samedi 8 novembre 2025

Carnet de bord 01/11/2025-07/11/2025



Films vus en compagnie
Ransom for a Dead Man de Richard Irving (1971, Columbo : Rançon pour un homme mort)
La prestigieuse avocate Leslie Williams abat froidement son époux, se débarrasse du corps et s’envoie par la poste une fausse lettre de rançon. Elle fait croire à la police qu’elle reçoit un coup de fil lui fixant un rendez-vous pour remettre l’argent et feint de livrer le sac de billets. Elle joue ensuite la veuve éplorée lorsque son mari est retrouvé mort. En dépit de cet efficace subterfuge, sa belle-fille Margaret est persuadée qu’elle est coupable, de même qu’un flic local un peu collant, le lieutenant Columbo.

Trois ans après Prescription: Murder (1968) qui avait eu un beau succès auprès des spectateurs, NBC produisit un pilote pour une future série Columbo dans le cadre de son nouveau programme The NBC Mystery Movie. Peter Falk ne désirant pas s’engager sur une base hebdomadaire, le concept de l’émission fut de proposer chaque semaine un téléfilm d’1h30 avec une alternance entre trois séries.
Ransom for a Dead Man est encore dirigé par le médiocre Richard Irving. L’antagoniste est cette fois interprétée par une femme, Lee Grant (In the Heat of the Night (1967), Shampoo (1975), Mulholland Drive (2001)). Révélée en 1951 par Detective Story, elle avait refusé de témoigner contre son conjoint Arnold Manoff devant la Commission des activités antiaméricaines de la Chambre des représentants et avait été blacklistée. Elle travailla donc essentiellement pour la télévision durant les années 50-60. A noter que sur les 69 épisodes de Columbo, il n’y eut que 18 meurtrières sur les 79 assassins, soit 23%.
A l’inverse de Prescription: Murder, tous les éléments du personnage de Columbo sont ici stabilisés, il manque uniquement le vieux tacot et le chien. Il a les cheveux en bataille, son imper froissé, son air ahuri et son fort accent du Bronx. L’intrigue est plutôt faible, avec une résolution nase et une mise en scène poussive, remplie d’effets hasardeux. Ce n’est que le début et j’attends avec impatience le suivant réalisé par un jeune prometteur de 25 ans nommé Steven Spielberg.


Ma vie ma gueule de Sophie Fillières (2024)
Barberie Bichette a 55 ans, mère de deux enfants à présent adultes, Junior qui vient la voir de temps en temps et Rose qui la snobe. Elle est divorcée et habite seule dans son appartement parisien. Terrifiée par la mort, elle sombre doucement dans la dépression. Elle croise un jour dans un café un ami d’enfance dont elle ne se souvient plus et est victime d’une crise de délire. Quand elle reprend ses esprits, elle est dans un hôpital psychiatrique où elle va commencer à se reconstruire.

Ma vie ma gueule est l’ultime opus de Sophie Fillières, décédée en juillet 2023 des suites d’une longue maladie. Elle a pu terminer le tournage et a demandé à ses enfants de superviser le montage en leur prodiguant des conseils et directives. Elle se savait condamnée et on ne peut s’empêcher de penser à elle en voyant Barberie, entourée comme elle d’un fils et d’une fille qui souhaitent l’accompagner jusqu’au bout. Agnès Jaoui a d’ailleurs emprunté des vêtements et des bijoux de Sophie Fillières pour ses costumes, et le psy de cette dernière apparaît dans son propre rôle. Dans le même temps, en dépressive franche du collier qui soliloque, Agnès Jaoui n’a jamais autant ressemblé à une version féminine de Jean-Pierre Bacri.
Dans leur critique, Les Cahiers du cinéma estiment que Ma vie ma gueule est un « frappant contrepoint aux précédentes œuvres de Sophie Filières, où l’angoisse était si habilement contournée par les personnages qu’ils avaient moins l’air d’en souffrir que d’en jouer ». Je n’ai vu pour ma part que Arrête ou je continue (2014) qui ne respirait pas la joie. Dans les deux cas, passé l’introduction, le film peine à trouver son rythme avant de se déployer pleinement. L’humour est noir, un « comique du désespoir » selon la formulation des Cahiers, et Agnès Jaoui sonne juste. Malgré son côté épisodique et un Philippe Katerine en guest-star dispensable, l’ensemble fonctionne bien et mérite le coup d’œil.


