samedi 25 novembre 2023

Carnet de bord 18/11/2023-24/11/2023



Films vus en compagnie
La tour de Guillaume Nicloux (2022)
Les habitants d’une tour dans une cité constatent un matin que leur immeuble est ceinturé d’un épais brouillard noir infranchissable. Tout objet ou personne qui y pénètre est immédiatement dissoute et les communications avec l’extérieur ne fonctionnent pas. La situation se prolonge et des bandes se forment : les blancs sont les plus rapides à réagir, menés par Bruno, un cinquantenaire à poigne ; les noirs et les arabes s’organisent avec réticence chacun de leur côté, contraints de se fédérer pour survivre. Assitan est une femme noire amoureuse de l’arabe Ahmed. Hagarde depuis la mort accidentelle de son petit frère, elle refuse de choisir son clan.

La tour associe l’idée d’un confinement extrême, variation hardcore de ceux de 2020-2021, à une peur primale du noir : le mur d’obscurité qui encercle le bâtiment bloque la lumière et des coupures de courant régulières plongent les résidants dans la pénombre. Ce synopsis ne pouvant tenir 90 minutes, Guillaume Nicloux y ajoute une peu subtile métaphore de la société française, où le communautarisme tant décrié dans les médias est initié par des blancs bourgeois propres sur eux.
La narration est intéressante, constituée de sauts dans le temps, sans manichéisme et n’hésitant pas à éliminer des protagonistes majeurs. On sent néanmoins que, sorti du concept de départ, le récit manque de matière et la seconde moitié peine à se renouveler. Les interprètes sont débutants pour la plupart et certains jouent franchement mal. Il y a enfin une volonté sordide d’imaginer les pires développements possibles, de montrer des déchaînements de violence et les bas instincts de l’humanité. Guillaume Nicloux souhaitait mettre en place « un principe de barbarie » et réaliser un film « pas aimable », qui « crée un malaise » (cf. son interview dans Mad Movies n°368). Mission accomplie bien que je ne sois pas sûr que cela me ravisse.


Night of the Eagle de Sidney Hayers (1962, Brûle, sorcière, brûle !)
Norman Taylor est un brillant professeur de psychologie, qui travaille sur les superstitions et les systèmes de croyance. Arrivé récemment dans son université, il est critiqué dans son dos par des collègues jaloux de sa popularité. Un soir en ouvrant un tiroir, il tombe par hasard sur un fétiche que son épouse a rapporté de leur séjour en Jamaïque. En approfondissant ses recherches, il remarque qu’elle a truffé la maison de talismans. Interrogée par un Norman furieux, elle reconnait qu’elle pratique la sorcellerie qui, selon elle, les protège et est à la source des succès de son mari.

Publié en 1943, Ballet de sorcières est le premier roman de Fritz Leiber. Il a été transposé en série B dès 1944 sous le titre Weird Woman avec Lon Chaney Jr. dans le rôle de Norman. Night of the Eagle est né du désir de Richard Matheson et Charles Beaumont, deux piliers de The Twilight Zone, de collaborer. Admirateurs du livre, ils décidèrent d’écrire une deuxième adaptation financée par American International Pictures, qui confia la production à leur confrère anglais d’Anglo-Amalgamated. Devant l’indisponibilité de Peter Cushing qui devait incarner Norman, ils se rabattirent au dernier moment sur Peter Wyngarde à la tête d’un casting sans vedette.
J’avais espoir de réitérer le coup de The Appointment (1981) en dénichant une autre pépite anglaise horrifique oubliée. C’est raté. La faute n’en incombe pas à la distribution, Peter Wyngarde notamment est impeccable en Norman, loin de son fameux look seventies. Le problème vient de l‘intrigue, qui combine deux clichés à bannir : l’enseignant faussement accusé de viol par une étudiante ; et la femme retorse qui fait chuter un homme forcément meilleur qu’elle. C’est dommage car il y a des aspects réussis et une impressionnante attaque par un aigle royal. Dans un style similaire, j’avais préféré Rendez-vous avec la peur (1957), moins fondé sur des stéréotypes nauséabonds. A noter que j’ai vu la version américaine, qui commence par un speech de deux minutes avec une voix sérieuse façon Orson Welles expliquant que la magie existe vraiment. On se serait cru dans un William Castle.


