Films vus en compagnie
Udon de Katsuyuki Motohiro (2006)

J’avais lu récemment une critique qui mettait sur le même plan trois réalisations de Katsuyuki Motohiro : Summer Time Machine Blues (2005), Go Find a Psychic! (2009) et Udon (2006). Etant fan des deux premières, j’ai immédiatement noté la troisième. Malheureusement, elle n’est pas scénarisée par Makoto Ueda et ça se sent. Elle n’a pas la gentillesse bête et le rythme des deux autres, s’enlisant dans son concept. Udon dure 2h15, il aurait clairement gagné à faire 30 à 45 minutes de moins. Toute la partie sur le pèlerinage du udon est beaucoup trop longue, et la dernière demi-heure enchaîne les clichés sur le père sévère qui avait raison et sur l’importance des traditions et de la communauté. Ça se termine sur un happy end forcé et artificiel. Dommage, y’avait du potentiel. A noter la présence de trois acteurs de Summer Time Machine Blues, toujours aussi neuneus.
Mary Poppins Returns de Rob Marshall (2018, Le retour de Mary Poppins)

Le retour de Mary Poppins est la suite directe du Mary Poppins de 1964. Emily Blunt remplace de façon convaincante Julie Andrews et Lin-Manuel Miranda campe un rôle assez similaire à celui de Dick Van Dyke (qui apparaît en guest-star à plus de 91 ans). C’est mis en scène par Rob Marshall, qui n’a rien fait de notable après son remarqué Chicago (2002). L’histoire est bizarrement conçue, Mary Poppins n’ayant que peu d’incidence sur l’intrigue tournant autour de la saisie de la maison. Elle se conclut par un deus ex machina qui serait survenu quelles que soit les actions menées par les personnages principaux. Les acteur·ice·s qui jouent les enfants sont mauvais, les chansons sont quelconques et les effets spéciaux d’une qualité variable. Ce n’est pas désagréable, c’est très loin cependant de la magie de l’original.
Ready or Not de Matt Bettinelli-Olpin & Tyler Gillett (2019, Wedding Nightmare)

J’avais dû entendre parler de cette comédie horrifique dans un Mad Movies au moment de sa sortie. Après un démarrage un peu mou, le rythme s'accélère jusqu’à un final grand-guignolesque assez réjouissant. C’est un bon divertissement, créé par un duo dont c’est le deuxième long métrage. Le premier, Devil’s Due (2014), était apparemment raté. Ready or Not repose beaucoup sur les épaules de Samara Weaving, la nièce d’Hugo Weaving, suffisamment investie pour être crédible de bout en bout. Le scénario est simple et prévisible, la morale est facile, ça fonctionne pourtant, le spectateur n’étant pas venu là pour réfléchir. A noter la présence d’Andie MacDowell dans le rôle de la mère, que je n’avais pas dû voir depuis son apparition dans Les Muppets dans l'espace (1999).
Roald Dahl's Matilda the Musical de Matthew Warchus (2022, Matilda, la comédie musicale)

Je ne connaissais pas Roald Dahl quand j’étais jeune et je n’ai jamais lu Matilda. Mon seul point de comparaison est la sympathique version de Danny DeVito de 1996. Si le scénario est globalement similaire entre les deux, l’esprit diffère. A l’image du DeVito, Matilda the Musical commence dans une atmosphère farcesque. Il ne continue néanmoins pas dans cette perspective et devient rapidement sombre. Matilda est sérieuse, dure, on est plus dans une ambiance de conte cruel et merveilleux que de grosse comédie, plus proche je pense de l’optique de Roald Dahl. Les numéros musicaux sont plutôt réussis, de même que quelques chansons. Si certains enfants ne jouent pas bien, ça reste globalement acceptable. J’ai particulièrement apprécié le feuilleton de la femme enflammée se balançant dans les airs avec de la dynamite dans les cheveux au-dessus de requins et d’objets pointus attrapée par l’homme enfermé dans une cage. C’est réalisé par Matthew Warchus, dont le long métrage précédent, Pride (2014), m'avait également plu.
漁港の肉子ちゃん [Gyokô no Nikuko-chan] d’Ayumu Watanabe (2021, La chance sourit à Madame Nikuko)