இன்று நேற்று நாளை [Indru Netru Naalai] de R. Ravikumar (2015)
Elango est un auto-entrepreneur bourré d’idées et sans un sou, qui essaye sans succès d’obtenir des financements pour ses concepts. Sa fiancée Anu aimerait qu’il accepte un emploi stable afin qu’elle puisse le présenter à son père et se marier avec lui. Le meilleur ami d’Elango est Pulivetti Arumugam, un faux astrologue qui espère se construire une clientèle de gogos. Par une série de hasards, Elango et Pulivetti tombent sur une machine à voyager dans le temps de 2065. Ils l’utilisent pour faire fructifier le commerce de Pulivetti mais modifient involontairement le passé en sauvant un truand ennemi du père d’Anu qui aurait dû mourir.

Indru Netru Naalai est le premier long métrage Kollywood (cinéma tamoul) de voyage dans le temps, six ans avant l’excellent Maanaadu (2021). Il marque les débuts à la réalisation de R. Ravikumar, qui n’a depuis dirigé que le mal noté Ayalaan en 2024. Il met en vedette Vishnu Vishal (Elango), devenu une star en 2018 avec son rôle de flic dans le thriller Ratsasan ; Miya George (Anu), une actrice et mannequin du cinéma malayalam (Mollywood) ; et Karunakaran, un spécialiste de la comédie qui joue également le sidekick rigolo dans Maanaadu.
En dépit d’un méchant à moustache over the top, on est loin de la qualité de Maanaadu. Indru Netru Naalai se complait dans un humour poussif, les rares séquences d’action sont ratées, on sent la minceur du budget et les interprètes ne sont pas franchement charismatiques. C’est en outre beaucoup trop long, avec une absence de tension et d’enjeux, et on s’ennuie rapidement. Je ne comprends pas pourquoi il a 8.0 sur imdb sur 5400 votes, ce n’est clairement pas mérité.


Un ours dans le Jura de Franck Dubosc (2024)
Michel est propriétaire d’une exploitation de sapins dans le Jura. Sur la route en rentrant chez lui, il fait une embardée pour esquiver un ours et percute un véhicule stationné sur le bas-côté, tuant sur le coup son occupante. Affolé, le compagnon de celle-ci tente de s’enfuir, trébuche et meurt perforé par une branche d’arbre. Quand Michel explique à sa femme Cathy ce qui est arrivé, elle retourne sur les lieux avec lui pour effacer les traces et planquer les corps. Dans le coffre de la voiture, iels découvrent deux millions d’euros en liquide qu’iels décident de conserver.

Je n’avais jamais rien vu avec Franck Dubosc, encore moins mis en scène et écrit par lui, à l’exception d’extraits de Fiston (2014) sans le son que j’avais subis sans le vouloir dans un ferry. Les bandes annonces de ses films me suffisaient amplement, où il incarnait ad nauseam son personnage de séducteur beauf. Ma copine avait cependant entendu dire du bien d’Un ours dans le Jura et voulait se faire son opinion.
Loin des titres qui ont établi sa réputation, Franck Dubosc s’est aventuré pour sa troisième réalisation sur le terrain original pour lui de la comédie policière noire à la Fargo des frères Coen (1996) ou Un plan simple (1998) de Sam Raimi. Les morts brutales s’enchaînent, avec de légères touches de gore, Franck Dubosc en Michel est en retrait face à un Benoît Poelvoorde relativement sobre en gendarme et surtout à Laure Calamy en Cathy. Chacune de ses apparitions redonne du tonus à une intrigue qui s’essouffle entre les éclats de violence. L’humour franchouillard de Dubosc ressort parfois mais reste globalement contenu, et il propose une vision étonnamment sombre de la société. Sans être novateur, Un ours dans le Jura est regardable dans l’ensemble et il convient de saluer l’effort.


