samedi 5 août 2023

Carnet de bord 29/07/2023-04/08/2023



Films vus en compagnie
Tamara Drewe de Stephen Frears (2010)
La journaliste londonienne Tamara Drewe revient dans son village d’Ewedown dans le Dorset pour rénover et revendre la maison familiale, laissée à l’abandon après le décès de sa mère. Elle se rend chez ses voisins les Hardiment pour demander un coup de main à son ancien petit ami Andy, qui y travaille. Beth Hardiment tient une ferme, lieu de retraite pour écrivains en mal d’inspiration qui cherchent conseil auprès de Nicholas Hardiment, auteur à succès prétentieux. Lorsque Tamara était partie, c’était une jeune campagnarde au gros nez. Elle est devenue une superbe femme et tous sont subjugués par sa beauté, en particulier le coureur de jupons Nicholas.

Tamara Drewe est initialement un roman graphique de Posy Simmonds paru dans The Guardian entre 2005 et 2007. C’est une transposition moderne de Loin de la foule déchaînée de Thomas Hardy, livre adapté plusieurs fois à l’écran, notamment par John Schlesinger en 1967 et par Thomas Vinterberg en 2015. La conversion de la bande-dessinée, découpée à la manière d’un story-board, en script ne posa pas de problème à la scénariste Moira Buffini. La réalisation fut confiée à Stephen Frears à la suite du refus d’Andrea Arnold. Frears n'avait pas dirigé de comédie contemporaine depuis High Fidelity (2000) et fut ravi de pouvoir se moquer des bourgeois anglais.
Tamara Drewe est un feel pas tout à fait good movie, la plupart des personnages s’avérant lâche à leur façon et Tamara étant loin de l’héroïne admirable. La fin a des aspects étonnamment sombres, et c’était apparemment pire chez Posy Simmonds, Moira Buffini ayant sauvé de la mort un des protagonistes. Cela donne une charmante comédie moins convenue qu’escomptée, aux interprètes parfait·e·s dans leur créneau. Seul bémol, les deux adolescentes qui créent des catastrophes dans le village sont agaçantes. C’est voulu et elles ont une utilité narrative, leurs scènes détonnent cependant et cassent le rythme. Rien de dramatique, Tamara Drewe est très recommandable et je serai curieux de lire l’original.


Forbidden Zone de Richard Elfman (1980)
La famille Hercule composée des parents, de deux enfants et du grand-père s’installe dans une demeure de la banlieue de Los Angeles. A son retour de l’école, la fille Frenchy va jeter un œil dans le sous-sol interdit et est envoyée dans la sixième dimension, monde étrange contrôlé par le roi Fausto et la cruelle reine Doris. Doris veut tuer Frenchy mais Fausto a des vues sur elle et l’enferme dans une cellule. Pendant ce temps, le frère de Frenchy se résout à aller délivrer sa sœur.

En 1970, Richard Elfman quitte les bancs de la fac pour rejoindre une troupe de théâtre parisienne, le Grand Magic Circus mené par Jérôme Savary. Il y embarque son frère Danny pour une tournée européenne et y rencontre sa future épouse Marie-Pascale Kling. S’entendant mal avec Jérôme Savary, il regagne Los Angeles avec Marie-Pascale où ils montent le groupe des Mystic Knights of the Oingo Boingo, spécialisé dans des reprises délirantes de vieux classiques de la chanson. Danny Elfman est nommé directeur musical. Quand la bande commence à s’écarter de son style cabaret pour tendre vers le rock, Richard décide de conserver sur pellicule la mémoire de leurs performances. Forbidden Zone est une vitrine de leurs numéros musicaux, reliés artificiellement par une trame plaquée à la va-vite.
Ces numéros sont le point fort de Forbidden Zone, ainsi que les décors bizarres et expressionnistes peints par Marie-Pascale Elfman épaulée par Hervé Villechaize (le roi Fausto). Le reste est douloureux à regarder, de l’humour trash en-dessous de la ceinture, bête, sexiste et répétitif, bourré de blagues de viol et que je ne conseillerais pas. Je l’ai vu dans sa version noir et blanc, il a été colorisé en 2008 sous la supervision de Richard Elfman. Les blackfaces ont été gommé digitalement en 2020, remplacés par des clownfaces. Cet élément, hommage aux cartoons de Max Fleischer, gênait Richard Elfman depuis longtemps et il n’avait pas eu les moyens de s’en débarrasser auparavant.


