samedi 13 janvier 2024

Carnet de bord 06/01/2024-12/01/2024



Films vus en compagnie
A fost sau n-a fost? de Corneliu Porumboiu (2006, 12h08 à l'est de Bucarest)
Seize ans après la fuite de Nicolae Ceaușescu le 22 décembre 1989, Virgil Jderescu, propriétaire d’une petite chaîne de télévision locale qu’il anime, veut revenir sur les évènements et examiner l’implication des habitants de sa ville dans la révolution à l’époque. Ses deux invités lui font faux bond, il est contraint de se rabattre sur un vieillard célèbre pour s’être déguisé en père Noël durant des décennies et un professeur alcoolique qui affirme avoir été un des premiers à manifester. Le débat tourne rapidement autour d’une question : y a-t-il eu la moindre protestation avant 12h08, heure à laquelle Ceaușescu s’est carapaté, ou la population n’a-t-elle envahi les rues qu’une fois la dictature liquidée ?

Au milieu des années 2000 a surgi en Roumanie une Nouvelle Vague composée d’une dizaine de réalisateurs (et une réalisatrice). Ils ont mis sur le devant de la scène internationale un cinéma roumain qui ne s’était jamais fait remarquer précédemment. Selon wikipedia, leurs films partagent des points communs : une approche minimaliste, austère et réaliste ; un scénario souvent lié aux années 80, à l’ère communiste, au régime de Ceaușescu et aux conséquences de sa chute ; une réflexion sur la liberté et la résilience ; et un humour noir. En dépit des excellentes critiques des Cahiers, qui ont suivi le phénomène dès le départ, je m’y étais pas intéressé jusqu’à maintenant.
A fost sau n-a fost? est le premier long métrage de Corneliu Porumboiu. Il aborde la subjectivité du souvenir à travers une galerie de personnages globalement pathétiques, dans une ville de province restée en marge des troubles. Bien que ça évoque initialement Kaurismaki, la satire s’avère plus présente, couplée à une amertume et à un naturalisme quasi-documentaire qu’on ne retrouve pas chez le Finlandais. J’ai beaucoup apprécié et je vais continuer mon exploration de ce cinéma.


Kurak Günler d’Emin Alper (2022, Burning Days)
Emre arrive dans un trou perdu au cœur de l’Anatolie où il vient d’être nommé procureur. Jeune et sans expérience, il tente d’imposer le respect de la loi aux notables décadents qui ont l’habitude d’agir comme bon leur semble. La municipalité a de gros problèmes d’approvisionnement en eau et des gouffres circulaires de plusieurs mètres de diamètre s’ouvrent régulièrement dans le sol. Une instruction est en cours pour savoir si ces perturbations sont associées à la surexploitation des nappes phréatiques. Le maire souhaiterait étouffer l’affaire pour ne pas gêner sa réélection tandis que le séduisant gérant du journal de l’opposition pousse Emre à poursuivre les responsables.

Je connais peu le cinéma turc, qui a une glorieuse Histoire et un âge d’or situé entre les années 50 et 80. J’ai uniquement vu Yol, la permission (1982) et des nanars type Turkish Star Wars (1982). Depuis les années 2000, la figure de Nuri Bilge Ceylan domine, avec des œuvres ultra-longues que je soupçonne d’être intello-mou du genou. Je n’avais pas d’attente sur Kurak Günler, dont je n’avais pas entendu parler et que j’ai regardé par hasard. Les Cahiers lui ont reproché son déroulement prévisible et son style lourdement esthétisant. Tout en embrassant ces réserves, j’ai accroché grâce à un ancrage rural crédible dans de superbes décors naturels. Emin Alper montre l’engrenage de la corruption et la difficulté pour un individu isolé de se révolter contre un système en place. Burning Days ne tombe pourtant pas dans le défaitisme et le combat de d’Emre, quoique vain, apparaît courageux et nécessaire.


See How They Run de Tom George (2022, Coup de théâtre)
En 1953 à Londres, un producteur a acheté les droits de The Mousetrap d’Agatha Christie, qui cartonne au théâtre et célèbre sa 100e représentation. Pendant la fête, le méprisable réalisateur hollywoodien chargé de l’adaptation est assassiné et son corps est retrouvé sur la scène. L’inspecteur Stoppard est envoyé pour investiguer, assisté de l’agente novice Stalker. Celle-ci a tendance à tirer des conclusions hâtives et Stoppard doit la réfréner alors que l’enquête piétine et que les suspects s’accumulent.

