samedi 24 juin 2023

Carnet de bord 10/06/2023-23/06/2023



De nouveaux congés engendrent une surreprésentation des livres ces deux dernières semaines.

Films vus en compagnie
ラヂオの時間 [Rajio no jikan] de Kôki Mitani (1997, Welcome Back, Mr. McDonald)
Une femme au foyer a gagné le concours de scénario organisé par une radio pour son prochain drama. La pièce va être jouée en direct durant la nuit, les répétitions viennent de se terminer sans encombre et la confiance est de mise. Le rôle principal a été confié à une vedette en déclin, qui demande soudain à moins d’une heure du démarrage de changer le nom et la profession de son personnage, souhaitant davantage de glamour. Cette légère modification va engendrer des mécontentements et, par effet boule de neige, mettre en péril la stabilité de l’entreprise.

Après Juninin no yasashii nihonjin, nous avons eu envie de revoir Rajio no jikan, autre pièce de Kôki Mitani écrite pour sa troupe des Tokyo Sunshine Boys en 1993 et adaptée à l’écran en 1997. Kôki Mitani s’est inspiré de son expérience sur le TV drama Furikaereba Yatsu ga Iru (1993), où son script fut constamment modifié par la production, parfois à l'improviste au cours du tournage. C’est sa première réalisation et le résultat est impressionnant. Le rythme soutenu rappelle le meilleur de la comédie hollywoodienne des années 30/40 et Rajio no jikan s'ouvre sur un beau plan-séquence. D'après Mitani, sa méconnaissance du montage l'a incité à laisser la caméra allumée le plus longtemps possible et à éviter les coupes au maximum.
Rajio no jikan est mon Kôki Mitani préféré, et il y a pourtant de la concurrence. A partir d’un changement anodin, l’histoire dérive progressivement vers l’absurde. Kôki Mitani rend hommage aux créateurs et aux techniciens de la radio, aux petites mains nécessaires à la réussite d’une œuvre. Il fera de même avec les artisans du cinéma en 2008 dans l’excellent Za majikku awâ. A noter la présence de Ken Watanabe en chauffeur de camion, référence à Tampopo (1985) où il incarnait le sidekick d’un vieux routier.


Trouble in Mind d’Alan Rudolph (1985, Wanda's Café)
Hawk sort de prison pour un meurtre commis huit ans auparavant. Il va immédiatement chez son ancienne maîtresse, Wanda, qui tient un café à Rain City. Survient également un couple de paumés, Coop et Georgia, qui débarquent de la campagne, vivent dans leur caravane et cherchent du travail en ville. Georgia est engagée en tant que serveuse par Wanda, pendant que Coop tombe dans la délinquance. Hawk a des vues sur Georgia, aidée par Wanda qui se sent redevable envers lui tout en refusant d’en faire son amant.

Alan Rudolph a débuté comme protégé de Robert Altman et, quoi qu’en pense François Guérif dans les bonus du DVD Wild Side, ça se sent, je me disais que ça avait un parfum d’Altman avant de savoir qu’Alan Rudolph avait été son assistant. On y retrouve une narration éclatée, avec des récits parallèles accompagnant divers protagonistes, et l’emploi du genre, ici le film noir des années 40 perverti par le look des années 80, saxophone et néons inclus. A la manière de son mentor, Alan Rudolph y ajoute une critique de l’Amérique à travers la quête effrénée de richesse propre à l’ère Reagan et la corruption générée par le milieu urbain. Mais là où Altman manipule le genre pour le dérégler et brosser un portrait au vitriol de ses contemporains, Alan Rudolph pastiche complaisamment les classiques et autorise la rédemption des âmes perdues.
Le scénario est banal, les personnages masculins clichés (à l’inverse des féminins) et Trouble in Mind vaut surtout pour son atmosphère néo-noir et sa photographie à la Blade Runner (1982). Au dur-à-cuire issu d’un roman de Dashiell Hammett errant dans un café hors du temps s’oppose des truands clinquants et très queer menés par Divine dans une de ses uniques apparitions non travesties. J’ai eu du mal à m’intéresser à Hawk, l’ancien flic qui broie du noir, et à Coop, l’opportuniste qui adopte graduellement une allure à la Ziggy Stardust. Ils n’ont pas la complexité des héros d’Altman, Alan Rudolph s’est trop focalisé sur l’ambiance aux dépens de la profondeur et des émotions.