The Unbearable Weight of Massive Talent de Tom Gormican (2022, Un talent en or massif)
Après un nouveau refus sur un projet ambitieux dans lequel il espérait avoir le premier rôle, Nicolas Cage choisit de prendre sa retraite. Il se résigne à un ultime contrat d’un million de dollars consistant à apparaître en guest-star à l’anniversaire d’un riche industriel espagnol, Javi Gutierrez. Javi est un immense fan de Nicolas Cage et espère le persuader de valider un scénario qu’il a écrit pour lui. En parallèle, la CIA contacte Nicolas Cage et lui apprennent que Javi est un criminel international, ravisseur de la fille du président de la Catalogne. Ils lui demandent de les aider à sauver l’otage.

Nicolas Cage continue à tourner à un rythme hallucinant, sautant sans remord de gros navets à du fantastique barré façon Color Out of Space (2019) ou Renfield (2023), en passant par de l’indépendant auteuriste à la Pig (2021). The Unbearable Weight of Massive Talent est une comédie d’action buddy movie ultra référentielle, où Nicolas Cage se moque gentiment de lui-même. Le meilleur personnage est celui de Javi, le fan mafieux incarné par un Pedro Pascal convaincant.
Sans être transcendant, The Unbearable Weight of Massive Talent est agréable, un des Nicolas Cage acceptables de ces dernières années. Tom Gormican peine à dépasser son concept de base et on finit par retomber sur les rails d’un traditionnel film d’action. Il y a toutefois une bonne alchimie entre Nicolas Cage et Pedro Pascal et c’est globalement distrayant.


The Yellow Balloon de J. Lee Thompson (1953, Le ballon jaune)
Dans le Londres d’après-guerre, Frankie Palmer, douze ans, voudrait s’acheter un joli ballon jaune. Son père lui donne une pièce, qu’il perd dans le caniveau en trébuchant dans la rue. Il vole alors le ballon de Ronnie, un gosse du quartier, qui poursuit Frankie jusqu’à un immeuble délabré. Pendant la course, Ronnie tombe accidentellement et meurt. Frankie ne sait que faire quand surgit Len, un malfrat qui a assisté au drame et qui va profiter de la situation pour exploiter Frankie.

J’avais déjà souligné précédemment que les Anglais dans les années 40-50 faisaient d’admirables longs métrages sur l’enfance. The Yellow Balloon évoque au départ The Magnet (1950), où un garçon vole à un autre son aimant, puis on pense s’orienter vers un schéma à la Hunted (1952), où un orphelin s’enfuit avec un fugitif, avant de pencher vers l’américain The Window (1949), où un jeune affabulateur voit un couple tuer un matelot. The Yellow Balloon est la deuxième réalisation de J. Lee Thompson, connu pour ses hollywoodiens Les canons de Navarone (1961) et Les nerfs à vif (1962). Andrew Ray, qui aura adulte une belle carrière à la télévision, est impeccable en Frankie et William Sylvester, acteur américain vu dans 2001 : L'Odyssée de l'espace (1968), fait le boulot en truand hypocrite, sans apporter l’ambiguïté d’un Dirk Bogarde. The Yellow Balloon fut initialement interdit au moins de 16 ans, la censure estimant qu’il pouvait effrayer les enfants, avant d’être reclassé A, autorisé pour les mineurs accompagnés d’un majeur.
The Yellow Balloon souffre d’une intrigue moyennement cohérente, Frankie n’étant fondamentalement pas indispensable dans le plan de Len. Kathleen Ryan, la mère de Frankie, surjoue la femme au foyer préoccupée, et Kenneth More, le père, n’est pas terrible non plus. C’est manichéen, Len est très méchant et les flics sont sympas. Il y a heureusement Mary, la prof de danse pas fan de la police qui se prostitue à l’occasion, sans que ce soit explicite. La photographie est superbe et certaines scènes sont réussies, par exemple la mort de Ronnie ou la traque dans une station de métro désaffectée. C’est ça qui est bien avec le cinéma anglais de cette époque, même quand ce n’est pas parfait ça reste du spectacle de qualité qu’on ne regrette pas d’avoir vu.


Films vus seuls
たそがれ酒場 [Tasogare sakaba] de Tomu Uchida (1955, Twilight Saloon)
Dans un bar-restaurant de Tokyo, les destins se croisent sous l’œil du doyen Umeda, joueur de pachinko professionnel, ancien peintre et philosophe : la serveuse Yuki attire les vauriens, qui se battent pour ses beaux yeux ; le pianiste décrépit Eto, meurtri par la vie, refuse de laisser sa liberté à son prometteur élève Kenichi ; la strip-teaseuse Miss Emmy, qui pourrait être danseuse de ballet, semble cacher un sombre secret… En une nuit, les chemins se dessinent pour les jeunes tandis que les vieux, traumatisés par la guerre, doivent faire leur deuil du passé.

