retrouve chez sa tante, qui l’élève comme un fils. Devenu adulte, son père le rappelle auprès de lui mais il tue accidentellement son frère. En punition, il est envoyé en mission suicide, ne pouvant revenir qu’après avoir éliminé un puissant ennemi de l’Empire. Il rencontrera son destin sur le chemin et sera amené à combattre Tsukuyomi, le dieu dragon à huit têtes.

Le Japon n’a pas connu l’équivalent de la mode du péplum et son antiquité a peu été explorée au cinéma. Yamato Takeru s’inspire de récits présents dans le Kojiki, recueil des mythes fondateurs du Japon. Petit problème, les producteurs ont confié ça à une équipe spécialisée dans les Godzilla et ça se sent, surtout dans le dernier tiers. Le dieu dragon à huit têtes évoque d’ailleurs fortement King Ghidorah, un ennemi récurrent de Godzilla.
Les effets spéciaux sont kitsch, ce qui ne m’a pas particulièrement dérangé, je préfère ça à des mauvaises images de synthèse (désolé Sam). Le scénario est assez basique, on est dans une histoire mythique traditionnelle avec le héros surmontant des épreuves pour murir et gagner en pouvoir. La première moitié du film pose ses personnages et ses enjeux. Toutefois, toute l’équipe a clairement envie d’utiliser les gros monstres qui attendent dans les cartons. La deuxième partie fait mumuse avec les effets spéciaux et expédie un peu tout le reste. Yamato Takeru reste plutôt original malgré tout, c’est une curiosité dans le paysage cinématographique japonais.
A noter la présence de Hiroshi Abe en début de carrière, qui apparaît quelques minutes dans le rôle du Dieu Tsukuyomi.


[Kome] de Tadashi Imai (1957, Gens de rizière)
Tsuguo vient d’une famille de paysans pauvres, dont les terres sont gérées par le frère aîné. Il ne s’entend pas avec ce dernier et n’aime pas le travail agricole, qui leur permet à peine de survivre malgré leurs efforts. La pêche l’attire plus, d’autant qu’il a des vues sur une jeune pêcheuse des environs. La vie de pêcheur est toutefois tout aussi compliquée que celle d’agriculteur, entre les dangers de la profession, les tensions entre les différents types de pêcheurs et les dettes à payer.

Tadashi Imai était un réalisateur peu connu en Occident mais respecté par les critiques japonais. Membre du parti communiste, il se focalise sur les problèmes sociaux, sur la vie dans les familles pauvres et sur les conditions de travail. Il a également fait plusieurs films de samouraïs, critiquant le système de classes et la rigidité des codes, comme Contes Cruels du Bushido (1963), son unique titre sorti en DVD en France. Malgré une volonté de réalisme social, certaines de ses œuvres tirent un peu trop sur le mélo, et il se disait lui-même proche d’un Kinoshita (voir son interview dans le livre de Joan Mellen).
Gens de rizière est représentatif de son travail. Il s’attarde sur le quotidien des paysans et des pêcheurs, sur leurs difficultés et sur leurs moments de détente. Il montre comment leur labeur leur permet à peine de survivre, exploités par des petits capitalistes qui ne roulent pas non plus sur l’or. Certains jeunes s’enrôlent dans l’armée, d’autres partent ou changent de métier, ils se retrouvent tous au final avec les mêmes difficultés. Le scénario, sans être larmoyant, a des côtés mélos. Correct dans l’ensemble, Gens de rizière manque de la rage des meilleurs films plus virulents d'Imai.


Séries
SMガールズ セイバーマリオネットR [SM gâruzu seibâ marionetto R] de Koji Masunari (1995, SM Girls Saber Marionette R), 3 OAV
Dans un monde médiévalisant futuriste, les hommes sont assistés de femmes robot. Les plus évoluées d’entre elles ont un cœur et possèdent des sentiments. Un jour, un des fils du roi renverse son père et instaure un règne de terreur. Seul l’autre prince héritier, jeune garçon peu sûr de lui aidé par deux jeunes femmes robot, va pouvoir arrêter le tyran.

J’avais entendu parler de Saber Marionette J quand j’étais jeune. Internet n’existait pas à l’époque et je n’avais pas pu voir cette série. Il est évoqué dans Anime From Akira To Howl's Moving Castle et ça m’a rappelé son existence. J’ai voulu commencer par les 3 OAV qui précèdent, Saber Marionette R.
Oh là là que c’est daté. On est dans un animé de genre Harem, avec un héros garçon autour duquel gravite plusieurs filles. Le méchant est défendu par des robots peu habillées littéralement appelées sexadolls ; le personnage principal est un jeune prince craintif et fade adorée on ne sait pas pourquoi par les deux robots filles qui l’assistent ; le scénario tient sur deux lignes et l’animation est assez limitée. Aucun intérêt, et j’hésite du coup à me lancer dans la série Saber Marionette J, qui elle fait 25 épisodes.