Films vus seuls
幻の馬 [Maboroshi no uma] de Kôji Shima (1955, Le cheval et l'enfant)
La famille Shiraishi est propriétaire d’un petit ranch dans la préfecture d’Aomori dans le nord du Japon. Le père Yasuke porte de grands espoirs envers leur dernier poulain, Takeru, issu d’une prestigieuse lignée. Il est soigné avec amour par le benjamin, Jirô, qui s’est pris d’affection pour l’animal. Lorsque Yasuke meurt dans un incendie en sauvant Takeru des flammes, l’aînée Yuki doit prendre en charge le ranch. Le cadet Ichirô va à Tôkyô pour devenir jockey en compagnie de Takeru, vendu à une écurie de courses.

Maboroshi no uma est un projet de Masaichi Nagata, le président de la Daiei, en hommage à son cheval Tokino Minoru qui gagna dix courses en 1950-1951 en battant des records avant de décéder soudainement du tétanos. Il confia la réalisation à Kôji Shima, un ancien comédien hétéroclite œuvrant dans le cinéma populaire. La distribution est un mélange d’acteurices confirmés, notamment la star Ayako Wakao en Yuki, et de novices qui livrent une bonne performance à l’instar de Yukihiko Iwatare en Jirô (qui ne fit que trois apparitions sur grand écran) et du jockey Akihiko Yusa en Ichirô. Tourné en couleurs et en extérieur dans les paysages d’Aomori ou sur le champ de courses de Tôkyô, Maboroshi no uma vaut aujourd’hui comme rare témoignage du monde hippique de l’époque. C’est à part ça un drame pour jeune public à la trame simple, qui évoque Uma de Kajirô Yamamoto (1941) centré sur une ado qui élevait un cheval dans une famille de fermiers pauvres. Rien de mémorable, c’est plutôt convenu et ça manque d’émotion.


Miércoles de ceniza de Roberto Gavaldón (1958, Ash Wednesday)
En 1913, Victoria Rivas est violée par le diacre de son village, qui continue à officier en dépit de son acte connu de son supérieur. Ecœurée, Victoria s’enfuit à la capitale, pleine de haine envers l’église et les hommes, et devient une riche prostituée. En 1927, elle revient sur les lieux pour l’enterrement de sa mère. Dans le train la ramenant à Mexico, elle croise le docteur Federico La Madrid, qui aide en secret les cristeros, un groupe de rebelles opposé aux mesures anticléricales du gouvernement révolutionnaire. Elle s’éprend de lui contre sa volonté, toujours rongée par son désir d’humilier la gente masculine.

Miércoles de ceniza est tiré d’une pièce de l’écrivain catholique Luis G. Basurto paru en 1956. C’est la quatrième collaboration entre María Félix et Roberto Gavaldón, pour laquelle il la réunit à Arturo de Córdova, son partenaire de La diosa arrodillada (1947). María Félix était célèbre pour ses rôles de femmes fortes qui se dressaient contre le sexisme de la société, quitte à sembler hautaine ou malfaisante. C’est le cas ici pendant une partie du métrage avant de rentrer dans le rang, vaincue par l’amour et les palabres de Federico.
Miércoles de ceniza n’est pas un titre réputé de Roberto Gavaldón et on en devine rapidement les raisons. Son origine théâtrale est évidente, c’est trop bavard et moralisateur, avec une mise en scène statique et un nombre réduit de décors et de protagonistes. Le récit ne brille pas par sa subtilité, on ne comprend pas pourquoi la dure Victoria se pâme devant Federico le sermonneur, avec un prêchi-prêcha ultra-catho lourdingue qui explique que ce n’est pas parce qu’un prêtre est méchant que l’église et les hommes sont coupables, #NotAllMen/#NotAllPrêtre. Cerise sur le gâteau, on a droit à un twist totalement nul. C’est pour l’instant mon pire Roberto Gavaldón et de loin, espérons qu’il n’y en aura pas d’autres du même acabit.