Joulumaa d’Inari Niemi (2017, Wonderland)
A l’approche de Noël, Helena risque de passer seule le réveillon. Sa fille est à l’étranger et son mari l’a abandonnée depuis un an pour une jeunette. Avec son amie Ulli, elle décide d'aller à la campagne, dans une ferme tenue par des trentenaires, Unna et Tuure, en reconversion agricole et qui louent des chambres pour arrondir leur fin de mois. Sociologue et architecte, ils ont quitté la ville pour essayer de vivre dans le respect de la nature. Leur rêve s’est cependant heurté à la dure réalité et, quand Helena et Ulli arrivent, le ménage est en proie à de fortes tensions.

Joulumaa est le deuxième long métrage de fiction de la réalisatrice finlandaise Inari Niemi, après le documentaire Robin en 2012 sur un chanteur de pop adolescent et la comédie dramatique Kesäkaverit en 2014. Sous l’apparence d’une comédie de Noël, Joulumaa aborde la question du désir d’enfant, de la solitude et de l’incompréhension dans les couples. Dans le rôle d’Oiva, un cinquantenaire flegmatique venu se reposer et qui drague aimablement Helena, Martti Suosalo apporte une dose de nonchalance et de légèreté, et permet à Joulumaa de ne pas sombrer dans la déprime. Ça a le bon goût de durer 1h30 et c’est convaincant dans l’ensemble, si on ne commet pas l’erreur de le considérer sous l’angle d’un petit divertissement à voir en famille durant les fêtes. A noter le casting technique essentiellement féminin, fait suffisamment rare pour être relevé, et surtout la version finlandaise de Et si tu n'existais pas.


Dora et la lanterne magique de Pascal Kané (1977)
Le professeur Waldemar meurt dans de mystérieuses circonstances, avant de révéler au monde son extraordinaire invention. La dernière personne à lui avoir parlé est sa fille de 11 ans, Dora, à qui il a confié les clés de son secret. Elle est enlevée par les assassins de son père et est enfermée chez un ogre. Elle s’échappe puis tente de résoudre l’énigme laissée par son géniteur, aidée par la gentille fée Magdelène et Valentine, une campagnarde qui veut découvrir le monde.

Dora et la lanterne magique est le premier long métrage de Pascal Kané, critique aux Cahiers du cinéma de 1967 à 1981. Raoul Ruiz l’a coscénarisé, y apportant sa nonchalance ludique et son goût assumé pour le simulacre et le baroque visuel. C’est extrêmement fauché : sans star et sans réputation établie, Pascal Kané a dû composer avec une maigre avance sur recette et compléter le budget par l’entremise d’une maison de production marginale, Cinema 9. Le rendu de Dora et la lanterne magique est en grande partie lié à ce manque de moyens, Pascal Kané s’étant systématiquement dirigé vers les solutions les moins coûteuses en privilégiant le studio et les transparences. Il reconnaît lui-même dans un entretien aux Cahiers du cinéma dans le numéro 279-280 que « l’économie y entraîne une certaine esthétique ». A l’inverse d’autres metteurs en scène issus de la critique, il ne cite pas explicitement des œuvres ou des auteurs (il estime que les deux titres qu’il utilise dans Dora, Le fils du cheik (1926) et Le signe de Zorro (1920) sont sans intérêt), il se sert de matériau brut, des stock-shots ou des archétypes tirés des débuts du cinéma, en insistant sur les trucages qui affirment selon lui le pouvoir du cinéma. Il cherche à faire des films qui ressemblent à des films et à surenchérir dans la mystification.
Par certains aspects, Dora et la lanterne magique évoque un Demy désargenté et sans chanson, celui de Peau d’âne (1970) ou du Joueur de flûte (1972). Pascal Kané estime d’ailleurs que Demy est le seul réalisateur de qui il se sent proche. Bien qu’un peu mou et bavard, j’ai trouvé le premier tiers de Dora plutôt heureux, avec un foisonnement de merveilleux, un ogre, une fée, un hobbi (sans le t) ou un cheval qui parle. Pascal Kané m’a ensuite perdu quand il dérive vers un Orient de pacotille ou une Amérique du Sud de studio. Le récit s’embourbe, les clichés s’enchaînent et le rythme tombe. Les quelques idées amusantes de-ci de-là ne suffisent pas et, comme chez Raoul Ruiz, on finit par s’ennuyer. Dommage.


