Films vus en compagnie
콜 [Kol] de Chung-Hyun Lee (2020, The Call)

Je me suis rendu compte au bout d’une quinzaine de minutes que j’avais déjà vu The Call. Nous avons néanmoins continué le visionnage car ma copine avait un doute. Nous aurions mieux fait de nous abstenir. Sorti directement sur Netflix en raison du covid, ce remake de The Caller, une obscure péloche anglo-portoricaine, est catastrophique Le scénario est bourré d’incohérences, les personnages sont caricaturaux et Jeon Jong-seo, qui incarne Young-sook, est complétement en roue libre. A éviter.
Three Identical Strangers de Tim Wardle (2018)

Sur la forme, Three Identical Strangers est un documentaire américain typique, avec de mauvaises reconstitutions, un montage manipulateur poussant le spectateur à adhérer à une théorie puis à son contraire, et la mise en place d’un faux suspense, les entretiens se déroulant vingt ans après les faits. Il est cependant tellement hallucinant sur le fond que ces défauts sont rapidement oubliés. Cette réunion inopinée de trois frères envoyés dans trois familles de milieux sociaux différents sur lesquels a été mené une expérience scientifique secrète est incroyable. Chaque fois que l’on pense en avoir terminé, un élément surgit et ajoute une nouvelle couche. Three Identical Strangers propose par ailleurs une réflexion intéressante sur les notions d’innée et d’acquis, en dépit de l’absence de point de vue du film qui soutient alternativement leur prédominance. Je recommande donc cette enquête passionnante en pardonnant sa réalisation discutable.
Halloween Ends de David Gordon Green (2022)

Cet ultime volet de la trilogie de David Gordon Green est probablement le pire des trois, et il y avait pourtant de la concurrence. Selon le principe de la contamination du mal, il est centré sur Corey qui remplace Michael. Le souci est qu’il ne lui arrive pas à la cheville. Je me suis vite désintéressé de ce méchant vaguement tourmenté, pas aidé par l’interprétation du peu charismatique Rohan Campbell. Ce vilain de bazar est totalement éclipsé par la réapparition de Michael et sa trame narrative n’a au final presque aucune importance. C’est triste de constater à quel point ce superbe croque-mitaine qu’est Michael Myers a été pitoyablement exploité, entre cette trilogie pourrie ou le dyptique nul de Rob Zombie.
Under the Shadow de Babak Anvari (2016)

Under the Shadow est le premier long métrage de Babak Anvari, un Britannico-Iranien qui a grandi en Iran dans les années 80. Il mélange un côté social fréquent dans le cinéma iranien contemporain dénonçant la condition de la femme dans ce pays à une atmosphère fantastique qui s’accroit au fur et à mesure que l’intrigue avance. Tourné en persan en Jordanie principalement en studio, c’est une coproduction anglo-jordano-qatari. Le premier tiers pose le décor, montre le quotidien d’une intellectuelle de classe moyenne dans les années 80 et le contexte qui engendre son insatisfaction ; le second insiste sur les conséquences de la guerre sur la population et instille des éléments surnaturels ; le troisième bascule complètement dans le fantastique en isolant la mère et sa fille dans un immeuble abandonné. En dépit d’une Shideh parfois antipathique en raison de sa frustration, l’ensemble est convaincant, avec un environnement original et une dernière demi-heure prenante.
Films vus seuls
Crime Doctor's Man Hunt de William Castle (1946)

Ce septième volet des enquêtes du Crime Doctor est assez mollasson. Les seconds couteaux sont quelconques, l’héroïne incarnée par Ellen Drew est fade et le récit est linéaire. A l’inverse de Just Before Dawn (1946) également mis en scène par William Castle, la photographie est terne. Au suivant.
Atacan las brujas de José Díaz Morales (1968, The Witches Attack)