J’aime beaucoup les whodunit et j’en ai déjà chroniqué un certain nombre en ces lieux. Je suis en général assez indulgent, il suffit que l’intrigue soit distrayante et le/la détective sympathique. See How They Run répond à ces conditions minimales et je vais donc être gentil bien que ça ne casse objectivement pas trois pattes à un canard. La trame est construite autour de The Mousetrap d’Agatha Christie, une des rares pièces de l’autrice inédite à l’écran en raison d’une subtilité contractuelle stipulant qu’elle ne pourrait être transposée que six mois après sa dernière à Londres. Or, jusqu’à l’arrêt dû au covid en mars 2020, elle n’avait jamais été interrompue depuis son lancement le 6 octobre 1952.
See How They Run joue trop au malin en multipliant les effets de montage et les références. A travers une prolifération de clins d’œil méta au public, il affirme qu’il n’est pas dupe et maîtrise ses classiques. En réalité, le scénario est convenu et flemmard malgré deux-trois bonnes idées. Heureusement, il y a le plaisant duo Stoppard/Stalker, traditionnelle combinaison vieux briscard/jeune naïve qui fonctionne parfaitement grâce à Sam Rockwell et Saoirse Ronan. A l’image du reste du casting, ielles ont l’air de s’amuser et transforment cet anecdotique See How They Run en un spectacle divertissant.


Distant Voices, Still Lives de Terence Davies (1988, Distant Voices)
Distant Voices, Still Lives retrace deux âges de la vie des Davies, une famille catholique ouvrière de Liverpool. Le segment Distant Voices se concentre sur Tommy, le père abusif et violent. Craint de sa femme, il est haï par sa benjamine Eileen et, dans une moindre mesure, par son fils Tony tandis que l’aînée Maisie éprouve des sentiments mitigés. Still Lives se situe après la mort de Tommy et montre les relations conjugales des deux sœurs.

Cela faisait des années que Distant Voices, Still Lives trainait dans mes listes et je me suis enfin décidé à le regarder. C’est le premier vrai long métrage de Terence Davies, The Terence Davies Trilogy (1983) étant un regroupement de trois courts, et le deuxième volet de sa trilogie autobiographique (suivi de The Long Day Closes en 1992). Distant Voices, Still Lives surprend par sa structure non linéaire, assemblage de brèves séquences de diverses époques sans notion de présent auquel se référer. Le second élément étonnant est l’utilisation des chansons, omniprésentes dans le quotidien des Davies. Ce n’est pas une bande originale à l’hollywoodienne, c’est une musique chantée par les protagonistes, essentiellement a cappella, qui leur permet d’exprimer leurs émotions opprimées.
Sur le papier, Distant Voices, Still Lives évoquerait un cinéma social à la Ken Loach ou Mike Leigh sur les souffrances de la classe ouvrière. Il s’en écarte sensiblement à la fois par son ancrage historique, loin de la Grande-Bretagne contemporaine que Terence Davies détestait, et par sa focalisation sur le microcosme familial, sans préoccupation politique ou sociétale. Cela aboutit à un résultat unique et passionnant avec des passages dérangeants, notamment ceux comprenant Pete Postlethwaite (Tommy). Une belle découverte, je vais m’empresser de récupérer The Terence Davies Trilogy et The Long Day Closes.


Margot at the Wedding de Noah Baumbach (2007, Margot va au mariage)
Margot va avec son fils Claude au mariage de sa sœur Pauline. Elles ne se parlent plus depuis des années et ont des caractères très différents, entre Margot l’écrivaine égocentrique et hautaine et Pauline qui manque de confiance en elle. Dès son arrivée, Margot impose ses vues à son entourage, désapprouvant le choix de Pauline d’épouser le médiocre Malcolm et rabrouant régulièrement Claude.

A l’instar de tous les Noah Baumbach, Margot at the Wedding est centré sur une famille dysfonctionnelle dont les membres se déchirent dans une tonalité comico-dramatique. C’est parfois convaincant, comme dans The Squid and the Whale (2005) ou The Meyerowitz Stories (New and Selected) (2017), parfois pénible à l’image de White Noise (2022) ou de ce Margot at the Wedding. La faute en revient ici à la galerie de personnages plus abjects les uns que les autres, menés par une Margot insupportable. Dans les opus réussis de Noah Baumbach, chacun a ses raisons. Si cela m’agaçait par moment, je devinais où il voulait en venir et je me sentais un minimum impliqué. Dans Margot at the Wedding, je me suis rapidement désintéressé de cette brochette d’égoïstes et j’étais content que ça se termine.