Tasogare sakaba est la seconde réalisation de Tomu Uchida après son retour de Mandchourie en 1953, son unique collaboration avec la Shintôhô. Il suit l’excellent Le Mont Fuji et la lance ensanglantée pour la Toei en 1955, où Tomu Uchida, à l’image de son cinéma d’avant-guerre, se focalisait sur les gens du peuple. Ce point de vue se retrouve dans Tasogare sakaba, où il y ajoute une réflexion critique sur son appui au régime militariste japonais : le bon samaritain Umeda explique qu’il a abandonné la peinture car il a glorifié l’armée à travers ses toiles et qu'il ne mérite plus de pratiquer son art. Cela rappelle le cas d’Uchida, qui passa huit années de 1945 à 1953 à travailler avec les autorités chinoises au lieu de revenir au Japon pour reprendre son métier. Umeda est interprété par Isamu Kosugi, figure récurrente des Uchida d’avant-guerre et acteur principal de la coproduction nippo-nazi La fille du samurai (1937). Tasogare sakaba ne fut guère apprécié à sa sortie et a été redécouvert tardivement. Il a fait l’objet d’un remake en 2003, Take the 'A' Train, Someday.
Tasogare sakaba est un des rares Tomu Uchida léger, une version comédie musicale du Grand Hôtel (1932) d’Edmund Goulding, avec ses individus de diverses classes qui se côtoient durant une nuit dans un lieu clos. Il y a de nombreux numéros musicaux, tous intradiégétiques et d’un intérêt limité. Isamu Kosugi domine un casting éclectique, qui mélange vieux briscards et amateurs peu doués, comme Hiroshi Ono (Eto) et Takuya Miyahara (Kenichi) dont ce seront les seules apparitions sur grand écran. A noter la présence de Tetsurô Tanba en début de carrière. Le résultat est inégal, loin selon moi du chef d’œuvre oublié clamé par certains. C’est plutôt une curiosité à réserver aux amateurs de film choral.


정이 [Jeong-i] de Sang-ho Yeon (2023, Jung_E)
Dans le futur, une entreprise de robotique essaye de construire un supersoldat en employant le cerveau d’une mercenaire morte au combat, la capitaine Yun. La responsable du projet est sa fille, Seo-hyun, qui tente de comprendre pourquoi le cyborg créé avec l’esprit de sa mère échoue toujours au même stade dans les simulations. Le temps presse, Seo-hyun est atteinte d’un cancer à un stade avancé et un accord de paix international menace de couper les fonds pour les recherches militaires.

A l’instar de la majorité des Occidentaux, j’ai découvert Sang-ho Yeon en 2016 avec l’épatant Dernier train pour Busan. J’ai ensuite regardé le préquel animé Seoul Station (2016), les décevants Psychokinesis (2018) et Peninsula (2020), et la saison 1 de Hellbound (2021). Je n’attendais pas grand-chose de Jung_E, précédé d’une réputation peu flatteuse. Sans être la purge annoncée, ce n’est en effet pas terrible en raison d’un récit qui ne sait pas trop où il va et de dialogues mous et répétitifs.
On nous assène à deux reprises qu’à cause de catastrophiques climatiques les humains ont majoritairement quitté la Terre et qu’une guerre a éclaté entre les réfugiés des abris spatiaux. Ce contexte ne sert à rien, il n’est aucunement exploité. Jung_E démarre sur une scène d’action pêchue où la capitaine Yun dégomme des robots avant d’être neutralisée. On apprend que c’est le dix-septième échec et, au vu des discussions, on doute rapidement de la compétence des scientifiques impliqués. S’enchaîne une heure de dialogues centrée sur deux enjeux assimilés depuis longtemps par les spectateurs, avec des personnages secondaires agaçants et des pistes narratives qui seront délaissées en cours de route. Heureusement, une séquence de baston d’un quart d’heure, avec de bons effets spéciaux et lisible, achève le métrage. Ça ne suffit pas à sauver l’ensemble.