Gyokô no Nikuko-chan est tiré du roman éponyme de l’écrivaine Kanako Nishi, également adapté en manga. Elle a imaginé le récit lors d’un voyage dans le Sendai avant le tsunami de 2011, dans un restaurant de viande grillée d’un petit village côtier. Comme d’habitude avec le studio 4°C qui produit, c’est techniquement impeccable. C’était déjà le cas de l’œuvre précédente d’Ayumu Watanabe, Les enfants de la mer (2019), qui ne m’avait pas convaincu à l’époque malgré sa parfaite direction artistique. Si le thème du passage de l’enfance à l’âge adulte est classique, Gyokô no Nikuko-chan fait preuve d’une certaine originalité dans le traitement, que ce soit la mère, bonne vivante et encombrante, le garçon grimaçant ou les animaux qui parlent. Cela donne un joli petit film ancré dans le quotidien, sur l’acceptation de soi et de l’autre.
Films vus seuls
愛の讃歌 [Ai no Sanka] de Yôji Yamada (1967, Song of Love)

Ai no Sanka est une transposition de Fanny de Marcel Pagnol dans le Japon des années 60. Ça ne saute pas aux yeux si on ne le sait pas, Yôji Yamada ayant parfaitement réussi la naturalisation du texte et son intégration dans son univers habituel fait d’humanisme et d’entraide dans le petit peuple. Par rapport au Pagnol, Ryûta/Marius passe un peu au second plan. Ce n’est pas plus mal car son interprétation par Jin Nakayama, qui n’a pas eu une carrière extraordinaire, ne m’a guère enchanté. Le docteur/Panisse a une fonction de protecteur bienveillant plutôt que de mari. Même si la fin est un peu abrupte et qu'il ne fait pas partie des meilleurs Yôji Yamada, Ai no Sanka est malgré tout une comédie dramatique tout à fait correcte et Chieko Baisho est, comme d’habitude, très juste dans le rôle d'Haruko.
大怪獣のあとしまつ [Daikaijû no Atoshimatsu] de Satoshi Miki (2022, What to Do with the Dead Kaiju?)

Comme expliqué précédemment, les films de Satoshi Miki sont habituellement des petits budgets au scénario loufoque, peuplés de loosers excentriques à qui il arrive des aventures stupides présentées comme extraordinaires. Les scènes amusantes ou bizarres s’enchaînent, sans lien fort entre elles, créant un univers propre à Satoshi Miki. Ce schéma, qui correspondait à tous ses longs métrages jusqu’à présent, est complètement abandonné dans What to Do with the Dead Kaiju?, sorte de parodie de Shin Godzilla (2016).
On y retrouve les discussions et manigances entre les différentes administrations du gouvernement, chacune essayant de tirer son épingle du jeu. C’est filmé de façon trop traditionnelle, avec ralenti pour faire classe, musique pompeuse et effets spéciaux numériques à gogo. Le kaiju étant mort, Satoshi Miki ne réussit pas à instaurer la tension qui habitait Shin Godzilla et il se prend trop au sérieux, tombant dans les travers du blockbuster d’action japonais avec ses héros au sourire éclatant et ses héroïnes stoïques au tailleur impeccable. Le couple principal est particulièrement insipide, la romance est digne d’un mauvais soap et l’humour tombe à plat. Malgré un pitch amusant, What to Do with the Dead Kaiju? n’est donc guère original. En parodie de tokusatsu (genre large englobant tout ce qui repose sur les effets spéciaux, soit les kaijus, les super-héros, les méchas…), mieux vaut revoir Big Man Japan (2007), pastiche respectueux et distrayant tourné comme un faux documentaire.
楚留香與胡鐵花 [Chu Liuxiang yu Hu Tieh-Hua] de Lin Ying (1980, Chu Liuxiang and Hu Tieh-Hua)

Je continue avec les adaptations de Gu Long. Chu Liuxiang and Hu Tieh-Hua est tiré d’un des rares romans de l’auteur traduits en français, Les aventures de Chu Liuxiang Tome 2 - Aventures dans le désert de Gobi. Je l’ai lu il y a plusieurs années et j’avoue ne pas m’en souvenir suffisamment pour juger de la fidélité du scénario à sa source.
On est encore une fois dans du cinéma taïwanais fauché. La version que j’ai récupérée était d’une qualité catastrophique, avec des sous-titres à la limite du compréhensible et un montage erratique que je soupçonne d’être d’origine vu ce qui se faisait à l’époque. L’histoire est hachée, ils ont pris des morceaux du livre, très riche en personnages et en péripéties comme d’habitude avec Gu Long, et les ont collés comme ils pouvaient dans un long métrage de moins de 1h30. C’est par contre bien interprété, les acteur·ice·s sont choisi·e·s judicieusement et charismatiques. Les scènes d’action, sans être impressionnantes, sont honnêtes et lisibles. Cela donne une petite série B d’action/aventure distrayante, dès lors qu’on accepte de survoler le récit.
バブル [Baburu] de Tetsurô Araki (2022, Bubble)