Afin de diminuer les coûts, Atacan las brujas employa des membres du STIC (Sindicato de Trabajadores de la Producción Cinematográfica), un syndicat autonome qui n’était pas autorisé à travailler sur des longs métrages. Atacan las brujas est donc la combinaison de trois courts, Atacan las Brujas (L’attaque des sorcières), La Bruja Maldita (La sorcière maudite) et Aquelarre sangriento (Le clan sanglant). Chaque épisode répète le même schéma sans vraiment tenir compte du précédent, Ofelia est enlevée, Santo la délivre. Cette récurrence renforce l’aspect onirique de cette œuvre curieuse, fort différente des productions d’Alberto López. Pour des questions de budget, il fut tourné en extérieur ou dans des décors en ruines. Il n’y a qu’un unique match de catch (affreusement mal monté et cadré), pas de chanson, à peine une intrigue. Bien qu’objectivement médiocre, ce n’était pas déplaisant, plus original que ses prédécesseurs et doté d’une atmosphère fantasmagorique.
悪魔ですとーりー [Akuma de sutôrî/Devil De Story] de Santetsu Natsuki (1983, Devil Story)

La copie 16mm de Devil De Story a été retrouvé par hasard en 2022 lors d’une vente aux enchères par un collectionneur japonais, qui l’a sous-titrée puis faite scanner et restaurer par Kineko Video, une communauté spécialisée dans la numérisation d’animés. Ils l’ont ensuite mis à disposition sur YouTube dans une version légèrement censurée pour respecter les règles d’usage du site. Outre les informations fournies par le générique, la seule donnée disponible sur ce moyen métrage est l’étiquette « Natsuki Productions » collée sur le boitier contenant la bobine. Ce nom étant également porté par une agence de talents lancée en 1982, Kineko Video estime que Devil De Story avait probablement pour objectif de promouvoir ses acteurices, qui ne tournèrent dans aucun autre film.
Le résultat est très amateur et extrêmement fauché, avec des chansons, de la nudité gratuite, et de l’humour fondé sur un mélange de jeux de mots intraduisibles et de gros n’importe quoi. Ça fleure bon les années 80, que ce soit dans les costumes ou dans l’ambiance. Sans être désagréable, c’est à réserver aux fans de bizarreries nippones.
月形半平太 [Tsukigata Hanpeita] de Kôkichi Uchide (1952, Tsukigata Hanpeita)

Tsukigata Hanpeita est à l’origine une pièce de Rifû Yukitomo écrite en 1919 pour la compagnie de théâtre Shinkokugeki. C’est une des premières se déroulant durant la restauration de Meiji, une période trouble située entre la fin du shogunat et la consécration de l’empereur Meiji à la tête du pays. Elle est centrée sur un personnage fictif appelé Tsukigata Hanpeita, ami de deux figures historiques importantes, Ryôma Sakamoto et Kogorô Katsura. Elle a été adaptée à seize reprises sur grand écran, ici par la Shôchiku avec Utaemon Ichikawa en Tsukigata Hanpeita. La direction a été confiée à Kôkichi Uchide, qui quittera la Shôchiku pour la Toei en 1955 et travaillera sur des séries de jidai-geki et pour la télévision.
Ce Tsukigata Hanpeita de 1952 est essentiellement le récit d’un triangle amoureux entre Umematsu, Tsukigata et l’ex-conjointe d’un de ses ennemis. C’est terriblement convenu, un véhicule pour Utaemon Ichikawa qui assure le service minimum. A noter la présence d’Hibari Misora en Hinagiku, qui pousse brièvement la chansonnette.
Livres
Quête sans fin d’A.E. Van Vogt (Le livre de poche, collection « SF », 1977), 279 p.

Le dernier Van Vogt que j’avais lu était moins catastrophique que d’habitude et j’espérais réitérer avec ce livre apparemment axé sur des mondes parallèles. Ce ne fut pas le cas, on retombe dans les travers de l’auteur. C’est encore une fois un fix-up assez grossier de trois nouvelles publiées dans Astounding Science Fiction dans les années 40 : Film Library (juillet 1946), The Search (janvier 1943) et Far Centaurus (janvier 1944). La pire des trois, The Search, constitue malheureusement l’ossature du bouquin. Le héros est détestable, totalement égocentrique ; la trame est bancale, confuse, et les textes sont reliés entre eux de manière approximative ; la misogynie est omniprésente. A fuir.
Revues
Mad Movies n°385 – Septembre 2024

Du côté des nouveautés, rien de spécial, excepté peut-être Speak No Evil avec James McAvoy, remake d’un long métrage danois fauché ; et l’islandais Les belles créatures, sur une tragédie adolescente mâtinée de fantastique.
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