samedi 14 septembre 2024

Carnet de bord 07/09/2024-13/09/2024



Films vus en compagnie
Renfield de Chris McKay (2023)
Depuis quatre-vingt-dix ans, Renfield est le serviteur dévoué de Dracula. Il s’occupe de la logistique, lui amène des proies, cherche des planques, nettoie les dégâts… Régulièrement, des chasseurs de vampires les dépistent, ils s’en sortent toujours de justesse et doivent rapidement déménager en attendant que le comte se rétablisse. Rejoignant par hasard un cercle de discussions consacré aux victimes de relation de codépendance, Renfield commence à se questionner sur son existence. Le déclic se produit lorsqu’il croise une flic intègre, Rebecca Quincy, qui refuse de s’écraser devant le puissant gang des Lobo. Il décide de suivre son exemple et de se libérer de l’influence néfaste de son maître.

Bien que centré sur Renfield, larbin oublié du roman de Bram Stoker, cette fausse suite du Dracula de Tod Browning de 1931 est en réalité un véhicule à la gloire de Nicolas Cage, qui cabotine à fond les ballons dans un rôle qu’il rêvait de jouer. Il est concurrencé dans l’outrance par Awkwafina en Rebecca et par Ben Schwartz en Teddy Lobo. Au milieu de cet océan de lourdeur, Nicholas Hoult surnage avec son Renfield très anglais et flegmatique, une espèce de Hugh Grant perdu dans un film bourrin. Le charme de Renfield vient des moments avec son groupe d’entraide ou de ses tentatives d’entrer dans la normalité davantage que des scènes d’action un peu longuettes ou du montage clipesque. Distrayant et sans prétention, c’est plutôt réussi dans son genre.


Halloween Kills de David Gordon Green (2021)
Tandis qu’Allyson et Karen sont en train de conduire Laurie à l’hôpital, les pompiers débarquent pour éteindre l’incendie qui ravage la maison des Strode. Michael Myers, abrité par un rideau de fer dans le sous-sol, en profite pour échapper aux flammes et décime les sauveteurs. Alertés des évènements, des anciennes victimes de Michael guidées par Tommy Doyle forment des milices pour patrouiller la ville et se faire justice.

Pfff, que ce Halloween Kills est brouillon… David Gordon Green envoie Laurie à l’hôpital, clin d’œil à Halloween 2 (1981), mais s’amuse à la rendre impotente. Michael n’arrive pas sur les lieux, il se balade dans Haddonfield et massacre à tour de bras, traqué par une horde de vigilantes énervés. Le propos est confus, dénonçant d’un côté la violence et les dérives d’une foule, multipliant de l’autre les passages gores et funs. David Gordon Green tombe dans le fan service avec moults flashbacks sur la nuit du 31 octobre 1978 et convoque tous les survivants, parfois incarnés par les actrices d’origine, parfois remplacés par un nouvel interprète, avec en bonus une doublure maquillée pour Loomis. Le récit sombre dans un infame gloubi-boulga, changeant sans cesse de point de vue. Cela n’augure rien de bon pour le troisième et ultime volet.


Mean Girls de Mark Waters (2004, Lolita malgré moi)
Cady Heron a grandi en Afrique avec des parents zoologistes qui ont assuré son éducation. Lorsque sa mère a été mutée dans une université américaine de l’Illinois, la famille s’est installée aux Etats-Unis. Âgée de seize ans, Cady connaît sa première rentrée scolaire. Peu habituée à socialiser, elle ne se préoccupe pas des apparences. Deux marginaux, Damian et Janis, lui expliquent les rapports de pouvoir et les différents groupes du lycée, lui conseillant de se méfier particulièrement des Plastiques, des filles populaires menées par la sournoise Regina. La jolie Cady est rapidement abordée par Regina qui essaye de l’intégrer dans sa bande. Elle finit par accepter, poussée par Janis qui souhaite qu’elle serve de taupe et lui expose leurs manigances.