Бременские музыканты [Bremenskie mouzykanty] de Inessa Kovalevskaya (1969, Les musiciens de Brême)
Un homme parcourt les routes avec ses quatre animaux musiciens, un chien, un chat, un coq et un âne, libres et insouciants. Ils arrivent à un château où leur orchestre séduit les habitants et la fille du roi, qui flirte avec le vagabond. Outré, le père de celle-ci les expulse violemment. Le soir venu, les cinq compagnons terrorisent des voleurs et s’installent dans leur hutte. Le lendemain, ils décident de jouer un tour à l’impoli souverain.

J’ai toujours beaucoup aimé Les musiciens de la ville de Brême des frères Grimm, avec ses animaux jetés au rebut qui effraient des bandits. Ce dessin animé soviétique de 21 minutes ne reprend que vaguement cette trame, faisant des protagonistes du conte les acolytes d’un beau gosse et ajoutant une romance. C’est surtout une excuse pour enchaîner les chansons, Les musiciens de Brême étant le premier film d’animation musical soviétique. Il a été réalisé par Inessa Kovalevskaya, avec une bande originale composée par Gennady Gladkov, des paroles écrites par Yuri Entin et interprétées par Oleg Anofriyev (qui double quasiment tous les personnages).
A sa sortie, Les musiciens de Brême fut fortement critiqué pour ses héros hippies et ses mélodies occidentalisées, accusé de corrompre les enfants. Cela n’empêcha par son énorme succès, le disque de sa musique se vendant à 28 millions d’exemplaires. Il ne gagna cependant aucun prix et bénéficia peu à Inessa Kovalevskaya, qui ne souhaita pas se charger de sa suite en 1973, Sur les traces des musiciens de Brême. Elle poursuivit sa carrière avec de nombreux dessins animés musicaux, travaillant régulièrement avec le trio Gladkov/Entin/Anofriyev.
Esthétiquement, Les musiciens de la ville de Brême est daté années 60, avec une animation rudimentaire et des dessins relativement épurés, dans un style coloré et pop. Musicalement, c’est une réussite, avec des airs entrainants. Si je regrette que l’intrigue ne se soit pas concentrée davantage sur le conte d’origine et ait introduit une histoire d’amour avec des humains, cela reste distrayant. Je regarderai sans doute Sur les traces des musiciens de Brême de Vasily Livanov et d’autres œuvres de Inessa Kovalevskaya.


Le loup des Malveneur de Guillaume Radot (1943)
La légende raconte que le premier des Malveneur constitua une meute de loups pour la chasse et devint un loup lui-même. Les Malveneur sont depuis ostracisés dans leur propre bourgade, craints par les locaux et reclus dans leur château. Afin d’avoir un héritier mâle, Réginald de Malveneur mène des expériences pour soigner le cœur fragile de sa femme Estelle. Trop faible pour éduquer leur petite fille Geneviève, cette dernière fait venir une gouvernante de la ville, Monique Valory, qui apprend à son arrivée que Réginald a disparu. Tout en s’occupant de Geneviève, elle commence à fouiner pour comprendre ce qu’il se passe, incitée par Philippe, un peintre curieux qu’elle a rencontré à la gare. Cela ne plait guère à Magda, l’inquiétante sœur de Réginald.