Hysteria de Freddie Francis (1965)
A la suite d’un accident de voiture, un homme est devenu amnésique et est nommé faute de mieux Christopher Smith. Ses quatre mois d’hospitalisation dans une clinique privée ont été payés par un mystérieux donateur, qui a aussi envoyé par courrier au médecin-chef la clé d’un luxueux appartement en plein Londres. Décidé à retrouver le chemin de son passé, Christopher engage un détective privé et mène en parallèle sa propre enquête à partir des deux seuls éléments qu’il possède : les enveloppes contenant les chèques reçus par la clinique pour son traitement et la photo déchirée d’une femme qu’il avait sur lui au moment où il a perdu la mémoire.

La Hammer ne s’est pas cantonnée à l’horreur qui l’a rendu célèbre, elle a exploré de nombreux genres, de la comédie aux films de cape et d’épée, en passant par la SF ou les thrillers psychologiques, cas qui nous occupe ici. Bien que voyant le jour en 1961 pour surfer sur la notoriété de Psycho (1960), les thrillers de la Hammer se rapprochaient davantage des Diaboliques (1955) d’Henri-Georges Clouzot, le directeur du studio James Carreras les appelant d’ailleurs des mini-Clouzot. Capitalisant sur les succès de Paranoiac (1963) et de Nightmare (1964), le duo Jimmy Sangster au scénario et Freddie Francis à la réalisation fut reconduit pour Hysteria. Le distributeur MGM exigea un acteur américain en tête d’affiche, rôle qui échoua à Robert Webber. Révélé dans 12 hommes en colère (1957) où il interprétait le 12e juré, il accomplit l’essentiel de sa carrière à la télévision. Durant le tournage de Hysteria, il prit en grippe l’actrice principale Lelia Goldoni, au grand dam de Freddie Francis qui se désintéressa rapidement de l’entreprise. Hysteria utilise la trame de l’amnésie, classique du film noir et néo-noir à l’image de Quelque part dans la nuit (1946), avec un Robert Webber proche des détectives durs à cuire des années 40. Il fait ouvertement référence à Psycho avec un meurtre au couteau dans une douche.
Je garde un souvenir plaisant de Paranoiac, avec un impeccable Oliver Reed, et je ne crois pas avoir vu Nightmare. Hysteria est apparemment le plus faible des trois, le moins angoissant et sombre. Robert Webber ne m’a pas convaincu, j’ai largement préféré le vétéran Maurice Denham, qui incarne avec malice le privé embauché par Christopher Smith. Stylistiquement, c’est sage, on sent le manque d’implication de Freddie Francis qui se contente du minimum syndical. Après un début intrigant, le rythme chute et la révélation finale, prévisible, est mal amenée. Dispensable.


哀愁しんでれら [Aishû Cinderella] de Ryôhei Watanabe (2021, The Cinderella Addiction)
Abandonnée par sa mère quand elle était jeune, Koharu a élevé sa sœur cadette avec l’appui de son père et de son grand-père. Elle travaille dans un centre d’aide à l’enfance et a des difficultés à gérer sa colère envers les parents abusifs ou incompétents. A l’issue d’une journée catastrophique où son grand-père a une attaque, où la boutique de son père brûle et où elle découvre que son copain la trompe avec une de ses collègues, elle sauve un individu saoul qui allait se faire écraser par un train, le docteur Daigo Izumisawa. Ils lient connaissance, tombent amoureux et se marient en à peine un mois. Daigo a une petite fille de dix ans, Hikari, avec qui Koharu s’entend parfaitement. Cependant, consécutivement à l’emménagement de Kahoru avec Daigo, la situation s’envenime et Hikari devient ingérable.

Aishû Cinderella est le second long métrage de Ryôhei Watanabe après Shady en 2012. Pour Hikari, la production est allée chercher une populaire instagrammeuse de dix ans, Coco. Son père Daigo est joué par le beau gosse fadasse Kei Tanaka et Koharu par la vedette polyvalente Tao Tsuchiya. Diffusé sur Netflix Japon en juillet 2022, Aishû Cinderella a rapidement été propulsé au sommet du top 10 des visionnages.
Je n’ai rien contre le mélange des genres, les Coréens le font généralement très bien et les Japonais en sont également capables, à l’instar de Takashi Miike dans The Happiness of the Katakuris (2001) (oh là là, la bande-annonce pique les yeux). Néanmoins, dans Aishû Cinderella, ça ne fonctionne pas. La première moitié est une comédie romantique gentille, la seconde un drame vaguement inquiétant/angoissant. Sauf que le brusque changement de caractère des protagonistes n’est pas crédible et la conclusion laisse franchement dubitative. Un joli ratage.