Mean Girls est un film très apprécié aux Etats-Unis où il a gagné un statut culte avec le temps. Il a inspiré la chanson Obsessed de Mariah Carey, a été cité dans un tweet de la Maison-Blanche ou dans un discours de Jennifer Lawrence durant une remise de prix. Il a engendré un téléfilm, un jeu vidéo, deux romans, une BD et une comédie musicale qui a elle-même été adaptée au cinéma en 2024. C’est le seul scénario pour le grand écran de Tina Fey, tiré du livre de développement personnel Queen Bees and Wannabes de Rosalind Wiseman. Je m’attendais logiquement à un divertissement sympathique dans la lignée des œuvres d’Amy Heckerling comme Fast Times at Ridgemont High (1982) ou Clueless (1995). Ce n’est malheureusement pas le cas. Accablé par un humour lourdingue occasionnellement raciste, Mean Girls ne s’émancipe jamais des clichés et des situations convenues. Mieux vaut voir ou revoir Legally Blonde (2001) produit trois ans auparavant, infiniment meilleur dans le genre.


Panna a netvor de Juraj Herz (1978, La Belle et la Bête)
Ruiné par la perte de son convoi de marchandises, un commerçant est forcé de vendre ses biens pour rembourser ses créanciers. Il ne lui reste qu’un tableau de sa défunte épouse dont il espère obtenir un bon prix en ville. Sur le chemin, sa monture trépasse et il se réfugie dans un château en ruines. Au matin, il constate ravi que la peinture a été échangée contre de l’or et des bijoux. Avant de s’éclipser, il cueille une rose pour sa benjamine, suscitant la rage de l’épouvantable maître des lieux. Il est obligé de promettre de revenir ou d’envoyer une de ses filles. La belle Julie se désigne pour prendre sa place.

Bien que contemporain de la Nouvelle Vague tchèque des années 60, Juraj Herz a toujours été à la marge, juif slovaque rescapé des camps de la mort qui n’a pas été formé en école de cinéma. Son opus le plus fameux est L'incinérateur de cadavres (1969), comédie noire satirique retirée de la circulation au bout de quelques semaines et qui ne ressortit des placards qu’en 1990.
Sur le papier, une transposition de conte parut sans doute moins susceptible de choquer les censeurs. Panna a netvor est cependant loin de la version de Disney de 1991, Juraj Herz déploie une atmosphère gothique terriblement glauque dotée d’une photographie globalement terne qui contraste avec les rares touches de couleurs générées par le feu, le vin ou les rêves illuminées de Julie. Le récit réintègre ici un élément souvent oublié du conte originel de Madame de Villeneuve, où la Belle imagine en songes le véritable visage de la Bête. Le côté incestueux est également présent : le père refuse de laisser partir sa fille qui l’adore ; la Bête qui lui succède tombe au départ amoureux du portrait de la mère de Julie, qui lui ressemble énormément. Cette mouture se démarque donc à la fois du Disney et du Cocteau, ne serait-ce que par son aspect horrifique et sa représentation de la Bête en rapace déplumé. Malgré un rythme lent typique de l’Europe de l’Est de cette époque, cette passionnante variation d’un classique mérite le coup d’œil.


Bastarden de Nikolaj Arcel (2023, King's Land)
Fils d’une domestique, ancien jardinier, Ludwig Kahlen a gravi progressivement les échelons dans l’armée jusqu’à devenir capitaine au bout de 25 ans. A sa retraite en 1755, il demande l’autorisation de s’installer dans la lande danoise pour y cultiver une terre réputée stérile, exigeant un titre de noblesse en cas de réussite. Persuadée qu’il échouera, la cour accepte afin de satisfaire les lubies du roi. Après des semaines de recherche, Kahlen découvre un endroit propice et commence ses préparatifs. Il se heurte rapidement au magistrat local, un riche parvenu tyrannique. Il est heureusement aidé dans sa tâche par le curé de la paroisse, par un couple de serviteurs en fuite et par une fillette tzigane.