Films vus seuls
死の十字路 [Shi no jûjiro] d’Umetsugu Inoue (1956, Crossroad)
Le chef d’entreprise Shôgo Ise entretient une liaison avec sa secrétaire Harumi. Son épouse, instable psychologiquement, envoie régulièrement des lettres de menace à cette dernière et surgit un soir dans l’appartement d’Harumi avec un couteau dans les mains. Shôgo protège son amante et tue sa femme par accident. Il décide de taire le meurtre et d’aller jeter le corps dans un chantier dont il s’occupe, qui va bientôt être recouvert par les eaux d’un barrage. Sur le chemin, un homme blessé vient mourir sur le siège arrière de la voiture de Shôgo, qui fait d’une pierre deux coups et se débarrasse des deux corps. Deux mois s’écoulent et, alors que l’affaire s’apprête à être classée par la police, un détective se met à fouiner.

Shi no jûjiro est tiré du roman Jûjiro écrit par Edogawa Ranpo sur une idée du scénariste Kenji Watanabe et publié par Kodansha en 1955. Outre la rédaction de l'ébauche initiale de l'histoire, Kenji Watanabe fut chargé de l'adaptation pour le grand écran. Cela explique sans doute le ton inhabituel pour une œuvre de Ranpo, loin de son univers baroque et de ses excès. Tandis que l’enquêteur était assez détestable dans le livre, corrompu et sadique, il a l’air propre sur lui dans le film, conservant toutefois un côté sournois. Shôgo n’est pas non plus dépeint négativement malgré ses méfaits, il apparait victime de circonstances, entraîné dans une spirale infernale à la manière d’un Detour (1945). Rentarô Mikuni est impeccable en Shôgo et Shirô Ôsaka, un second couteau de la Shôchiku transféré à la Nikkatsu en 1955, assure le boulot en détective pas complètement net.
Shi no jûjiro n’a pas la folie de Kuro tokage (1962), autre transposition de Ranpo par Umetsugu Inoue. La photographie en noir et blanc est sobre et seules quelques séquences se démarquent, surtout celle où Shôgo dissimule les corps. L’intrigue est parfois bancale, avec des péripéties et des retournements de situation artificiels. Cela reste un divertissement acceptable, proche du film noir américain qui vivait au même moment ses ultimes soubresauts.


Livres
Albuquerque, le lion des mers d’Asie de Geneviève Bouchon (Editions Desjonquères, collection « Outremer », 1992), 282 p.
En avril 1503, Afonso de Albuquerque quitte Lisbonne pour l’Orient à la tête d’un navire de commerce affrété par le roi Manuel Ier. Ce type de poste était très couru, fort bénéfique financièrement et réservé aux favoris de la cour. Afonso de Albuquerque s’était illustré dans plusieurs batailles et était apprécié du monarque précédent, João II, qui l’avait ordonné Grand Ecuyer. Au cours de son expédition dans le golfe persique et dans les Indes, Afonso de Albuquerque accomplit des prouesses militaires et démontre sa rigueur morale, se faisant au passage de multiples ennemis. De retour au Portugal en septembre 1504, il est renvoyé aux Indes au printemps 1506 avec des instructions secrètes lui conférant le poste de vice-roi des Indes à partir de 1508. Après moultes difficultés, il récupère son dû et va s’illustrer durant 6 ans, jusqu’à la fin de son mandat en 1515, en conquérant Goa et Malacca.

Méconnu en France, Afonso de Albuquerque est une figure importante de la colonisation portugaise en Asie. Partisan d’un empire territorial au service de la royauté, il s’oppose à la vision purement mercantile d’une majorité de la noblesse, menée notamment par Vasco de Gama. Selon l’historien indien Sanjay Subrahmanyam dans Vasco de Gama, Afonso de Albuquerque n’a pas bénéficié de réseaux familiaux et amicaux puissants et son nom a été éclipsé par son rival. La spécialiste de l'Histoire de l'Inde médiévale et de l’océan Indien Geneviève Bouchon revient sur le parcours de cet homme rigide qui changea la donne dans la région au début du XVIe siècle, en s’appuyant sur des documents d’époque et sur la correspondance laissée par Afonso de Albuquerque.
Je précise que je n’ai aucun lien de parenté directe avec Afonso de Albuquerque, sa lignée s’étant éteinte rapidement, et je n’ai donc pas d’autre a priori que mon rejet de la colonisation. Le livre de Geneviève Bouchon m’a fait peur au départ, avec un ton proche de l’hagiographie. Néanmoins, tout en soulignant à de nombreuses reprises les hauts faits de son protagoniste principal, la chercheuse n’oublie pas de noter la cruauté, l’âpreté et l’intransigeance d’un être orgueilleux et impétueux. Elle brosse également le portrait des adversaires et alliés locaux d’Afonso de Albuquerque, permettant de comprendre le contexte dans lequel s’insérait les conquêtes des Portugais. Bien qu’Afonso de Albuquerque soit dépeint de façon trop positive et que les critiques de ses ennemis soient excessivement discréditées, Albuquerque, le lion des mers d’Asie demeure plaisant et offre un éclairage captivant sur une période et une région peu traitée par l’historiographie française.