Livres
Vingt maisons du zodiaque dirigé par Maxim Jakubowski (Denoël, collection « Présence du futur », 1979), 270 p.
Vingt maisons du zodiaque est une anthologique de vingt nouvelles dirigée par Maxim Jakubowski parue simultanément dans plusieurs pays en août 1979 à l’occasion de la 37e convention annuelle mondiale de science-fiction. Elle n’a pas de fil conducteur, si ce n’est de comporter des romancier·ère·s de pays différents :
Plus près de toi, mon Dieu ! de Brian Aldiss (1979, Angleterre) : Dieu est présent auprès de chaque être humain. Littéralement, dans un aquarium individuel. Chacun peut parler à son mini Dieu, qui se contente d’écouter sans agir.
… Une sorte d'espace de Ion Hobana (1974, Roumanie) : Un habitant de Bucarest reçoit dans son appartement la visite de l’explorateur du temps du livre de H. G. Wells, à qui il subtilise involontairement sa machine.
Marchands d'ombre et de lumière de Cherry Wilder (1979, Australie) : Un aveugle explique au chef archiviste ce qu’il sait de trois êtres mystérieux qui voulaient faire de lui un messie.
La déchirure du temps de Gerd Maximovic (1979, Allemagne de l'Ouest) : Une usine est projetée avec tous ses ouvriers dans une faille spatio-temporelle et se retrouve entourée d’une épaisse forêt.
Marée haute de Élisabeth Vonarburg (1978, Canada) : Sur une planète récemment colonisée, le jeune Aärne essaye de communiquer avec la nature environnante contre l’avis des adultes qui ne souhaitent que la détruire pour installer leur civilisation.
Je peux me téléporter n'importe où de Robert Sheckley (1979, Etats-Unis) : Être capable de se téléporter où on veut peut causer plus d’ennuis que d’avantages.
Un avocat pour Dolores de Adam Barnett-Foster (1979, San Seriffe) : Un musicien part se reposer avec son groupe intergalactique dans un hôtel calme en bord de mer.
Plus lourd que le sommeil de Philippe Curval (1979, France) : A la suite de l’apparition des noctiles, les êtres humains qui s’endorment ne se réveillent plus. Pour ne pas sombrer dans le sommeil, les gens doivent prendre quotidiennement une pilule, le tranycte, et faire des rêves collectifs éveillés après les heures de travail.
Une gigantesque fluctuation de Arcadi Strougatski & Boris Strougatski (1973, Union soviétique) : Un inconnu raconte au narrateur qu’il est soumis à une fluctuation du hasard, les évènements improbables se déroulant systématiquement dans son entourage.
Zodiaque 2000 de James Graham Ballard (1978, Angleterre) : Le patient d’un asile psychiatrique réinterprète les douze signes du zodiaque.
Lever de soleil de Hugo Raes (1963, Pays-Bas) : Des entités spatiales font l’amour aux abords de Saturne.
Les clés de Shin'Ichi Hoshi (1958, Japon) : Les serrures sont remplacées par des oreilles géantes où le propriétaire chuchote un mot-clé pour ouvrir sa porte.
Une chaumière pour l'éternité de Bob Shaw (1979, Irlande) : Un physicien atomiste se complaisant dans son chômage est pris au dépourvu lorsqu’on lui offre un emploi correspondant à ses qualifications dans un manoir isolé à proximité de sa petite ville.
Ice two de Daniel Walther (1979, France) : Un couple s’exile dans une cabane au milieu des neiges pour que la femme puisse écrire en paix.
Le singe d'airain de John Thomas Sladek (1979, Etats-Unis) : Dans un pays imaginaire, la police est devenue inutile grâce à un embrigadement efficace des citoyens. Le chef de la sécurité d’un Etat voisin vient constater l’efficacité du système.
Le jardin d'albâtre de Teresa Ingles (1977, Espagne) : Dans un coin reculé de la galaxie, deux chercheurs repèrent un jardin d’albâtre sur une planète déserte.
Idiosyncrasies de Maxim Jakubowski (1979, Angleterre) : Un homme dévoile au lecteur sa collection d’excentriques.
La rivière du bord du Monde de Sam J. Lundwall (1979, Suède) : Au bord du monde, une rivière se jette dans le vide sidéral. Les fous, les désespérés et les mélancoliques s’y suicident dans des embarcations saugrenues.
La mort blanche de Stanislas Lem (1964, Pologne) : Une planète peuplée d’entités en métal craint l’invasion d’un ennemi héréditaire.
La traversée du Cambodge de Michael Moorcock (1979, Angleterre) : Pendant la Troisième Guerre Mondiale, les cosaques affrontent les troupes cambodgiennes en n’hésitant pas à torturer et violer.
Sous couvert d’universalité, Vingt maisons du zodiaque propose une SF essentiellement anglo-saxonne avec cinq Anglais (Adam Barnett-Foster est un pseudonyme de Maxim Jakubowski et San Seriffe est une république imaginaire), deux Américains, un Irlandais, une Canadienne et une Australienne, soit la moitié des participants. Tout·e·s les autres sont des Européen·ne·s, excepté Shin'Ichi Hoshi auprès de qui ils ont récupéré une vieille nouvelle de 1958. Il y a 15% de femmes, aucun représentant d’Amérique du Sud ou d’Afrique, quasiment que des blancs d’origine Nord-Européennes, on a vu mieux niveau diversité même pour 1979.
Si ces choix étaient guidés par la qualité, j’aurais pu comprendre. Or, il n’y a pas grand-chose à sauver ici. Ça va du complètement nul (Zodiaque 2000, Lever de soleil, Ice two, Idiosyncrasies et La traversée du Cambodge) au correct (Marée haute, Plus lourd que le sommeil et La rivière du bord du Monde), en passant par le sans intérêt (quasiment tout le reste). Parfois, l’idée initiale est bonne mais est mal exploitée (Une gigantesque fluctuation, Le singe d'airain ou La déchirure du temps qui rappelle fortement L’école emportée publié cinq ans auparavant). Pas de révélation dans les auteur·ice·s que je ne connaissais pas, si ce n’est peut-être Élisabeth Vonarburg. Une belle occasion gâchée.