Bastarden est tiré du roman Kaptajnen og Ann Barbara d’Ida Jessen, vaguement inspiré d’une histoire vraie. Mads Mikkelsen incarne un Kahlen taiseux au passé violent contraint de dissimuler sa colère face aux puissants. L’ambiance évoque le western américain, on pense au Eastwood période Unforgiven (1992). Très traditionnel dans sa trame et dans sa forme, Bastarden convainc grâce à la qualité des acteurices, la désolation des paysages et le réalisme des costumes. En dépit d’un méchant caricatural, j’ai apprécié ce western scandinave sobre et premier degré.


چکمه [Chakmeh] de Mohammad-Ali Talebi (1992, Les bottes rouges)
Samaneh est une gamine capricieuse qui habite seule avec sa mère dans une petite maison de quartier dans la banlieue de Téhéran. Lassée de ses bêtises, la voisine ne veut pas la garder tous les jours et sa mère doit régulièrement l’emmener à son travail, un étroit atelier de couture peu adapté aux enfants. Durant un après-midi de courses en centre-ville, Samaneh choisit de belles bottes rouges pour remplacer ses vieilles sandales usées et hurle pour les porter immédiatement. Sur le chemin du retour, elle s’endort et égare une de ses chaussures neuves dans le bus. Quand elle s’en rend compte le lendemain, c’est le drame.

Mohammad-Ali Talebi est un spécialiste des œuvres mettant en scène des enfants. Il développe des intrigues simples sans sentimentalisme, avec parfois une touche sociale à l’image de Chakmeh où il décrit la rude existence d’une femme sans mari en Iran dans les années 90. Ce moyen métrage de 55 minutes fut produit par Shahed TV pour dépeindre le quotidien des victimes de la guerre Iran-Irak. On se concentre ainsi sur une veuve, sur sa fille Samaneh qui a perdu son père ou sur un gosse du quartier amputé d’une jambe. Chakmeh reste toujours à hauteur d’enfant, il épouse le point de vue de l’insupportable Samaneh et transforme la traversée d’une route ou la rencontre avec un chien en trépidante aventure. Malgré le comportement souvent énervant de Samaneh, c’est émouvant, un beau film pour enfants comme les Iraniens savaient le faire dans les années 80-90.


The Good Neighbor de Kasra Farahani (2016)
Ethan et Sean souhaitent réaliser une expérience sociologique visant à examiner l’influence de manifestations surnaturelles dans la vie d’un individu normal. Ethan sélectionne un voisin qu’il déteste, le vieux Harold Grainey, en tant que sujet d’étude. Les deux adolescents s’introduisent dans sa demeure et la truffent de caméras, de micros et de mécanismes permettant de contrôler des objets à distance. Pendant six semaines, ils observent Harold en s’amusant à simuler les actes d’un poltergeist. Sa réaction s’avère surprenante et les jeunes le suspectent de dissimuler un lourd secret.

The Good Neighbor est le premier long métrage de Kasra Farahani, un chef décorateur et illustrateur irano-américain. L’action est essentiellement vue à travers un caméscope que transporte Ethan en permanence, la webcam de son ordinateur ou des caméras de surveillance installées dans sa maison ou cachées chez Harold. Ces séquences sont entrecoupées par un procès se déroulant plusieurs mois après les évènements, qui laisse entendre qu’un drame a résulté de ce jeu malsain. S’il y a un côté touchant à voir un James Caan de 76 ans en papy inquiétant et si le discours sur les dangers de la vidéosurveillance n’était pas encore complètement galvaudé en 2016, ça ne suffit pas à sauver The Good Neighbor qui s’appuie sur un script de court métrage. On passe un temps infini sur ces deux ados antipathiques assis devant leur PC, avec l’impression d’espionner deux mecs qui regardent une version live de Paranormal Activity. Pour montrer qu’il n’est pas dupe, Kasra Farahani s’arrange pour que les protagonistes se moquent du found footage, ce qui n’empêche pas The Good Neighbor d’être agaçant, longuet et de perpétuer certains défauts du genre.


