samedi 24 août 2024

Carnet de bord 17/08/2024-23/08/2024



Films vus en compagnie
Tomboy de Céline Sciamma (2011)
Laure, dix ans, emménage avec ses parents et sa petite sœur Jeanne dans une nouvelle ville. C’est l’été, les enfants trainent dans les rues, elle rencontre Lisa qui lui demande comment elle se prénomme. Décidant soudainement de se faire passer pour un garçon, elle répond Mickaël. Laure/Mickaël est admis⸱e dans la bande de Lisa, principalement composée de mecs, qu’iel observe pour copier leurs manières.

Tomboy est un des rares longs métrages qui aborde le thème de la transidentité chez les jeunes, en se focalisant totalement sur le point de vue de son héroïne. Il n’y a pas de formulation théorique ou de questionnement sur le bien ou le mal, Laure/Mickaël nous met devant le fait accompli puis gère son choix sans intervention des adultes. Bien qu’elle soit défendue bec et ongles par Céline Sciamma, la nudité frontale de Laure/Mickaël au début du film alors que le spectateur n’a pas encore réalisé que Mickaël était une fille m’a semblée franchement gratuite. Au même moment, sa mère l’appelle Laure, élément suffisant pour comprendre le subterfuge.
Tomboy consiste essentiellement à nous montrer des gosses qui s’amusent. On voit la façon dont les jeux sont des constructions artificiellement genrées : à l’inverse de Lisa qui reste en retrait, Laure/Mickaël est perçu⸱e comme un garçon et peut s’intégrer à leur groupe. Tout en approuvant les intentions de Céline Sciamma, j’avoue m’être vite lassé de regarder des gamins qui disent des trucs rigolos. Cette réserve de vieux ronchon n’empêche pas Tomboy d’être une œuvre importante et nécessaire. Malgré les protestations des réacs, sa diffusion dans les écoles est salutaire.


My Sister Eileen de Richard Quine (1955, Ma soeur est du tonnerre)
Ruth et Eileen débarquent à New-York et s’installent dans un appartement bon marché au sous-sol d’un immeuble de Greenwich. Ruth se présente à Bob Baker, le rédacteur en chef d’un magazine réputé, avec une lettre de recommandation d’un directeur de journal de son Ohio natal. Pendant ce temps, Eileen multiplie les castings dans l’espoir de devenir actrice. Les déconvenues s’enchaînent et les deux sœurs se désolent.

Ce My Sister Eileen de 1955 n’est pas tant un remake de son homonyme de 1942 qu’une relecture de la pièce de 1940 tirée d’une série d’articles autobiographiques de Ruth McKinney. Ce n’est pas non plus une adaptation du show de Broadway Wonderful Town de 1953, la Columbia ayant refusé de payer les droits élevés de la partition. La distribution est surprenante : Betty Garrett, qui avait disparu des radars depuis Un jour à New-York (1949), décroche le rôle de Ruth ; un Jack Lemmon novice incarne Bob Baker ; et Janet Leigh, pas vraiment connotée comédie musicale, interprète Eileen.
Les numéros sont originaux. La chorégraphie est signée Bob Fosse, crédité pour la première fois à ce poste, qui apparaît également à l’écran en amoureux transi d’Eileen. L’intrigue a été simplifiée par rapport à la version de 1942, elle manque de dynamisme, sans la folie et l’irrévérence du screwball. Betty Garrett n’est pas Rosalind Russell, sa Ruth est moins cynique, plus propre sur elle et je me suis un peu ennuyé.


Teeth de Mitchell Lichtenstein (2007)
Dawn est militante d’une association chrétienne qui prône l’abstinence avant le mariage. Au cours d’un meeting, elle rencontre Tobey, qui vient d’arriver en ville et a atterri dans sa classe. En dépit de ses principes, elle tombe amoureuse de lui. Un week-end, iels se rendent auprès d’un lac connu pour être un lieu de flirt. Isolés dans un recoin d’une grotte, iels s’échauffent et Tobey tente de forcer la main de Dawn. Devant sa réticence, il la brutalise et commence à la violer. Il ressent soudain une intense douleur et constate que son sexe a été tranché. Dawn en profite pour s’échapper. De retour chez elle, elle effectue des recherches sur internet et en conclut qu’elle possède un vagin denté.