Breakdowns – Portrait de l'artiste en jeune %@~*! d’Art Spiegelman (Casterman, 2008), 76 p.
Breakdowns est la réédition augmentée du premier album d’Art Spiegelman publié en 1978 à partir d’esquisses autobiographiques réalisées entre 1972 et 1977. Il n’eut aucun succès à l’époque, se vendant à moins de 3000 exemplaires. Maus fut conçu en réaction face à cet échec. Pour cette reparution, Art Spiegelman a ajouté une longue introduction autobiographique d’une vingtaine de pages dessinées, où il revient sur le contexte qui l’a amené à écrire les histoires présentes dans le Breakdowns d’origine. L’ouvrage se conclut par une postface de six pages où il fournit des éléments complémentaires sur la publication et la réception de son livre en 1978.

Bien que le Breakdowns de 1978 ait des planches excellentes (ci-dessous une qui plaira sans doute à M. Martin), j’ai préféré la partie qui précède : le Spiegelman de 2007 maîtrise mieux son art et a abandonné sa logique provocatrice de jeune rebelle des années 70. J’ai apprécié la façon dont il brosse son passé en naviguant entre les périodes de sa vie, son style graphique inventif et ses réflexions sur la bande-dessinée. Je dois avouer que je n’ai lu que Maus de Spiegelman, monument incontournable qui a occulté ses autres travaux. Breakdowns m’a donné envie de creuser son œuvre.




Revues
L'oiseau Magazine n°151 – Été 2023
Depuis quelques numéros, L'oiseau Magazine consacre un nombre grandissant de pages aux comptes-rendus de voyage et aux témoignages de naturalistes amateurs sur la nature qui les environne. Je suis personnellement plus porté sur les textes scientifiques et je n’ai pas appris grand-chose sorti de l’article de Samara Danel sur le kéa capable de raisonnements probabilistes. Disons que ça m’a surtout remis en tête l’idée d’aller faire un tour un jour aux îles Shetland et dans la forêt de Białowieża en Pologne.


2 commentaires:

  1. M. Martin avait déjà le livre de M. Spiegelman en bonne place dans sa bibliothèque, tu t'en doutes. Le reste de la carrière de M. Spiegelman n'est hélas pas extraordinaire, mis à part ses expérimentations formelles dans RAW ; j'avais notamment été très déçu par In the Shadow of No Towers.
    Si tu t'intéresses à Maus, néanmoins, je te conseille (et pourrai te prêter) Metamaus, un livre d'auto-réflexion passionnant sur le bouquin qui l'a rendu célèbre (et à raison).

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    1. OK noté pour le reste de la carrière de Spiegelman. Et faudra en effet que tu me passes à l'occasion Metamaus.

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