Diamantino de Gabriel Abrantes & Daniel Schmidt (2018)
Star de l’équipe de football du Portugal, Diamantino est un attaquant brillant à l’esprit enfantin, qui s’invente un univers cotonneux peuplé de chiots géants quand il court sur le terrain. La veille de la finale du mondial, l’apparition de réfugiés misérables aux abords de son yacht le ramène brusquement à la réalité. Perturbé, il rate un pénalty décisif le lendemain et devient la risée du pays. Pour se consoler de son échec et de la perte de son père décédé d’une crise cardiaque le soir du match, il déclare vouloir adopter un réfugié. Les services secrets, qui enquêtent sur un éventuel détournement d’argent vers des paradis fiscaux, en profitent pour infiltrer une de leurs agentes, Aisha, qui se déguise en jeune immigré mozambicain.

Diamantino est le premier long métrage du Luso-américain Gabriel Abrantes et de l’Américain Daniel Schmidt, qui se sont rencontrés au cours de leurs études à New York. Paradoxalement, comparé à la bande-annonce qui regroupait les plans les plus barrés, Diamantino m’a semblé relativement sage et posé, avec un discours politique simpliste mais qui fait plaisir en ces temps de montée de l’extrême droite, autour d’une conspiration nationaliste stupide. Il est porté par la performance de Carloto Cotta, acteur découvert par Miguel Gomes en 2003. Celui-ci est parfait en parodie queer de Cristiano Ronaldo, avec un accent açorien improbable que j’ai détecté en dépit de ma maigre pratique des accents portugais. La satire pop et kitsch ne fonctionne pas toujours, avec un gros ventre mou où le rythme retombe durant une demi-heure, et la relation entre Diamantino et son « fils » adoptif est un peu creepy. Diamantino est néanmoins une œuvre profondément sympathique, qui a divisé la critique et mérite le coup d’œil pour se forger sa propre opinion.


Films vus seuls
名探偵コナン 黒鉄の魚影 [Meitantei Konan: Kurogane no Sabumarin] de Yuzuru Tachikawa (2023, Détective Conan : Le Sous-marin noir)
Conan et sa bande se rendent sur l’île d’Hachijô-jima dans la mer des Philippines pour observer les baleines. En arrivant sur les lieux, Conan remarque l’inspecteur Shiratori et son chef. Il embarque clandestinement sur leur bateau et ne révèle sa présence qu’au moment d’atteindre la Bouée du Pacifique, une base marine d’Interpol qui a pour objectif de relier toutes les caméras de surveillance du monde. Combinée à un logiciel révolutionnaire de reconnaissance faciale, cette technologie est conçue pour repérer n’importe qui sur Terre. Cela n’enchante pas les hommes en noir, qui décident de mettre leur nez dans cette affaire.

Meitantei Konan: Kurogane no Sabumarin est le vingt-sixième Meitantei Konan sur grand écran. La fournée de 2022, Meitantei Konan: Harowin no hanayome (2022), m’avait déçue et cet épisode s’avère supérieur quoiqu’encore réservé aux fans. Les films de Meitantei Konan ne sont pas censés être canon et, pendant longtemps, ils ne se sont pas attaqués à la trame principale, préférant se focaliser sur des antagonistes secondaires à l’image de Kaito Kid. Les producteurs ont changé leur fusil d’épaule ces dernières années et Meitantei Konan: Kurogane no Sabumarin est complètement rattaché aux évènements de la série.
Un néophyte sera perdu et je suis surpris que cet opus ait été diffusé dans les salles françaises en août 2023. Il n’a logiquement pas marché, avec moins de 30 000 entrées. En revanche, pour un amateur du manga ou de l’animé, c’est riche, concentré sur Conan et Ai, avec pas mal d’action et des méchants illustres. Malheureusement, comme d’habitude dans Meitantei Konan, on fait un pas en avant et un en arrière afin que le mystère ne progresse pas d’un pouce et que l’auteur puisse continuer à vendre ses bouquins (104 volumes à l’heure actuelle).


Brain Damage de Frank Henenlotter (1988, Elmer le remue-méninges)
Fatigué et malade, Brian est obligé de rester couché et ne peut accompagner sa copine à un concert. Il se réveille avec le cou en sang et souffre d’hallucinations avant de sombrer dans l’inconscience. Quand il émerge enfin, une étrange créature phallique douée de parole est à ses côtés. Elle lui promet une vie remplie de visions colorées s’il suit ses consignes et lui permet de lui mordre la nuque de temps en temps. Brian accepte et, dans ses délires, ne comprend pas que son partenaire est un assassin mangeur de cervelles.