Le loup des Malveneur est le premier long métrage de Guillaume Radot, un obscur cinéaste qui dirigea sept opus oubliés entre 1943 et 1957. C’est la seconde production de l’Union Technique Cinématographique après La nuit fantastique de Marcel L'Herbier (1942), encore une fois avec un fantastique très léger qui sert de prétexte avant d’être évacué. Le loup des Malveneur est en réalité une comédie policière mâtinée de gothique anglais avec son manoir lugubre, une sœur crypto-lesbienne à la Mrs. Danvers de Rebecca et son savant maudit. Monique est incarnée par Madeleine Sologne qui eut son heure de gloire dans les années 40 ; Magda par Gabrielle Dorziat, une solide actrice de seconds rôles venue du théâtre ; et Réginald de Malveneur par Pierre Renoir. Ils sont tous les trois convaincants à l’inverse du fade Michel Marsay en Philippe et de Marie Olinska en Estelle dans son unique apparition à l’écran (accompagné de sa fille Bijou qui joue Geneviève).
Ne sachant pas vraiment sur quel pied danser, Le loup des Malveneur ne trouve jamais son ton ni son rythme. Il manque de suspense et de tension, l’horreur n’est qu’esquissée, le drame survolé et l’humour est limité. Le cœur de l’histoire est assez réac, le principe étant que Réginald veut perpétuer sa « race » et la dernière phrase est (attention spoiler) « Il n’y a plus de Malveneur » alors que le gars est père d’une fille… C’est donc dispensable, il y a clairement mieux en fantastique français des années 40.


Štićenik de Đorđe Kadijević (1973, Le protégé)
Traqué par un individu effrayant dans un paysage désolé, Mihael arrive à la porte d’une clinique d’aliénés. Un médecin lui ouvre et accepte de l’héberger, s’estimant en présence d’un homme malade. Mihael refuse de fournir des détails sur sa situation ou les raisons de son inquiétude, demandant uniquement à rester dans les lieux. En repartant chez lui, le médecin croise le tourmenteur de Mihael, qui exige que celui-ci lui soit restitué et formule des menaces.

Đorđe Kadijević (ou Djordje Kadijevic) est un metteur en scène yougoslave puis serbe qui a surtout travaillé pour la télévision, à l’image de ce téléfilm de 46 minutes diffusé le 29 mars 1973. Štićenik est inspiré de la courte nouvelle Michael et son cousin (à peine neuf pages) de l’écrivain serbe Filip David, incluse dans un recueil paru en 1964. Il s’inscrit dans un cycle fantastique de trois moyens métrages de Đorđe Kadijević produits par Radio Television Belgrade (six étaient prévus à l’origine, réduits à trois par insuffisance de budget) et tirés d’œuvres de romanciers yougoslaves. L’objectif du réalisateur était de créer une ambiance poétique et d’utiliser une approche psychologique, pas de verser dans une horreur franche. Le résultat est étrange, lent et énigmatique. On ne saura ainsi jamais qui est le poursuivant ou de quoi Michael a peur. Il y a une belle photographie et l’interprétation est de qualité, portée par Milan Mihailović en Mihael, un grand acteur yougoslave alors à ses débuts. Ça m’a un peu évoqué la trilogie d’adaptations d’Ambrose Pierce par Robert Enrico regroupées dans Au cœur de la vie (1965). Pas intéressant si on aime les curiosités molles du genou reposant essentiellement sur une atmosphère bizarre.


The Snorkel de Guy Green (1958, L'homme au masque de verre)
En Italie proche de la frontière française, Paul Decker se débarrasse de sa riche épouse anglaise en l’asphyxiant au gaz dans une pièce fermée et en se cachant sous le plancher avec un dispositif pour respirer. Le jardinier doit défoncer la porte pour entrer et la police conclue au suicide. La belle-fille adolescente de Paul, Candy, est pour sa part persuadée qu’il est coupable et qu’il était déjà responsable de la mort par noyade de son père quand elle avait 8 ans. Elle n’a cependant aucun élément pour corroborer son hypothèse et personne ne la croit.

Bien que produit par la Hammer, The Snorkel est un thriller et non un film d’horreur, seule collaboration de l’ancien directeur de la photographie Guy Green avec le studio. Il met en vedette Mandy Miller en Candy, une enfant-actrice révélée par Mandy en 1952 où elle incarnait une sourde-muette. Elle est ici une adolescente sérieuse qui montre les limites de son jeu. Elle n’est pas aidée par une intrigue paresseuse et sans rebondissement, sans tension ni suspense. C’est donc un Hammer très mineur qui sera vite oublié.