J'ai eu envie de récupérer Teeth à cause de son analyse dans Teen Horror - De Scream à It Follows. A l’inverse de la plupart des critiques qui voient le film comme un pamphlet féministe, Pascal Françaix souligne la pudibonderie de l’héroïne, qui associe jusqu’au bout le sexe à la souffrance. Cela engendre un parallèle entre lutte féministe et puritanisme, tous deux tournés en dérision selon lui. J’avoue être dubitatif et, sans estimer que Teeth est un brulot féministe, c’est assez réjouissant et acerbe envers les personnages masculins. Le metteur en scène Mitchell Lichtenstein, l’amant gay dans Garçon d'honneur d'Ang Lee (1993), s’amuse avec les clichés. Il étale la nudité masculine alors qu’il cache le corps des femmes (à une exception sur la fin, dommage qu’il déroge à son concept), et n’hésite pas à balancer aux yeux des spectateurs des morceaux de pénis coupés. Les vingt dernières minutes sont décevantes, avec un antagoniste complètement raté. Cela n’empêche pas Teeth d’être une plaisante comédie d’horreur, qui ne mérite pas son 5.4 sur imdb.


Highway to Hell d’Ate de Jong (1991, L'autoroute de l'enfer)
Charlie et Rachel se sont enfuis pour se marier à Las Vegas. Craignant d’être arrêtés par la police, iels prennent une voie secondaire plutôt que l’autoroute et tombent sur un flic infernal qui enlève Rachel. Sur les conseils d’un vieux pompiste, Charlie pénètre en Enfer et se lance à la poursuite du maléfique sergent. Dans cet environnement hostile, ses chances de réussite sont faibles. Il va être secouru par Beezle, un mystérieux individu aux motivations obscures.

Gros bide à sa sortie, Highway to Hell a été redécouvert tardivement et a acquis un statut de mini classique. Autant le dire tout net, c’est clairement exagéré. A part Patrick Bergin en Beezle, l’interprétation est calamiteuse, avec une apparition d’un Ben Stiller débutant dans une prestation affligeante ; n’ayant pas pu obtenir les droits de la chanson homonyme d’AC/DC, la production s’est rabattue sur une bande originale composée par Hidden Faces, un groupe qui n’a jamais percé et on comprend pourquoi ; le scénario est affreusement nul, pas aidé par une réalisation bancale. Il n’y a guère que quelques effets spéciaux sympathiques et les jolis paysages de l’Arizona qui valent le coup d’œil. A éviter.


The Safety of Objects de Rose Troche (2001)
Dans une banlieue blanche américaine, les tribulations de quatre familles s’entremêlent. Chez les Gold, le fils Paul est dans le coma depuis un grave accident de voiture. Sa mère s’occupe de lui, sa sœur Julie culpabilise et son père refuse de l’approcher. Paul a eu une liaison avec la voisine d’en face, une femme divorcée mère de deux filles, Sam et Rayanne. Sam est amie avec Sally Christianson. Leurs parents leur présentent Paul, un garçon obsédé par la poupée de sa sœur et dont le père traverse une crise existentielle après une déconvenue professionnelle.

The Safety of Objects est la combinaison de sept nouvelles indépendantes d’A. M. Homes. Leur imbrication s’est avérée complexe et a nécessité un an et demi de travail de Rose Troche assistée par l’autrice. Le résultat n’est malheureusement pas emballant, les liens entre les récits sont souvent ténus et il y a beaucoup trop de protagonistes. Il aurait fallu se concentrer sur un cercle restreint, cela aurait permis une meilleure implication et nous aurait dispensé d’un montage fastidieux qui passe constamment d’une famille à une autre. C’est dommage car cette étude des angoisses de la petite bourgeoisie avait du potentiel. Dans un style similaire, mieux vaut revoir Ordinary People (1980) ou The Ice Storm (1997).


My Name Is Julia Ross de Joseph H. Lewis (1945, Le calvaire de Julia Ross)
A Londres, Julia Ross cherche désespérément un boulot, elle n’a pas un sou en poche et traine des arriérés de loyer. Quand une vieille dame lui propose de devenir sa secrétaire pour un salaire généreux, elle saute sur l’occasion. Elle doit loger sur place et déménage donc ses affaires, demandant à son copain Dennis de l’attendre le lendemain devant la résidence. Lorsqu’il se rend à l’adresse indiquée, il apprend que les occupants ont quitté les lieux la veille. De son côté, Julia se réveille dans une vaste demeure en Cornouailles où tout le monde semble considérer qu’elle est Marion Hugues, l’épouse du propriétaire.