Films vus seuls
Just Before Dawn de William Castle (1946)
Le docteur Ordway est appelé par ses voisins d’en face pour faire une piqure d’insuline à un de leurs convives en pleine crise. Peu après l’injection, l’homme décède soudainement, prononçant dans un souffle de mystérieuses dernières paroles. L’autopsie révèle un empoisonnement et la police confie à Ordway la responsabilité de l’enquête. Il découvre que la victime était un flambeur maître-chanteur qui avait de nombreux ennemis.

Ce sixième volet des aventures du Crime Doctor est totalement centré sur Ordway, meurtrier involontaire qui mène l’investigation avec la bénédiction de l’inspecteur Burns. N’ayant pas à s’encombrer d’un jeune premier tartouille, le casting est plus solide que précédemment. Le scénario est à l’avenant, assez tendu avec une galerie de méchants patibulaires menés par Marvin Miller, un second couteau de série B célèbre pour son doublage de Robby le robot dans Planète interdite (1956). William Castle instaure une ambiance relativement sombre, renforcée par une bonne utilisation des éclairages. C’est sans doute le meilleur épisode jusqu’à présent.


El espectro del estrangulador de René Cardona (1966, Santo vs. the Ghost of the Strangler)
Le bras droit de l’étrangleur parvient à récupérer son cadavre à la morgue et à le ressusciter. Il lui a préparé un panel de masques adaptés à sa vengeance. Le tueur fou de Santo vs. el estrangulador (1965) reprend les assassinats des artistes de son ancien théâtre et espère détruire Santo, son ennemi juré. Celui-ci est contacté par la police, qui lui demande de capturer le criminel pendant qu’elle s’occupe de surveiller le théâtre.

Les Santo se suivent et se ressemblent. Bien que sorti en salles un an plus tard, El espectro del estrangulador a été tourné en même temps que Santo vs. el estrangulador en 1963. C’est l’ultime Santo du producteur Alberto López, qui a capitalisé à fond sur la franchise et a constitué un long métrage sans réelle matière. L’intrigue est quasi-inexistante, les séquences s’enchaînent sans tenir compte des précédentes. Il faut meubler, on a le droit à huit chansons et à trois matchs de catch. Ce dyptique de l’étrangleur était franchement faiblard, les prochains sous la houlette de Luis Enrique Vergara devraient apporter un certain renouvellement. Dépité du départ de Santo de son écurie, Alberto López lança un autre super-héros masqué, El Enmascarado de Oro, mais il ne rencontra aucun succès et fut vite abandonné.


土忍記 風の天狗 [Doninki Kaze no tengu] de Keiichi Ozawa (1970, Haunted Samurai)
Rokuheita est un samouraï ninja chargé de traquer les déserteurs. Sur ordre de ses supérieurs, il exécute un ami d’enfance, conjoint de sa sœur qui se suicide dans la foulée. Afin de d’attirer les faveurs du puissant clan Yagyu, son chef exige l’élimination d’un camarade qui a refait sa vie avec femme et gamin. Fatigué de verser le sang de ses compagnons, Rokuheita l’épargne et se retire dans une bourgade isolée. Son passé le talonne néanmoins sous la forme du terrible tueur Matahei Uzuki.