Livres
María Félix, la doña de Pierre Philippe (Assouline, collection « Mémoires des stars », 2006), 80 p.
María Félix fut une des immenses stars du cinéma mexicain des années 40-50. Elle joua également en Europe, notamment en France dans French Cancan de Jean Renoir (1955) face à Jean Gabin, dans Les héros sont fatigués d’Yves Ciampi (1955) face à Yves Montand ou dans La fièvre monte à El Pao de Luis Buñuel (1959) face à Gérard Philippe. Elle eut une existence tumultueuse, mariée à quatre reprises, amante d’une directrice de cabaret parisien, égérie de multiples artistes… María Félix, la doña brosse sa biographie sur une vingtaine de pages avant de proposer un cahier photo de cinquante pages en couleur sur papier glacé.

La France est le seul pays non hispanophone à avoir consacré deux ouvrages à María Félix (le second étant La Mexicaine : María Félix, le roman d’une vie d’Henry Burdin). Ce petit livre de Pierre Philippe vaut surtout pour ses jolies photos extraites pour la plupart de la collection personnelle de María Félix. Le texte qui les précède retrace rapidement les moments clés de la vie privée de María Félix, survolant sa carrière cinématographique. Le style est emphatique, on n’en apprend guère plus que sur sa page wikipedia anglaise. Je suis donc resté sur ma faim et je vais me procurer le conséquent pavé de 771 pages d’Henry Burdin.


Sensor de Junji Ito (Bragelonne, collection « Mangetsu », 2021), 240 p.
Kyôko Byakuya se balade sur le mont Sengoku, un volcan éteint depuis soixante ans, lorsqu’elle croise un homme qui dit l’attendre. Il l’amène jusqu’au village de Kiyokami dans lequel tout est recouvert de fils dorés, qui permettent aux habitants de puiser dans les forces de l’univers ou de lire les pensées. Ils prient le grand Amagami, une entité liée à un missionnaire assassiné dans leur région au XVIIe siècle. Kyôko serait l’élue censée leur apporter le bonheur. Peu après, une éruption volcanique rase les environs, épargnant Kyôko protégée par un étrange cocon. Elle ressort amnésique et dotée de cheveux blonds brillants. Un reporter nommé Wataru Tsuchiyado tombe sur elle par hasard dans une forêt et est enlevé par une secte mystérieuse.

Si Kazuo Umezu est le père du manga d’horreur japonais, Junji Itô en est le fils prodigue, l’autre figure majeure du genre qui a pris la relève du maître décédé en 2024. Outre Kazuo Umezu, il revendique les influences de Shigeru Mizuki, Yasutaka Tsutsui (l’auteur de La traversée du temps et de Paprika), Edogawa Ranpo ou Lovecraft. J’ai vu trois adaptations cinématographiques de ses œuvres qui ne m’ont pas convaincu, Tomie (1998), Spiral (2000) et Gyo (2012), mais j’étais tout de même curieux de lire ses mangas.
Ce premier essai n’est pas une réussite. Sensor a été publié en sept parties dans le magazine Nemuki+ entre août 2018 et août 2019 sous le titre Les voyages du cauchemar. Dans la postface, Junji Ito reconnaît avoir débuté avec un vague concept et s’être laissé entraîner par ses personnages, pour aboutir à un résultat fort éloigné de son idée initiale. Ce tâtonnement se ressent, on se demande où il veut en venir, ça part dans tous les sens et la conclusion ouverte est assez nase. Les chapitres cinq et six, Les insectes de Bisha-ga-ura et Les miroirs routiers, peuvent être lus de façon quasi-autonomes et sont sans doute les meilleurs, avec quelques belles séquences horrifiques. Le reste est poussif et j’ai été globalement déçu. J’ai récupéré plusieurs livres de Junji Itô, je me prononcerai sur cet auteur quand j’aurais davantage de recul.


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