C’est suffisamment rare pour le souligner, Baburu est un scénario original qui ne provient ni d’un roman, ni d’un manga (bien qu’un manga inspiré du film soit sorti depuis). Il est réalisé par Tetsurô Araki, spécialisé jusqu’à présent dans les séries animé. Produit par Wit Studio, dont je n’avais jamais entendu parler, il a bénéficié d’un beau budget et les scènes d’action sont visuellement impressionnantes. Narrativement par contre, c’est mince, les personnages correspondent à des stéréotypes classiques et l’héroïne est complètement transparente, un faire-valoir sans épaisseur. Il n’y a guère d’enjeu, le spectateur ne se sent pas impliqué et l’univers créé est à peine effleuré. La source de Baburu est apparemment un concept art sur une petite sirène mécanique dans un Tokyo dystopique. On a un peu l’impression qu’ils sont partis dans une autre direction en se raccrochant comme ils pouvaient à leur idée d’origine. Le résultat est bancal et Baburu est dispensable.
ならず者 [Narazumono] de Teruo Ishii (1964, An Outlaw)

Teruo Ishii est célèbre en Occident pour ses œuvres érotico-horrifiques dans l’esprit ero guro nansensu, comme Horrors of Malformed Men (1969) tiré du court roman L'île panorama d’Edogawa Ranpo. Il a débuté sa carrière avec la série des Super Giant, super-héros de SF pour enfants de la Shintoho, avant de s’orienter vers des films de gangsters/yakuzas pour la Toei. Il tourne dans ce cadre Abashiri bangaichi (1965), qui propulse l’acteur Ken Takakura au rang de superstar. Sorti un an plus tôt, Narazumono comporte déjà Ken Takakura dans le rôle principal et Tetsurô Tanba en antagoniste/allié secondaire, dans une ambiance noir-isante, voix off et femme fatale comprises.
Filmé en partie à Hong-Kong et Macao, Narazumono utilise intelligemment les décors, alternant taudis, marchés et rues désertes. La musique imprégnée de jazz mélancolique renforce la noirceur. C’est ultra-prévisible de bout en bout et Ken Takakura interprète son habituel bandit tragique, droit dans un univers corrompu, ultime bastion d’un certain code de l’honneur perdu. Narazumono est tout de même réussi dans son genre grâce à l’originalité du cadre géographique et la qualité de la réalisation.
海賊八幡船 [Kaizoku bahansen] de Tadashi Sawashima (1960, The Pirates)

Kaizoku bahansen se déroule en 1561, durant la fin de l’âge d'or des wakô, les pirates japonais qui pillaient les côtes chinoises et coréennes au XVIe siècle. Il oppose des gentils pirates, dont l’occupation principale est de faire la fête, à un méchant renégat sanguinaire et esclavagiste. Plus que les évènements historiques, l’inspiration de Kaizoku bahansen est le modèle hollywoodien, les pirates étant à la mode aux Etats-Unis depuis les années 40. Le scénario est stéréotypé, prétexte à des rivalités viriles, à une romance avec la femme pirate qui au début déteste le héros et finit par l’aimer, à des scènes d’abordage et à une attaque de sauvages franchement gênante (avec des Japonais blackfaces en pagne et lance, sur une île située entre Okinawa et Taïwan).
Kaizoku bahansen est réalisé par Tadashi Sawashima, dont j’ai vu deux autres titres et qui était spécialisé dans les films de sabre et de yakuzas. Il a également fait plusieurs comédies musicales avec la star Hibari Misora. Produit par la Toei, on y reconnait pas mal de vétérans du studio en seconds couteaux, l’acteur de kabuki Hashizô Ôkawa tenant le rôle principal. Le budget est conséquent, il y a de jolies maquettes, de vrais navires dans un bassin de studio et les abordages sont assez dynamiques, bien que brouillons. La mise en scène n’est pas au top, elle manque de souffle et d’ampleur et s’enlise parfois, comme dans les longues séquences de joies inutiles lors de l’arrivée et du départ des pirates de leur île. Kaizoku bahansen est une curiosité, pas plus ni moins intéressant qu’un équivalent américain quelconque, racisme compris, loin par contre des réussites du genre. Je n’ai pu le récupérer que dans une mauvaise copie délavée sans doute recadrée, je ne sais pas s’il existe dans une meilleure qualité.
雨を告げる漂流団地 [Ame o tsugeru hyôryû danchi] de Hiroyasu Ishida (2022, Les murs vagabonds)