Arrivé à la Nikkatsu en 1956, assistant de Toshio Masuda et de Umetsugu Inoue, Keiichi Ozawa attendit douze ans pour passer à la réalisation en 1968. Il exerça principalement dans le cinéma d’exploitation, mêlant régulièrement action et érotisme. Doninki Kaze no tengu est davantage porté sur le premier que sur le second, nonobstant une scène de combat au bord de l’eau où des femmes ninjas ont oublié de mettre leur haut de kimono. La trame est extrêmement traditionnelle, un ninja-eiga avec une touche de matatabi-mono axé sur un héros solitaire et impassible qui aide les habitants d’un village oppressés par les méchantes autorités. Cela se regarde toutefois sans déplaisir grâce à un rythme soutenu et à une distribution solide menée par Hideki Takahashi, un spécialiste du yakuza-eiga méconnu en Occident.

Livres
Histoires fausses, textes réunis par Textes réunis par Demètre Ioakimidis, Jacques Goimard & Gérard Klein (Le livre de poche, collection « La grande anthologie de la science-fiction », 1984), 411 p.
Ce recueil regroupe seize nouvelles de treize auteurs et une autrice publiées aux Etats-Unis entre 1942 et 1972. Leur point commun est un humour lié non au style mais aux composantes scientifiques ou pseudo-scientifiques du récit, sans volonté de véracité.
Rapport sur la migration du matériel éducatif de John Thomas Sladek (1968) : Les livres migrent brusquement vers les tropiques.
Le soulier qui trouva chaussure à son pied de Philip K. Dick (1954) : Un soulier prend vie dans une machine permettant d’animer la matière.
Cochon tirelire de Henry Kuttner (1942) : Lassé d’être sans cesse cambriolé, un fabriquant de diamants commande un robot tirelire qui se carapate dès qu’on l’approche.
On demande le docteur Tic-Tac de Ron Goulart (1965) : Un homme en visite dans un hôpital se retrouve cloué dans un lit, interdit de sortie par un médecin androïde.
Le poison d'un homme de Robert Sheckley (1953) : Deux astronautes en quête de nourriture échouent sur un astre désolé et tentent de dénicher leur pitance dans des caisses abandonnées par des extraterrestres.
De tout pour faire un monde de Evelyn E. Smith (1962) : Deux officiers récalcitrants sont expédiés sur une planète hostile pour récupérer des pierres précieuses. Ils préfèrent s’occuper de leur maison plutôt que de leur mission.
La vie de pionnier de Robert Sheckley (1954) : Un couple de pionniers est perpétuellement rattrapé par la civilisation.
Le libérateur de Arthur Porges (1953) : Contrainte de capituler devant des envahisseurs, la Terre est sur le point d’être réduite en esclavage. Satan ne l’entend pas de cette oreille.
Les travailleurs immigrés de Richard Wilson (1958) : Un producteur de spectacles tombe sur un immeuble d’aliens immigrés spécialisés dans le show business.
Spectacle de marionnettes de Fredric Brown (1962) : Une horrible créature atterrit sur dans le désert de l’Arizona. L’armée est envoyée pour négocier.
Mots de mise en garde de Alex Hamilton (1972) : Les mots s’échappent des livres et s’enfuient en masse.
A thing of beauty de Norman Spinrad (1972) : Un Américain essaye de vendre à un Japonais les monuments new-yorkais.
Criminel en Utopie de Mack Reynolds (1968) : Un individu sans le sou recourt au crime pour survivre dans une société où l’argent a été totalement dématérialisé et où toute activité est tracée par un système de cartes.
Comment refaire Charlemagne de R. A. Lafferty (1967) : Une équipe de savants décide de changer un évènement dans le passé et de vérifier en direct les conséquences dans le présent.
Le modificateur de Arthur Sellings (1959) : Un studio de cinéma recherche la personne capable de modifier les projections en temps réel, transformant des drames en comédie ou des romances en films érotiques.
Un coup tu la vois de Richard Wilson (1967) : Un bon père de famille devient soudainement invisible en se réveillant un matin et doit gérer la situation avec son entourage.
Comme souvent dans ce type de compilations, l’intérêt est fluctuant bien qu’il y ait ici peu de déchets. De façon surprenante, le K. Dick est sans doute le plus faible et j’avais déjà lu récemment le Fredric Brown dans Paradoxe perdu. J’ai apprécié le kafkaïen On demande le docteur Tic-Tac, et les amusants Cochon tirelire et Le poison d'un homme. Le modificateur développe une idée séduisante pour les fans de cinéma tandis que Un coup tu la vois propose une variation originale de l’homme invisible, qui se concentre sur les inconvénients de la chose pour un honnête citoyen. De tout pour faire un monde, écrite par l’unique femme de la sélection, est la meilleure histoire du bouquin. Elle tourne autour d’un ménage gay (sans que cela ne soit jamais mentionné explicitement, on est en 1962) et offre un point de vue inédit sur une colonisation extra-planétaire.