My Name Is Julia Ross est tiré du roman policier The Woman in Red d’Anthony Gilbert (pseudonyme de Lucy Beatrice Malleson), neuvième volet des enquêtes d’Arthur Crook, un détective peu scrupuleux de classe populaire. Ce dernier est complètement absent de l’adaptation axée sur Julia Ross. La Columbia confia la réalisation à Joseph H. Lewis, un spécialiste du film noir resté dans les mémoires pour Gun Crazy (1950) et The Big Combo (1955). Au niveau de la distribution, on est clairement dans de la série B de qualité, pas de gros noms mais du solide entre May Whitty, vedette anglaise de théâtre vue dans Une femme disparaît (1938) ou Gaslight (1944), ou George Macready, le méchant général Paul Mireau dans Les sentiers de la gloire (1957).
L’histoire est linéaire et ne réserve guère de surprise. A l’inverse des modèles du genre comme Rebecca (1940) ou Gaslight (1944) qui entretiennent l’ambiguïté, le spectateur sait dès le départ que c’est un coup monté contre l’héroïne. En raison du manque de budget et de la pauvreté des décors, c’est principalement filmé en plans serrés et la photographie ne m’a pas impressionné. J’ai trouvé cela quelconque, loin des classiques cités précédemment.


Paulie de John Roberts (1998, Paulie, le perroquet qui parlait trop)
Fraichement débarqué de sa Russie natale, Misha Vilyenkov, professeur de littérature dans son pays, est engagé en tant qu’homme de ménage par une université américaine. Au sous-sol, il découvre une conure en cage, qui possède la merveilleuse faculté de parler parfaitement. En l’amadouant avec de la mangue, l’oiseau nommé Paulie prend confiance. Il accepte de lui raconter sa vie et la façon dont il a atterri dans cet endroit.

Les conures sont des psittacidae, famille qui comporte les perroquets et les perruches. La plus connue chez nous est la conure veuve sud-américaine, qui s’est implantée dans des villes du sud de l’Europe. Pour Paulie, quatorze conures à tête bleue ont été employées, combinées à de l’animatronique. Cette espèce n’est pas capable de performances vocales extraordinaires, elle se contente de répéter laborieusement quelques phrases. Pour faire coller le mouvement du bec de Paulie aux dialogues, la production dut recourir à un mélange d'animatronique et de CGI. Le casting est composé de gueules familières, que ce soient des anciens sur le retour (Gena Rowlands, Cheech Marin), des seconds couteaux récurrents (Bruce Davison, Bill Cobbs) ou la sœur de Jesse Eisenberg, Hallie Eisenberg, la petite fille des pubs Pepsi. A cela s’ajoute Tony Shalhoub parce qu’un gars s’est dit que c’était le meilleur choix pour jouer un Russe…
Paulie est une comédie familiale qui rappelle la grande époque animalière de Disney dans les années 60. L’esprit est bon enfant et c’est étonnamment plaisant. Excepté Bruce Davison qui est évidemment fourbe, les gens sont profondément gentils, même le malfrat minable qui veut profiter de Paulie. Il n’y a pas de temps mort et les personnages sont assez touchants. Gros bide à sa sortie et doté de critiques plutôt négatives, Paulie est un divertissement sans prétention qui mérite d’être réhabilité.


Films vus seuls
Halloween II de Rob Zombie (2009, Halloween 2)
Deux ans après le massacre d’Haddonfield, Laurie Strode est toujours traumatisée par les évènements. Elle vit dorénavant chez le shérif Brackett avec son amie Annie, une autre victime de Michael Myers qui s’est mieux remise psychologiquement. A l’approche de la nuit d’Halloween, les cauchemars de Laurie s’intensifient. Le corps de Michael s’étant volatilisé pendant son transfert à l’hôpital, un doute subsiste sur son décès. Le docteur Loomis, qui a capitalisé sur le drame pour écrire un livre à succès, affirme quant à lui que Michael a été tué.