You Are Not My Mother de Kate Dolan (2021, Samhain)
Char vit à Dublin avec sa mère dépressive Angela et sa grand-mère handicapée Rita. Elève douée, c’est la souffre-douleur de son lycée et elle n’a pas d’amie. Un matin, ayant loupé son bus, elle demande à Angela de la conduire à l’école. Elles sont à deux doigts d’avoir un accident et Char, excédée, termine son trajet à pied. Quand elle repasse en fin de journée, la voiture est abandonnée et Angela a disparu. Elle réapparait quelques jours plus tard, étrangement joyeuse. Alors que ce changement ne déplait pas à Char, Rita semble méfiante.

You Are Not My Mother est le premier long métrage de l’irlandaise Kate Dolan. Elle puise dans les traditions de son pays, optant pour Samhain plutôt qu’Halloween et centrant son film sur un monstre de son folklore. C’est de la pure terreur psychologique avec une touche de body horror et une esthétique grisâtre rappelant un certain cinéma social à la britannique. Les actrices sont excellentes, en particulier Hazel Doupe en Char et Carolyn Bracken en Angela. Le rythme est lent, le récit démarre doucement et s’enlise presque dans son portrait d’une adolescente harcelée par ses camarades et perturbée par la maladie mentale de sa mère. L’atmosphère devient progressivement pesante, l’éclairage évolue et on bascule franchement dans le fantastique durant une ultime demi-heure prenante. Un joli coup d’essai et une réalisatrice à suivre à l’avenir.


Cocaine Bear de Elizabeth Banks (2023, Crazy Bear)
En 1985, un trafiquant de drogues craignant d’être repéré par les autorités jette de son avion un stock de cocaïne, qui atterrit majoritairement dans la forêt nationale de Chattahoochee-Oconee en Géorgie. Les collègues du criminel, décédé en raison d’un parachute défectueux, et un représentant de la police s’acheminent vers les lieux. Pendant ce temps, des enfants se baladent seuls dans le parc, rapidement poursuivis par un de leur parents accompagnée d’une ranger et d’un militant écolo. Tout ce beau monde ignore que la drogue a été retrouvée par une ourse noire junkie, qui n’hésite pas à massacrer les humains pour récupérer sa dose.

Cocaine Bear est lointainement inspiré d’une histoire vraie, celle d’un ours ayant ingurgité des kilos de cocaïne. Le pauvre animal est mort en cinq minutes et n’a guère pu causer de dégâts. Le scénariste Jimmy Warden s’est amusé à le transformer en super prédateur bourrin, sorte de vigilante de la nature. Le résultat est une comédie gore dirigée par Elizabeth Banks, de retour derrière la caméra après l’énorme bide de Charlie's Angels (2019). Sans doute pour des questions de financement, la Géorgie a été reconstituée dans la campagne irlandaise. Les effets spéciaux ont été confiés à Wētā Workshop, connu pour son travail sur la trilogie du Seigneur des Anneaux.
Cocaine Bear est un divertissement crétin sans prétention. Ça ne me gêne pas sur le principe et le plantigrade accro est sympathique. Le problème est que, pour augmenter la liste des victimes potentielles, le script multiplie les personnages et les sous-intrigues, avec des interprètes globalement en roue libre. Aussi, quand le dernier tiers tente de nous intéresser émotionnellement au devenir des héro·ïne·s, on a lâché l’affaire. Si on ajoute un rythme chaotique, un montage hasardeux et une musique complètement à la ramasse, on obtient une pochade vaguement distrayante et probablement dispensable.


Films vus seuls
旗本退屈男 [Hatamoto taikutsu otoko] de Sadatsugu Matsuda (1958, Bored Hatamoto: Idle Vassal Tribute)
Saotome Mondonosuke se rend dans le clan Date à Sendai dans le nord du Honshû pour enquêter sur le comportement du seigneur Tadamune. Précédemment apprécié de ses sujets et réputé pour la qualité de son gouvernement, il se livre à la débauche depuis trois ans et ses conseillers aimeraient le renverser. Si son fils Tsuruchiyo, le successeur désigné, disparaissait malencontreusement, le domaine reviendrait à Hyogo, un arriviste influent à la capitale. Saotome essaye de démêler les fils et d’appréhender les tenants et les aboutissants entre deux combats contre des ninjas.