Frank Henenlotter est une figure incontournable du cinéma d’exploitation des années 80. Il est né et a grandi à New York, à une époque où le centre-ville n’était guère fréquentable, avec une 42e rue qui regroupait les salles spécialisées dans la sexploitation et autres bobines sensationnalistes. Rejetant l’horreur facile et grand public, il dut attendre six ans entre son premier long métrage, Basket Case (1982) tourné en 16mm pour 35 000$ (environ 110 000$ aujourd’hui) et Brain Damage, en 35mm avec un budget de 2 millions de dollars (autour de 5 millions de nos jours, le prix d’une production Blumhouse). Cette enveloppe conséquente ouvrit la porte à des effets spéciaux plus recherchés et à la stop-motion.
L’intérêt de Brain Damage réside dans le monstre Elmer doublé par l’animateur de télévision John Zacherle (non crédité pour éviter des ennuis avec la Screen Actors Guild). L’histoire est minimaliste, le montage initial durait 1h06 et il fut rallongé d’une vingtaine de minutes en insérant des scènes coupées. On y retrouve un questionnement similaire à Basket Case sur le mal, qui est un phénomène intérieur propre au héros et pas un danger extérieur. Rick Hearst se débrouille correctement en Brian pour ses débuts en tant qu’acteur, il se recyclera sur le petit écran en belle gueule de soap opera. Dans le genre fauché, gore et farfelu, c’est assez distrayant, avec un traitement étonnamment juste de l’addiction (même si Frank Henenlotter considère que ce n’est pas le cœur de Brain Damage, insistant sur une vague inspiration faustienne).


美わしき歳月 [Uruwashiki saigetsu] de Masaki Kobayashi (1955, Les belles années)
Des amis d’enfance inséparables se sont éloignés en vieillissant : Imanishi, médecin idéaliste, refuse de faire payer les pauvres et ne parvient pas à conserver un poste ; Hakamada travaille dans une usine avec un supérieur qu’il déteste ; et Nakao est un batteur de jazz désabusé. La bande était composée d’un quatrième larron, Yukio, décédé durant la guerre. Les trois camarades continuent de rendre visite à la grand-mère de leur ancien compagnon ainsi qu'à sa sœur, la gentille Sakurako dont Imanishi est amoureux.

Masaki Kobayashi commença à la Shôchiku en 1952. Au cours de la première moitié des années 50, il enchaîna les drames sentimentaux dans le pur style Ofuna (nom du studio emblématique de la Shôchiku à Tôkyô). Son seul titre contestataire de cette période, La pièce aux murs épais réalisée en 1953 sur un scénario de Kôbô Abe, fut censuré pendant trois ans par crainte de la réaction de l’autorité américaine d’occupation. A partir de 1956, il se lança dans une diatribe de la société japonaise, avec en point d’orgue ses chefs d’œuvres La condition de l’homme (1959-1961) et Harakiri (1962).
Uruwashiki saigetsu se situe dans la veine plutôt mélo du début de carrière. Il met en vedette une jolie brochette de comédien·ne·s, notamment Isao Kimura (Imanishi), Keiji Sada (Nakao) et Yoshiko Kuga (Sakurako). Leurs destins s’entrecroisent dans une trame dense, qui ne laisse de côté aucun des protagonistes. C’est sobrement photographié et parfaitement interprété, dans une perspective humaniste typique de la Shôchiku de Shiro Kido. Sans atteindre la perfection de ses classiques, Uruwashiki saigetsu est une belle réussite de Masaki Kobayashi, qui montre qu’il y a encore des pépites méconnues dans sa filmographie.