Halloween II est la suite directe du Halloween de 2007 de Rob Zombie. Celui-ci avait très mal vécu le tournage, en conflit permanent avec les frères Weinstein qui produisaient, et il n’avait pas envie de rempiler. Comprenant qu’ils feraient un numéro 2 dans tous les cas, il consentit à le diriger en se disant que ça ne pourrait être pire. Raté, il fut contraint de se plier aux desiderata des moguls et renia les deux opus. Halloween II est en effet catastrophique, l’intrigue est fouillis, il n’y a aucune tension et, sorti de la scène d’hôpital au début, on s’ennuie franchement. Un diptyque à oublier, j’espère que la trilogie de David Gordon Green sera moins médiocre.


喜劇 一発勝負[Kigeki ippatsu shôbu] de Yôji Yamada (1967, The Greatest Challenge of All)
A la suite d’une dispute avec son père Tadashi, le propriétaire d’une auberge réputée, Kôkichi Nimomiya quitte la demeure ancestrale. Un an plus tard, une femme qu’il a abandonnée se présente à ses parents avec un bébé. Dépitée, la famille Nimomiya accepte d’adopter l’enfant. Onze ans s’écoulent. Au premier anniversaire de la disparition de sa mère, Kôkichi réapparaît soudainement. N’ayant rien perdu de sa fougue, il se saoule et tombe raide mort d’une crise cardiaque. Il se réveille miraculeusement durant son enterrement et se lance dans un projet délirant de source chaude.

Déçu du semi-échec de Ai no Sanka (1967), Yôji Yamada revient à une formule sûre en réunissant de nouveau Hana Hajime et Chieko Baichô, cette fois en tant que fratrie. Il explore le schéma du frère irresponsable de retour à la maison, qui fera la fortune des Tora-san. On n’est malheureusement pas dans l’humanisme touchant de Natsukashii furaibo (1966) mais dans la lourdeur de Kigeki ippatsu dai hisshou (1969). C’est typique d’un humour et d’une narration de rakugo, dont Yamada était fan. Cela m’a laissé dubitatif, à réserver aux complétistes de Yôji Yamada.


The Crime Doctor's Strangest Case d’Eugene Forde (1943)
A l’issue d’un second procès provoqué par le docteur Ordway, Jimmy a été blanchi de l’empoisonnement de son patron. Toujours coupable aux yeux de la société, il ne trouve qu’un emploi similaire d’assistant d’un riche agent immobilier. Quand celui-ci meurt empoisonné dans des circonstances mystérieuses, Jimmy est évidemment le suspect numéro un. Ordway est persuadé de son innocence et commence à fouiner, ce qui ne réjouit guère la police et l’entourage de la victime.

Après un premier épisode dramatique, la série des Crime Doctor prend dès ce second volet le chemin du pur whodunit, avec un scénario bancal qui vise essentiellement à rendre louche l’intégralité des protagonistes. L’intrigue est assez nulle, l’intérêt se situe dans la galerie de personnages. Lloyd Bridges, un acteur qui ne m’a jamais convaincu, joue avec trop d’intensité ; le reste de la distribution fait le boulot sans éclat, excepté un Jerome Cowan cocasse en pianiste grande gueule et pyromane involontaire. Le seul autre point notable est une brève séquence de rêve en ombres chinoises, bizarre et légèrement inquiétante.


Livres
L’arbre d’or de Michel Grimaud (Denoël, collection « Présence du future – Fantasy », 1998), 219 p.
Dans le royaume du tyran Budiban, le peuple survit dans la misère, oppressé par des taxes délirantes. Ils n’ont même plus de culottes longues, confisquées lors de la dernière vague d’imposition. Une nuit, un merveilleux arbre d’or apparaît dans les rêves de tous les pauvres du monde. Offusqué, le roi, sur les conseils de son devin, estime que cet arbre est le reflet d’une réalité et offre une grosse récompense à quiconque le ramènera. La population y voit une échappatoire et se lance en masse dans cette quête insensée.

Malakansâr, l’éternité des pierres m’avait laissé une impression mitigée et j’étais curieux de relire du Michel Grimaud, pseudonyme de Marcelle Perriod et Jean-Louis Fraysse. On est encore une fois dans la poursuite impossible d’un songe, avec une atmosphère plus sordide et violente que dans Malakansâr. Les évènements sont narrés par un groupe de conteurs qui se relaient. Ce gadget stylistique n’apporte rien, si ce n’est de souligner lourdement la parenté de L’arbre d’or avec l’univers du conte. Il y a un côté égrillard qui m’a fortement déplu, combiné à une représentation raciste du bon noir grand, costaud et objet sexuel des femmes concupiscentes. Si j’ajoute un récit pas franchement passionnant, on devinera facilement que je n’ai pas du tout accroché.