Les funérailles de la Grande Mémé de Gabriel Garcia Márquez (Grasset, collection « Les Cahiers Rouges », 2003), 153 p.
Cet ouvrage paru en 1962 réunit huit textes rédigés par Gabriel Garcia Márquez se déroulant dans le fameux village de Macondo :
La sieste du mardi : Une mère et sa fille arrivent à Macondo et se dirigent d’un pas déterminé vers l’église.
Un jour comme les autres : Le dentiste Don Aurelio Escovar arrache une dent au maire.
Il n'y a pas de voleurs dans ce village : Damaso a dévalisé le billard et n’a trouvé que trois boules dont il ne sait que faire.
Le merveilleux après-midi de Balthazar : Balthazar a construit une superbe cage à oiseaux pour un destinataire qui n’est pas prêt à payer son prix.
La Veuve Montiel : La veuve de don José Montiel se retrouve seule à la suite du décès de son mari, que tout le monde haissait.
Un jour après le samedi : Un étranger descend du train par hasard pendant que les oiseaux se réfugient dans les habitations pour mourir.
Roses artificielles : Mina confectionne des roses artificielles, épiée par sa grand-mère aveugle.
Les funérailles de la Grande Mémé : Le gratin se presse à l’enterrement de la Grande Mémé.
Ces huit nouvelles se passent après la disparition du colonel Aureliano Buendia, durant le veuvage de Rebecca et sur la fin de la vie du père Antonio Isabel du Très Saint Sacrement de l’Autel. Elles se focalisent sur des personnages secondaires, des pauvres et des humbles, dans un style peu emprunt de réalisme magique à l’exception des Funérailles de la Grande Mémé et surtout d’Un jour après le samedi. C’est cette histoire que j’ai préférée, baignée d’une ambiance bizarre dans laquelle les oiseaux meurent mystérieusement. C’est aussi la plus longue et confirme mon opinion qui veut que Gabriel Garcia Márquez est meilleur quand il prend son temps.


Revues
Les Cahiers du cinéma n°812 – Septembre 2024
Le numéro de ce mois-ci consacre un dossier élogieux au Megalopolis (2024) de Coppola, avec un entretien complaisant du réalisateur, un article sur sa quête du live cinema et un portrait d’Adam Driver. Le rédacteur en chef a adoré et nous n’aurons donc pas un mot sur le comportement problématique de Coppola au cours du tournage révélé par le Guardian dès mai 2024 puis étayé par Variety en août. Absence également de débat contradictoire alors qu’une fraction de la rédaction semble avoir détesté le soi-disant chef d’œuvre. On retombe dans la défense à tout prix de l’Auteur, tare dont Les Cahiers avait réussi à s’extraire en partie ces dernières années.

Au niveau des nouveautés, je découvre le travail de la française Sophie Fillières, décédée à 58 ans en juillet 2023. Pas sûr que ça me plaise mais il faudra que je tente à l’occasion. L’hommage à Alain Delon n’est pas trop apologique, il se concentre sur les films davantage que sur l’homme. Pas grand-chose sinon, le dossier sur Wiseman n’apporte rien de neuf et je connaissais déjà la majorité des ressorties.


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