Malakansâr, l’éternité des pierres de Michel Grimaud (Denoël, collection « Présence du futur », 1993), 258 p.
Arrivé à l’âge adulte, Silo, fils d’une famille bourgeoise qui s’est encanaillé, ne reçoit pas la fortune habituellement dévolue aux gens de sa situation. Frustré, il s’enfuit pour aller en quête de la mythique cité de Malakansâr. Il est rapidement rejoint par l’esclave Mowo achetée récemment par sa mère et qui désire rejoindre son peuple puis par Glévian, un pêcheur obnubilé par une statue de pierre blanche dont il souhaite retrouver l’origine.

Michel Grimaud est le pseudonyme d’un couple du Midi, Marcelle Perriod et Jean-Louis Fraysse, spécialistes de littérature jeunesse mais qui écrivirent par ailleurs de la SF et du policier. Ils prirent ce nom en 1968 pour leur premier roman sur les conseils de leur directeur de collection, gêné de publier un ouvrage pour enfants d’un couple non marié avec des patronymes distincts. A travers un récit initiatique assez banal d’un blanc-bec raciste et étroit d’esprit qui accepte progressivement les différences et le monde qui l’entoure, Malakansâr développe un univers de space opera à la Frank Herbert dans un style poétique et contemplatif, les auteurs prenant le temps de poser le décor et de décrire les civilisations croisées.
Le binôme central, Silo et Mowo, ne m’a pas emballé. Silo est l’archétype du jeune bourgeois plein de préjugés, il m’a vite agacé et j’ai eu du mal à me départir de mon appréciation négative initiale. Son évolution est convenue et l’esclave émancipée Mowo ne sort guère des schémas traditionnels. Glévian, à l’inverse, a davantage de profondeur et son cheminement est inattendu. Au final, Malakansâr m’a plus séduit par son rythme et son atmosphère que par sa trame, il faudra que je confirme mes impressions avec d’autres titres de Michel Grimaud.


Le village aux huit tombes de Seishi Yokomizo (Philippe Picquier, collection « Picquier poche », 1999), 372 p.
Au début des années 50, un homme de vingt-sept ans, Tatsuya, raconte les péripéties auxquelles il a été fraîchement mêlées. Elevé à Kôbe par sa mère, décédée quand il était enfant, et par son beau-père, disparu pendant la guerre, il ignorait tout de son géniteur et de ses racines. Jusqu’au jour où il est contacté par un avocat, qui lui explique qu’il est convié au village aux Huit Tombes afin d’hériter de la fortune considérable des Tajimi. A cette occasion, il rencontre pour la première fois son grand-père maternel. A peine commencent-ils à discuter que celui-ci succombe des suites d’un empoisonnement. Tatsuya apprend que sa famille est porteuse d’une sombre malédiction et que son retour est redouté par les habitants de la bourgade, qui craignent que se renouvelle le massacre perpétré par son père vingt-cinq ans auparavant.

Paru en 1950, Le village aux huit tombes est un roman policier réputé de l’écrivain Seishi Yokomizo. Il a été adapté au cinéma et à la télévision à de multiples reprises et j’ai vu les versions de Yoshitarô Nomura (1977) et de Kon Ichikawa (1996). Il comporte l’excentrique détective Kôsuke Kindaichi, enquêteur récurrent de l’auteur, qui est ici au second plan et n’apparait qu’à de brèves reprises. Le point de vue principal est celui de Tatsuya, narrateur pris dans les tourments d’une histoire familiale qu’il ne connait pas et d’enjeux qui lui échappent. L’identité du meurtrier importe peu en réalité, la révélation est plutôt nulle, l’intérêt est dans l’ambiance quasi-fantastique et horrible qui oppresse Tatsuya. Malgré des longueurs et un héros trop naïf, c’était agréable et je compte explorer à l’avenir l’œuvre de Seishi Yokomizo.