Nekojiru manju de Nekojiru (IMHO, 2021), 114 p.
Nekojiru manju s’ouvre sur deux parodies trash et crétines du Petit chaperon rouge et de La princesse Kaguya. Il enchaîne sur une courte histoire rigolote puis sur le cœur du livre, les aventures de Blanco et Noiro.
Blanco et Noiro sont deux jeunes chats élevés par un grand-père humain. A la mort de ce dernier, ils partent sur les routes pour essayer de retrouver leur mère. Ils ont heureusement hérité d’une importante somme d’argent et sont à l’abri du besoin. Ne possédant aucun indice, ils errent au hasard en questionnant les gens qu’ils rencontrent.

Nekojiru, pseudonyme de Chiyomi Hashiguchi, fut l’épouse du mangaka alternatif Hajime Yamano. D’abord assistante de son mari, elle se mit à dessiner et fut publié dans Garo en 1990. Le succès fut immédiat, le couple fut inondé de demandes et Hajime prit en charge la production et une partie des scénarios de Nekojiru. Dépressive, ne supportant pas les compromis, Chiyomi se suicida en 1998. Son style, mélange d’animaux mignons, de violence et de cruauté, marqua les esprits et deux animés furent réalisés après son décès (une série TV et une OAV bizarre).
Nekojiru manju se situe vers la fin de carrière de Chiyomi Hashiguchi, apparemment moins barré que Nekojiru Udon que je n’ai pas encore récupéré. C’est assez amusant et agréable à lire en dépit d’une conclusion en queue de poisson. J’ai particulièrement apprécié les deux contes introductifs complètement débiles, avec un humour absurde qui fonctionne bien. Fidèle à sa mauvaise habitude, IMHO ne propose pas de présentation, c’est au lecteur d’aller chercher sur internet des renseignements. C’est vraiment dommage de dénicher des auteurs inconnus en Occident et de les traduire sans les contextualiser.

Teen Horror - De Scream à It Follows de Pascal Françaix (Rouge Profond, collection « Raccords », 2020), 414 p.
Dans cet ouvrage, Pascal Françaix, romancier et critique de cinéma, se penche sur la teen horror contemporaine, la définissant comme les films d’horreur postérieurs à Scream centrés sur des adolescents ou des adulescents (jeunes adultes suivant le comportement des adolescents). Sur le plan théorique, il se concentre sur des approches féministes et postmodernistes, qui selon lui infusent les productions des années 2000-2010. Il divise son examen en cinq pans :
• Les remakes des classiques des années 70-80 (Halloween, Vendredi 13, Freddy, Carrie, Fright Night, Evil Dead…) ;
• Le nouveau teen slasher, qui tente avec plus ou moins de conviction de déconstruire et régénérer le genre ;
• Les longs métrages axés sur les névroses féminines, que ce soient les femmes monstrueuses, les sorcières, les psychopathes, les obsessionnelles… ;
• Les films d’exorcisme ;
• L’horreur masculine, très focalisée sur la question de l’homosexualité à travers des héros masochistes, des apprentis tueurs, des rapports élèves/professeurs malsains, des fraternités réelles ou universitaires.
S’écartant des études esthétiques à la française, Pascal Françaix dissèque les œuvres d’un point de vue discursif et sociologique, plus conforme aux modèles anglo-saxons. Cela correspond davantage à ma sensibilité et j’ai beaucoup aimé Teen Horror - De Scream à It Follows, dont il est curieusement difficile de trouver des avis sur internet. Le livre est pourtant abordable et lisible, avec de nombreux exemples et des titres allant du gros blockbuster à la sombre bobine fauchée. Même si je ne suis pas forcément en phase avec les positions défendues (cf. sa vision du docteur Loomis dans les Halloween ou son analyse de Teeth (2007)), les arguments sont toujours intéressants et pertinents. Ils poussent à réfléchir sur l’idéologie véhiculée par l’horreur adolescente contemporaine. Seul regret, il manque un index, qui aurait été pratique étant donné que je risque de reconsulter le bouquin. Je le recommande fortement, et je conseille en complément le long entretien que Pascal Françaix a accordé à Critikat.


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