Livres
L’animation japonaise en France – Réception, diffusion, réappropriations dirigé par Marie Pruvost-Delaspre (L’Harmattan, collection « Cinémas d’animations », 2016), 222 p.
L’animation japonaise en France – Réception, diffusion, réappropriations est un ouvrage de recherche comprenant onze chapitres divisés en trois volets :
Réception : retour sur la réception des animés japonais en France et en Italie de leur avènement mouvementée dans les années 70-80 à leur acceptation générale dans les années 2000-2010.
Diffusion : analyse des différents moyens de diffusion des animés, des coproductions inaugurales à la distribution en VHS, en DVD, en streaming et au cinéma.
Evolution des perceptions : un article examine les impacts du DVD sur l’accès et la perception des animés par les fans ; deux autres se penchent sur l’évolution du regard porté par la critique.
Tandis que les livres traitant de la réception et de la diffusion des animés dans les pays importateurs existent depuis longtemps aux Etats-Unis ou en Italie, la France manquait cruellement d’études de ce genre. Elle est pourtant une des plus gros consommatrices mondiales d’animés et de mangas et une pionnière dans la diffusion de masse à la télévision, avec son lot de polémiques. L’animation japonaise en France comble ce déficit. La plupart des textes sont brefs et ne font que défricher le terrain. Ils ont été écrits majoritairement par de jeunes chercheurs, qui se contentent parfois de résumer leur thèse de doctorat et qui approfondiront à coup sûr certains aspects à l’avenir. En dehors d’un premier essai un peu brouillon d’un ancien rédacteur d’AnimeLand, c’est lisible et abordable sans nécessiter d’expertise dans le domaine.
Pour moi qui ai baigné très tôt dans l’animation japonaise, qui ai connu les VHS anglaises de Manga Video et lu AnimeLand dès son arrivée en kiosque en 1996 (il a été créé en 1991 sous la forme de fanzine, support difficilement accessible dans ma province), L’animation japonaise en France s’est avéré passionnant. Je n’étais pas au courant dans le détail des étapes qui ont ponctué la montée en puissance de l’animation japonaise en France ou des acteurs clés qui ont participé à sa diffusion. J’ai également apprécié la comparaison avec l’Italie, qui souligne les nombreux rapprochements entre les deux pays et relativise les spécificités françaises. L’unique reproche est la limitation aux animés alors que ceux-ci possèdent des liens forts avec le manga et les jeux vidéos (l’importance du magazine Player One dans la transmission de la culture japonaise auprès d’un jeune public français est rapidement mentionnée). Cette lacune est assumée en introduction et compréhensible compte tenu de l’étendue des sujets à couvrir. Cela sera, j’espère, le thème de futurs travaux.


Les lubies lunatiques de Fritz Leiber (Presses Pocket, collection « Science-Fiction / Dark Fantasy », 1989), 285 p.
Les lubies lunatiques est un recueil de dix-sept nouvelles de 6 à 28 pages publiées entre 1940 à 1974. Elles n’ont aucun lien entre elles si ce n’est d’avoir été choisies par Alain Dorémieux, le directeur de la collection. Elles oscillent entre fantastique et science-fiction, que ce soit du fantastique moderne se déroulant dans le monde contemporain ou de la science-fiction onirique ou satirique, la science étant prétexte à des divagations.

J’affectionnais Fritz Leiber dans mon adolescence en raison de son Cycle des épées, un incontournable de l'heroic fantasy. J’avais par contre été déçu par Le vagabond, pourtant bien réputé et vainqueur du prix Hugo en 1965. Malheureusement, Les lubies lunatiques se situent dans la même lignée et, à deux-trois exceptions près, je n’ai pas accroché. Quasiment tous les héros sont des hommes et c’est sexiste dans l’ensemble, les femmes ne servant que d’objet de désir. Le summum est atteint dans le dernier texte, le pire, où le narrateur est excité par une gamine de onze ans. Il découvre que c’est en fait sa fille conçue lors d’une nuit d’amour avec une extraterrestre, ce qui est apparemment censé expliquer son attraction ?! (désolé pour le spoiler). Assez souvent, des idées attrayantes ne sont pas correctement exploitées et sont gâchées par une conclusion quelconque. Je n’en retiens presque rien, juste Fantômes de fumée, à l’ambiance oppressante malgré sa fin ratée, et Mariana, courte et efficace. Deux sur dix-sept, c’est maigre.


Revues
Les Cahiers du cinéma n°805 – Janvier 2024
Après les tops récapitulatifs, l’autre marronnier des Cahiers dont je me contrefiche est leur série d’articles sur les titres attendus cette année. Je m’y intéresserai quand ils sortiront et qu’on aura du concret à se mettre sous la dent. Il y a en revanche un dossier conséquent sur le conflit israélo-palestinien, avec des interviews de l’historien Elias Sanbar côté palestinien et du réalisateur Avi Mograbi côté israélien, ainsi qu’une liste de neuf films traitant de la situation au Proche-Orient à diverses périodes. Je n’en connais aucun et plusieurs ont l’air passionnants.

Au niveau des sorties, je crains le Todd Haynes, May December (2023), où une actrice rencontre la femme qu’elle doit incarner, une ancienne enseignante qui a eu une affaire vingt ans auparavant avec son élève de 12 ans. Pas grand-chose qui m’attire, si ce n’est en Blu-Ray Yaaba (1989) du burkinabè Idrissa Ouedraogo, sur l’amitié entre un enfant et une vieille dame à la réputation de sorcière.


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