Comme Le Mystère des pingouins que j’avais apprécié, Les murs vagabonds est produit par le studio Colorido et mis en scène par Hiroyasu Ishida. Il n’y a malheureusement pas cette fois l’excellent Makoto Ueda au scénario, l’auteur de Summer Time Machine Blues (2005) ou Beyond the Infinite Two Minutes, et Les murs vagabonds n’a pas la folie joyeuse qui imprégnait Le Mystère des pingouins. Ses deux héros pré-adolescents ne sont pas crédibles, ils agissent et raisonnent comme des adultes nostalgiques d’un lointain passé. Les autres jeunes sont présentés brièvement et laissés à eux-mêmes par la suite. Le spectateur comprend rapidement que tout ce monde irréel vise à l’acceptation du deuil, les protagonistes mettent deux heures pour en arriver à la même conclusion. C’est esthétiquement fort joli mais il n’y avait guère matière à en faire un long métrage.
佐々木小次郎 [Sasaki Kojirô] de Hiroshi Inagaki (1950-1951)

Sasaki Kojirô est un personnage historique, surtout célèbre pour avoir été le meilleur opposant de Miyamoto Musashi. Il apparaît dans toutes les œuvres portant sur ce dernier, et a eu lui-même droit à plusieurs longs métrages centrés sur sa vie. En 1950, après cinq années d’occupation américaine, les films de samouraïs recommencent doucement à revenir sur les écrans. La Toho décide de financer une grande trilogie consacrée à Sasaki Kojirô, qu’elle confie à Hiroshi Inagaki, un des maîtres du genre avant et pendant la guerre. De façon un peu curieuse, ils mettent en tête d’affiche Nakamura Jakuemon IV, un immense acteur de kabuki spécialisé dans les rôles d’onnagata et ayant peu d’expérience au cinéma.
La seule version de cette trilogie disponible en DVD au Japon est une compilation de 2h20 montée par la Toho (les affiches que j'ai mises sont celles du deuxième et du troisième épisodes). Il manque plus de la moitié de l’histoire et ça se sent, surtout dans la première partie où les évènements s’enchaînent sans répit, dans un montage extrêmement haché. C’est dommage car c’est un spectacle divertissant, bien filmé avec des acteur·ice·s concaincant·e·s et de nombreuses péripéties. Les tergiversations du héros gonflent un peu (sans doute moins dans la version intégrale où elles doivent être plus espacées dans le temps) et Nakamura Jakuemon IV n’est pas vraiment à l’aise dans les combats. Ce n’est néanmoins pas grave et je serais curieux de savoir dans quelle mesure cette trilogie, gros succès à l’époque, a influencé les adaptations de la vie de Miyamoto Musashi qui ont suivies. A noter la présence de Toshirô Mifune en Miyamoto Musashi, qui apparaît dans deux scènes où il crève l’écran, éclipsant tout le reste du casting.
Livres
Algues vertes, l'histoire interdite d’Inès Léraud et Pierre Van Hove (Delcourt, 2019), 160 p.

J’avais déjà vu passer des articles sur les algues vertes en Bretagne sans m’être jamais penché sur le sujet. Algues vertes, l'histoire interdite se lit comme un bon roman et est assez déprimant : encore une fois, les intérêts financiers prennent le pas sur les questions de santé publique, il ne faut rien dire afin de ne pas froisser le lobby agro-industriel et ne pas effrayer les touristes. Loin de l’opposition méchants agriculteurs contre gentils écologistes, Inès Léraud montre bien comment quelques grands groupes imposent leurs vues à des agriculteurs locaux dépendants, en collaboration avec des élus amis intégrés aux mêmes réseaux. Voulant maintenir leur modèle intensif, ils font tout pour nier le lien entre algues vertes et agriculture ou le fait que les algues peuvent tuer. Le dessin de Pierre Van Hove colle parfaitement au récit, épuré tout en mettant en avant les détails importants, avec une palette chromatique tirant fortement vers le vert en rapport avec le thème central. Algues vertes, l'histoire interdite mérite sa bonne réputation, c’est une enquête passionnante qui lève le voile sur une dérive toujours en cours et niée en partie par les autorités locales. Le débat n’est d’ailleurs pas près de retomber, une adaptation cinématographique devant sortir en 2023.
Le pèlerinage enchanté de Clifford D. Simak (Denoël, collection « Présence du futur », 1987), 262 p.