Hatamoto taikutsu otoko célèbre le 300e film d’Utaemon Ichikawa (crédité de seulement 260 titres sur un imdb souvent à la peine sur le cinéma japonais). A cette occasion, une brochette de vedettes ont été convoquées par la Toei. Outre Kinnosuke Nakamura ou Ryûtarô Ôtomo, le héros de la série Tange Sazen que la Toei venait de lancer, la superstar Chiezô Kataoka joue Tadamune. Les vilains sont incarnés par les seconds couteaux habituels Kenji Susukida et Isao Yamagata. Cette distribution est tellement traditionnelle qu’on sait immédiatement qui sont les gentils et les méchants. A noter le petit rôle de soldat d’un Hashizô Ôkawa débutant.
Le canevas est complexe et alambiqué et il faut accepter d’être perdu. Les choses prennent sens au fur et à mesure et, lorsque le mot fin apparaît, tout est clair (ce qui ne m’a pas empêché de trouver la machination de Tadamune débile). Cette densité scénaristique musèle la nonchalance coutumière des Bored Hatamoto, on saute sans cesse d’une faction à une autre et Saotome Mondonosuke n’a pas le temps de s’ennuyer. L’action est continue, ça court, ça se bat, il n’y a pas une minute de répit. Un spectacle plaisant, même si je serai incapable de réexpliquer la trame dans quelques semaines.

Histoires extraordinaires de Roger Vadim, Louis Malle & Federico Fellini (1968)
Histoires extraordinaires comprend trois volets de 40 minutes chacun tirés de nouvelles d’Edgar Allan Poe :
• La comtesse de Metzengerstein est une jeune noble dépravée extrêmement riche. Personne ne lui résiste jusqu’à ce qu’elle se heurte à son cousin le baron Wilhelm.
• William Wilson vient de tuer un homme et se précipite à l’église pour se confesser, ressentant le besoin irrépressible de raconter les circonstances l’ayant amené à cet acte. Manipulateur cruel, son entourage s'est toujours plié à ses caprices, excepté un mystérieux homonyme de son âge qui surgit ponctuellement dans sa vie pour contrecarrer ses méfaits.
• Toby Damnit est un acteur anglais venu en Italie pour tourner une œuvre sur la rédemption du Christ. Alcoolique provocateur, il est trimballé de studio de télévision en cérémonie de remises de prix dans un état second à la lisière du cauchemar, apercevant régulièrement une étrange fillette avec un ballon blanc.
Ces histoires pas vraiment extraordinaires m’ont peu enthousiasmé. Le sketch d’ouverture de Roger Vadim, qui venait d’achever Barbarella (1968) avec son épouse Jane Fonda, est kitsch et mou, avec une imagerie de film érotique dans un Moyen-âge pop. Aucun suspense ni tension et un épilogue nul. C’est l’unique réunion sur grand écran de Jane et Peter Fonda.
William Wilson de Louis Malle est légèrement meilleur, bien que Louis Malle n’ait participé au projet que pour le chèque et se soit soumis aux désidératas du producteur, ajoutant de la violence, une femme nue et modifiant son casting. Alain Delon n’a pas eu à se forcer pour se mettre dans la peau d’un narcissique brutal et retors, c’est regardable.
Je n’en dirai pas autant de Toby Damnit qui, en dépit d’un dénouement correct (seul élément du récit de Poe qui a été conservé), donne l’impression que Fellini s’autoparodie avec son ambiance décadente et ses visages grimaçants. Terence Stamp fait acte de présence et on est content que ça se termine.


Alchemik de Jacek Koprowicz (1989)
Au XVIe siècle, Sendivius va au château du prince Fryderyk pour prouver qu’il est capable de transformer le plomb en or. Fryderyk se méfie des charlatans et l’expérience se déroule sous le contrôle de l’alchimiste du palais. A leur grande surprise, c’est un succès et le souverain est prêt à lui accorder ce qu’il souhaite pour obtenir son secret. Sendivius exige la libération de Tomas Seton, un fameux collègue emprisonné pour avoir refusé de livrer la recette de sa pierre philosophale. Fryderyk accepte, espérant que Seton se trahisse sans le vouloir quand il sera à l’extérieur.

Jacek Koprowicz est un obscur metteur en scène polonais, auteur de quatre longs métrages polémiques. Alchemik est le troisième et a engendré une série TV de quatre épisodes, Alchemik Sendivius, en 1991. Il démarre comme une fiction historisante et mystique sur l’alchimie, bascule dans le fantastico-religieux avec un bébé qui vole et des adorateurs de l’antéchrist, et se conclut sur du gros porte-nawak que je ne révèlerai pas ici. La photographie évoque un téléfilm cheap, les acteurs ne sont pas convaincants et ils passent beaucoup de temps à discuter de sujets fumeux dans des décors indigents. Si les innombrables retournements permettent de ne pas s’endormir devant les aventures de Sendivius, un opportuniste de la pire espèce, je ne recommanderai néanmoins pas cette curiosité. Dommage, je n’ai pas souvent l’occasion de voir de l’horreur polonaise.