Livres
Fantômes et farfafouilles de Fredric Brown (Denoël, collection « Présence du futur », 1993), 226 p.
Fantômes et farfafouilles est un recueil de nouvelles courtes de 1 à 20 pages, horrifiques et/ou humoristiques et se déroulant quasi exclusivement dans les Etats-Unis des années 50/60. La plupart des textes reposent sur une chute, que ce soit une révélation ou un jeu de mots.

J’avais déjà lu du Fredric Brown lorsque j’étais ado et je n’avais pas aimé. Décidé à lui laisser une deuxième chance, j’ai pris au hasard Fantômes et farfafouilles. J’ai mis du temps à me rendre compte que je l'avais déjà lu. Il a fallu que j’arrive aux nouvelles plus longues, d’une dizaine de pages, situées dans la deuxième moitié du livre. C’est dommage, si j’avais su je n’aurais pas perdu mon temps. Les nouvelles courtes reposent beaucoup sur les jeux de mots : soit ils passent mal à la traduction ; soit ils sont bien traduits mais ne sont pas drôles. Plusieurs nouvelles sont un peu graveleuses et/ou misogynes. Bien que les plus longues, vers la fin, soient un peu plus intéressantes, ça reste à des kilomètres d’un Matheson ou d’un Bradbury, pour citer d’autres auteurs que j’aime bien et qui œuvraient dans le même genre à la même époque.


Saisi par la nuit (Œuvres 1975-1981) de Yoshiharu Tsuge (Cornélius, 2021), 272 p.
C’est le dernier volume des nouvelles de Yoshiharu Tsuge paru chez Cornélius. Il regroupe des œuvres publiées entre 1975 et 1981. Tsuge a à présent un fils et voudrait quitter le milieu du manga. Il entre en dépression, état renforcé par la découverte d’un cancer chez sa femme. Ce dernier livre résume les précédents, alternant récits de voyage, récits autobiographiques et récits de rêves.

On retrouve ici les problèmes évoqués précédemment chez Tsuge. L’étrangeté fait son retour et les descriptions de rêves fonctionnent parfois assez bien. Rien d’exceptionnel dans l’ensemble toutefois. Il y a toujours beaucoup de misogynie et des scènes de sexe gratuites, Tsuge les intégrant apparemment juste pour répondre aux attentes de ses lecteurs.
D’un point de vue histoire du manga, l’œuvre de Tsuge est notable : c’est un des inventeurs du récit autobiographique dans le manga et il a introduit une dimension fantastique adulte dans ce support. Mais il a été largement surpassé par la suite et, dans un style autobiographique traitant de la même époque, la Vie de Mizuki de Shigeru Mizuki et Une vie dans les marges de Yoshihiro Tatsumi sont largement plus intéressants. La misogynie de Tsuge est par ailleurs très pénible et je ne conseillerais guère sa lecture. Je souligne pour finir le travail remarquable de l’éditeur Cornélius, dont les explications enrichissent notablement le contenu. Sans cet apport et compte tenu de ma déception globale, je ne me serais pas rendu compte de l’importance de Tsuge dans l’histoire du manga.


Urban Aviary – A Modern Guide to City Birds de Stephan Moss & Marc Martin (White Lion Publishing, 2019), 160 p.
Urban Aviary décrit 75 espèces d’oiseaux présents dans 75 villes différentes de par le monde, sur tous les continents sauf l’Antarctique (puisqu’il n’y a pas de ville en Antarctique). Chaque description en une page est accompagnée sur la page d’en face d’une peinture colorée plus ou moins ressemblante de l’oiseau.

J’ai acheté ce livre car j’avais beaucoup aimé du même auteur Mrs Moreau's Warbler - How Birds Got Their Names, qui expliquait les noms anglais de nombreuses espèces d’oiseaux. Urban Aviary n’est pas dans la même catégorie, il se lit très vite et cherche à distraire. Les espèces choisies sont plus ou moins exotiques, certaines servant surtout de prétexte pour présenter les oiseaux courants de la région traitée. Stephan Moss choisit ainsi le moineau domestique pour Londres, le cygne tuberculé pour Copenhague, l’Etourneau Sansonnet pour Rome ou la Corneille noire pour Tokyo. Deux espèces et villes sont citées pour la France : le Grimpereau des jardins à Paris et le Flamant rose à Montpellier. J’ai la chance d’avoir vu plus des deux tiers des espèces citées et le livre ne contenait pas beaucoup d’informations nouvelles pour moi. J’ai cependant pris plaisir à le lire et les illustrations sont belles, bien que parfois un peu éloignées du modèle d’origine.


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