Après l’agréable A chacun ses dieux, j’ai repris un bouquin de Simak dans ma bibliothèque. Il me semblait l’avoir déjà lu ado, je n’en avais toutefois pas le moindre souvenir. J’ai retrouvé l’écriture paisible que j’avais apprécié dans A chacun ses dieux, le mélange harmonieux des cultures teinté d’humanisme bienveillant. C’est une fantasy sans gloire, sortant des chemins balisés et où les méchants ne sont pas caricaturaux. Le couple principal est malheureusement plutôt raté, leur relation paraît artificielle et la jeune femme est moins bien caractérisée que les autres membres de la troupe. La conclusion est un peu décevante, elle ouvre des réflexions et perspectives qui se démarquent du reste, dans un esprit différent qui fait un peu tache. C’est au final un livre imparfait, seulement à moitié réussi.
Shiro Kido: Cinema Shogun de Mark Schilling (ebook, 2012), 55 p.

Ce petit livre comble un trou dans la recherche en langue occidentale. Il n’y a en effet, à ma connaissance, aucun ouvrage qui se focalise sur un producteur japonais. Dans ce pays, le réalisateur est habituellement considéré comme le maître de son œuvre, il a généralement un contrôle quasi-total et un droit de regard sur tous les aspects. L’atmosphère est totalement différente de celle de l’âge d’or des studios hollywoodiens, où les producteurs mettaient leur nez partout, choisissant le casting, congédiant les metteurs en scène qui les contrariaient, changeant le scénario en cours de route ou imposant une nouvelle fin. Rien de tel a priori au Japon. Néanmoins, malgré la puissance théorique des réalisateurs japonais, on retrouve au sein d’un même studio des caractéristiques communes. Outre le style Kamata de la Shôchiku, les tokusatsu de la Toho, les films noirs de la Nikkatsu ou les séries de yakuzas chevaleresques de la Toei pour citer quelques exemples sont aisément rattachables à leur lieu de production. Il est donc intéressant de se pencher sur ce monde des studios, et notamment sur la figure du producteur.
Shirô Kido semble assez unique dans la façon dont il a influencé ouvertement et sur la durée la ligne éditoriale d’un studio majeur. Mark Schilling en dresse un portrait particulièrement bienveillant, s’attardant peu sur les nombreuses tensions qui ont émaillé sa carrière. J’aurais par exemple aimé en savoir plus sur son éventuelle implication dans l’attaque de yakuzas contre la star Chôjirô Hayashi, mesure de rétorsion à la suite du départ de ce dernier de la Shôchiku. Le rôle de Shirô Kido durant la guerre est également évoqué trop brièvement, son importance étant fortement minimisé. Mitsuyo Wada-Marciano a pourtant montré dans Nippon Modern – Japanese cinema of the 1920s and 1930s (excellent bouquin, faudrait que je le relise à l’occasion) comment la Shôchiku a participé à l’effort de guerre et à l’idéologie nationaliste durant cette période. A la décharge de Mark Schilling, dans un format aussi court, il ne peut que survoler les évènements. Shiro Kido: Cinema Shogun reste un effort appréciable pour documenter un pan méconnu du cinéma japonais.
Revues
Mad Movies n°368 – Février 2023

« J’ai particulièrement apprécié le feuilleton de la femme enflammée se balançant dans les airs avec de la dynamite dans les cheveux au-dessus de requins et d’objets pointus attrapée par l’homme enfermé dans une cage » : le genre de phrases que je ne pensais pas lire un jour…
RépondreSupprimerJe suis déçu que tu aies été déçu par "What to do with the Dead Kaiju", on verra si j'en suis déçu aussi !
Je verrai dans la compote ton avis une fois que tu l'auras vu.
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