Continental Films – L’incroyable Hollywood nazie de Jean-Louis Ivani (Lemieux éditeur, 2017), 264 p.
Entre 1941 et 1944, la Continental produit en France occupée 30 films, soit quasiment 14% des 220 sortis durant cette période, loin devant Pathé (14) ou Gaumont (10). Elle emploie certains des meilleurs interprètes, techniciens et réalisateurs de la profession et ne subit pas les coupes de la censure. La Continental est en effet une société allemande, dirigée par Alfred Greven, ami intime de Göring et nommé par ce dernier responsable pour le Reich du cinéma allemand en France. Le journaliste Jean-Louis Ivani raconte, en la romançant, l’aventure de ce studio exceptionnel, qui ambitionnait de concurrencer Hollywood et donna des moyens inédits à des artistes d’un pays conquis.

Je n’attendais pas grand-chose de ce Continental Films – L’incroyable Hollywood nazie, que j’avais récupéré par hasard. Je savais que ce n’était pas un ouvrage scientifique, sans commune mesure avec l’étude de Christine Leteux sur un thème identique. Jean-Louis Ivani ne cherche guère à soulever un pan du mystère Greven ou à dresser un portrait exact des faits qui se sont déroulés. Il ne s’est pas enfoncé dans les archives, il s’est essentiellement focalisé sur les témoignages, souvent tardifs et partiaux, des participants aux évènements. Il n’hésite pas à véhiculer de nombreux mythes ou à admettre qu’il n’a pas vérifié telle ou telle information. En revanche, il faut avouer que le style est très lisible, que ça se dévore comme un bon roman et que ça donne envie de voir ou revoir les titres cités. Je considère que Continental Films – L’incroyable Hollywood nazie constitue une introduction distrayante avant de me pencher sur le livre incomparablement plus sérieux de Christine Leteux.


Revues
Mad Movies n°372 – Juin 2023
Les dossiers de ce mois portent sur des sujets qui me branchent peu. Je les ai parcourus avec plaisir pour ma culture sans que cela suscite d’envie. Les rédacteurs rendent tout d’abord hommage à Kenneth Anger, artiste expérimental, provocateur, décédé en mai 2023. J’ai uniquement vu de lui Scorpio Rising (1963), qui m’avait laissé dubitatif, et lu Hollywood Babylone, qui mélange allègrement mythe et réalité. Ils détaillent ensuite la carrière de James Wan, que je trouve surcoté bien qu’occasionnellement récréatif. Puis ils abordent longuement, pour la parution d’Une histoire de cinéma de quartier de Sylvain Perret, l’émission de Jean-Pierre Dionnet qui fut diffusé sur Canal + entre 1989 et 2007. Ma mère n’avait pas Canal +, pas les moyens, donc je n’ai jamais regardé Cinéma de quartier et Dionnet n’a pas d’aura particulière pour moi. Même sans cela, la façon dont l’émission fut mise en place et maintenue est fascinante et nous replonge dans une ère révolue. Un entretien carrière avec Lewis Teague enfin, réalisateur du sympathique Cujo (1983) ou du mauvais Cat’s eye (1985), m’a donné envie de revoir L'Incroyable Alligator (1980). Je l’avais visionné avec une optique nanarde il y a une vingtaine d’années alors qu’on enchaînait avec un ami les films de bébête. Il m’avait déçu, je pense que je suis complètement passé à côté sans capter l’aspect satirique.

Au niveau des sorties, Huesera (2022) semble être un body horror mexico-péruvien original sur la peur de la parentalité ; Spider-Man: Accross the Spider-Verse (2023) tient apparemment ses promesses, malgré quelques frustrations ; Marcel the Shell with Shoes on (2021) est un long métrage d’animation intrigant, tiré d’un court de 3 minutes avec les problèmes que cela engendre ; The Boogeyman (2023), transposition d’une nouvelle de Stephen King, a l’air réussi dans le genre terreur domestique oppressante ; Tin & Tina (2023) s’amuse à mélanger horreur à la Village des damnés, héritage du franquisme et humour ; et le finlandais Sisu : de l’or et du sang (2022) dégomme du nazi à gogo, ce qui met toujours en joie.
Je note en conclusion les entretiens de Xavier Gens et du coordinateur des cascades Jude Poyer pour la sortie de Farang (2023), qui ne me tente pas plus que ça mais le parcours hongkongais de Poyer est assez exceptionnel et son Give me five à la fin du numéro est atypique ; et de Robert Davi, sale gueule récurrente du cinéma hollywoodien des années 80 et 90, des Goonies (1985) à Piège de cristal (1988) en passant par la série TV Profiler (1996-2000).


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