Creating Rem Lezar de Scott Zakarin (1989)
Zach et Ashley sont des enfants rêveurs et solitaires, persuadé·e·s qu’ils possèdent un ami superhéros imaginaire nommé Rem Lezar. Pendant un cours de dessin/sculpture, ils se rendent compte qu’ils partagent leur illusion. Après l’école, ils vont dans une cabane pour façonner et donner vie à leur compagnon à partir d’un vieux mannequin et de matériel qu’ils ont trouvé. Le lendemain matin, Rem Lazar est à leur côté. Il lui manque toutefois son médaillon, caché par le vil Vorock.

Creating Rem Lezar est un direct-to-video qui fleure les années 80 et qui circulait dans les Videostore aux Etats-Unis. Il a été exhumé en 2005 par le site eBaum's World à cause d’une embarrassante séquence musicale. C’est un nanar dans toute sa pureté, un mauvais film sympathique complètement premier degré créé avec une sincérité qui transparaît perpétuellement. Les comédien·ne·s sont catastrophiques, les chansons nases, c’est fauché mais on sent que le réalisateur y croit à fond. Il se risque même à des effets spéciaux digitaux absolument hideux pour le perfide Vorock (joué par Scott Zakarin en personne). C’est plein de messages positifs d’une naïveté confondante, sans la propagande chrétienne que je craignais. Ce n’est pas hilarant, c’est gentiment nul avec un charme navrant et ça a le bon goût de ne durer que 48 minutes.


Shanks de William Castle (1974)
Malcolm Shanks, un marionnettiste sourd-muet un peu simplet, fait des spectacles de rue pour les enfants. Il habite avec la veuve de son frère décédé et son nouveau mari brutal et alcoolique. Un jour, il est remarqué par M. Walker, un riche excentrique qui vit dans un manoir isolé. Celui-ci a découvert un moyen d’animer les cadavres en plantant à des points stratégiques des émetteurs radios et montre à Malcolm la technique pour les manipuler avec une télécommande à la manière de pantins. A la mort de M. Walker, Malcolm utilise la terrible invention à son profit sans saisir son ignominie.

Dès que j’ai eu vent d’un William Castle où le mime Marceau interprétait un marionnettiste qui contrôle des corps, j’ai naturellement voulu le récupérer. Objectivement médiocre, Shanks comporte pourtant des aspects affreusement fascinants. Avec des dialogues réduits au minimum et des intertitres, il essaye de développer sans vraiment y parvenir une atmosphère de film muet. Les situations sont souvent malaisantes et on se demande la raison pour laquelle Marcel Marceau, qui incarne à la fois Malcolm Shanks et M. Walker, a accepté ce projet. Malcolm s’amuse avec des macchabées sous l’œil effaré de son amie adolescente, pour qui il semble entretenir des sentiments ambigus. Le spectateur est perplexe, ne sachant s’il est censé compatir avec le héros brimé par la société ou s’horrifier de ses assassinats et de ses pratiques. Le scénario est inepte et, aux deux tiers, surgit une bande de bikers parce que pourquoi pas. Ils sont évidemment méchants, violent et tuent la jeune fille. S’ensuivent des combats macabres dont il est difficile de savoir s’il faut en rire, à l’instar de l’intégralité du métrage qui oscille entre les tons. C’est l’ultime œuvre de William Castle, il aura réussi à déranger jusqu’au bout.


Livres
C'est le peuple qui commande. La Révolution des Œillets (1974-1976) de Victor Pereira (Editions du détour, 2023), 275 p.
Contrairement à la vision idéalisée que la plupart des gens en ont, la révolution des Œillets, qui a mis à bas l’Estado Novo le 25 avril 1974, ne fut ni brève ni totalement pacifique. Porté dès septembre 1973 par le mouvement des capitaines qui devint le Mouvement des Forces Armées (MFA), le renversement de la dictature de Marcelo Caetano, qui remplaça Salazar en 1968, puisa ses racines dans le mécontentement des militaires. Lassés des guerres coloniales, déçus par un Etat qui n’hésitait pas à les désigner comme bouc-émissaire quand les inévitables déconvenues survenaient, ils s’organisèrent autour d’officiers progressistes.
Victor Pereira, historien spécialiste du Portugal, décrit les sources de la colère, la préparation de la révolution, son déroulement et ses conséquences. Loin de se terminer le 25 avril 1974, l’ambiance insurrectionnelle se maintint deux années, soutenue par le MFA et les communistes. Le Portugal fut à deux doigts de basculer dans une dictature d’extrême-gauche ou de subir un coup d’Etat droitier. Il ne se stabilisa qu’avec la rédaction de sa Constitution, les premières élections législatives libres, remportées par les socialistes de Mario Soares, et l’arrivée du modéré António Ramalho Eanes à la présidence.

Je précise que Victor Pereira est un ami et que ma critique est donc encore plus subjective que d’habitude. Je n’avais qu’une connaissance vague de la révolution des Œillets, ma famille et mes relations d’origine portugaise ayant immigré en France avant cette date pour fuir la dictature, la conscription et la pauvreté. J’ai trouvé l’ouvrage captivant, je n’avais pas conscience de la durée du phénomène et de sa complexité. Victor explique de façon claire les différentes étapes et expose les forces en présence ainsi que leurs nombreuses interactions. C’est plutôt grand public, il ne s’étale pas excessivement sur les détails et son style est très lisible. C’était parfait pour moi et je ne ressens même pas le besoin d’approfondir dans l’immédiat bien que le sujet se soit avéré passionnant.


Ténèbres sur Diamondia de A.E. Van Vogt (J’ai lu, collection « Science-Fiction », 1974), 247 p.
La planète Diamondia est une ancienne colonie de peuplement initialement habitée par les Irsks, des céphalopodes humanoïdes fort polis vivant dans les ruines de leur antique splendeur. Ils aidèrent les humains à leur arrivée des siècles auparavant et finirent par accomplir gratuitement tout le travail. Alors que cela ne leur posait aucun problème en apparence, ils se sont récemment soulevés et menacent d’exterminer tous les colons. Le colonel Morton, émissaire de paix envoyé par une Terre qui songe à abandonner les Diamondiens à leur destin, ressent depuis quelques temps le poids d’une obscurité qui envahit régulièrement son esprit. Son état s’aggrave et il s’évanouit. Il se réveille dans le corps d’un Irsk qui possède une arme redoutable capable de changer le cours des évènements.

A l’inverse de La bête et de Mission Stellaire, Ténèbres sur Diamondia n’est pas une combinaison de nouvelles préexistantes mais un roman inédit publié en 1972. On discerne l’influence du contexte de l’époque et l’attitude de la Terre vis-à-vis de Diamondia évoque le retrait des Etats-Unis du Vietnam. Il ne faut cependant pas chercher une prise de position politique de Van Vogt, son propos est flou de bout en bout et on a du mal à savoir ce qu’il veut dire. On a l’impression qu’il jette sur le papier ce qui lui passe par la tête et qu’il délaisse une partie de ses idées en chemin. La majorité des personnages sont superflus et il embrouille inutilement son intrigue avec des concepts confus à l’image de la logique moderne versus la logique définie. Les Diamondiens sont une caricature raciste d’Italiens et les Irsks des indigènes exotiques. La misogynie de Van Vogt se manifeste encore une fois, les femmes sont soit de dangereuses syndicalistes qui ont imposé à l’univers des règles de vie conjugale, soit de simples créatures à défendre contre ces machos de Diamondiens. Pas grand-chose à sauver de ce livre fumeux.


Revues
Les Cahiers du cinéma n°803 – Novembre 2023
Le dossier de ce mois-ci est consacré au montage. M’étant déjà penché sur le sujet (j’avais notamment suivi un stage de montage à la Cinémathèque animé par une des monteuses interviewées dans ce numéro), j’avoue ne pas avoir appris moult. Ce n'est pas folichon non plus au niveau des sorties, rien à ajouter par rapport au Mad Movies de novembre.

C’est maigre également en patrimoine. Ça m’a uniquement permis de me rappeler que je dois regarder les films de Ann Hui que j’ai en DVD et que j’ai toujours du Terence Davies qui traine dans mes listes, en particulier Distant Voices, Still Lives (1988). Les articles sur Varda et Guitry sont assez vains et il n’y a guère qu’une enquête sur le documentaire qui se démarque, offrant un intéressant bilan de sa situation en France aujourd’hui.


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