samedi 23 décembre 2023

Carnet de bord 16/12/2023-22/12/2023



Films vus en compagnie
Spider-Man: Across the Spider-Verse de Joaquim Dos Santos, Kemp Powers & Justin K. Thompson (2023)
De retour dans sa réalité, Gwen Stacy continue à combattre le crime en tant que Spider-Woman. Elle affronte un soir une version du Vautour issu de la Renaissance et comprend que des fuites permettent de passer entre les dimensions. Elle est rejointe dans la bataille par Miguel O'Hara et Jess Drew, membres de la société Spider responsable de la surveillance du multivers. Ils engagent Gwen malgré les réticences de Miguel. De son côté, Miles Morales grandit, tiraillé entre ses études, la pression de ses parents et ses devoirs de super-héros. Cette surcharge le conduit à sous-évaluer le nouveau super-vilain qui surgit en ville, la Tâche, capable d’ouvrir des trous dimensionnels sur de courtes distances.

En 2018, Spider-Man: Into the Spider-Verse avait été une claque au niveau visuel et narratif, explosant deux décennies d’adaptations de comics qui se vautraient dans la banalité et les clichés. La barre avait été placé très haut et j’attendais avec impatience Spider-Man: Across the Spider-Verse. Techniquement et esthétiquement, il surpasse son prédécesseur, chaque monde étant une merveille dans un style différent. Les scènes d’action sont dynamiques et on n’a pas le temps de s’ennuyer.
Malheureusement, il n’est pas exempt de défaut. Outre une longueur excessive (2h20, un record pour un long métrage d’animation américain) liée notamment à une mise en place bavarde et un foisonnement parfois fatiguant qui nécessiterait des arrêts sur image pour lire les bulles fugaces, le cliffhanger m’a frustré. J’aime l’idée de complétude quand je vois un film, qui le distingue de la série. Je tolère les chapitres multiples ou les récits dans un univers similaire mais je veux qu’il y ait un certain achèvement à l’instar de Spider-Man: Into the Spider-Verse. A la limite, si ce n’est pas le cas, que ce soit clairement annoncé et que le second volet sorte dans la foulée, une semaine ou un mois après. Dans Spider-Man: Across the Spider-Verse, ils s’interrompent en plein milieu d’une séquence, salut les nases, à dans un an. Je déteste ce procédé. Je verrai le troisième épisode car cette trilogie est ce qui se fait de mieux depuis longtemps dans l’animation américaine. Il n’empêche qu’ils auraient facilement pu terminer Spider-Man: Across the Spider-Verse autrement.


She Said de Maria Schrader (2022)
En 2017, la journaliste du New York Times Jodi Kantor apprend en élaborant un article sur le harcèlement dans les grandes entreprises qu’Hollywood est particulièrement touché par ce phénomène. Des accusations de viols semblent graviter autour du puissant producteur Harvey Weinstein, même si personne ne souhaite parler ouvertement. Jodi appelle à la rescousse sa collègue Megan Twohey, qui avait amené des femmes à témoigner contre Donald Trump à visage découvert. Appuyées par leur hiérarchie, elles se lancent dans une investigation complexe où les victimes terrifiées répugnent à se confier.

She Said est tiré du livre éponyme publié en 2019 par Jodi Kantor et Megan Twohey, qui revenait sur les dessous de l’affaire Weinstein, point de départ du mouvement #MeToo en octobre 2017. La transposition est fidèle, retraçant chronologiquement les évènements de façon sobre et efficace. Si elle fictionnalise un peu le quotidien des deux reporters afin de les humaniser et de renforcer l’implication du spectateur, elle ne cède pas au sensationnalisme, que ce soit dans le traitement des agressions (uniquement décrites oralement, ce qui est suffisamment glaçant et évite le sordide à la Luckiest Girl Alive (2022)) ou les menaces subies par les journalistes (suggérées par petites touches). Cinéma oblige, Jodi Kantor et Megan Twohey prennent la lumière aux dépens de l’équipe, qui est toutefois présente aux moments clés.
Excepté quelques plans hollywoodiens de femmes qui se relèvent des vicissitudes vers la fin, le seul gros raté est l’absence de critique envers le New York Times, qui a prêté ses locaux. Bien que mentionné, leur refus de sortir un papier sur Weinstein en 2004 a marqué les esprits et explique en partie la méfiance envers Jodi Kantor et Megan Twohey. L’article de Ronan Farrow en préparation pour le New Yorker a également joué un rôle important dans le positionnement du New York Times et cet élément n’est pas assez mis en avant. Cela donne néanmoins un bon aperçu de l’étendue du problème et de la difficulté pour les victimes de dénoncer leur bourreau. Le bouquin est apparemment plus édifiant et il faudra que je le récupère à l’occasion.


Chicken Run de Peter Lord & Nick Park (2000)
Pondeuse dans un poulailler de la campagne anglaise, Ginger rêve de liberté et d’herbe verte. Avec ses compagnes d’infortune, elles tentent désespérément de s’enfuir mais elles sont systématiquement attrapées par le fermier M. Tweedy. Quand Rocky, un coq américain, s’écrase dans leur cour, elles s’imaginent qu’il est capable de voler et lui demandent de leur enseigner la technique. Le temps presse car les Tweedy ont reçu une machine infernale et la vie des gallinacés est en danger.

Chicken Run est le premier long métrage d’animation du fameux studio Aardman Animations, les créateurs de Wallace et Gromit. Pour diminuer les coûts et la durée du tournage, le script fut amputé d’une vingtaine de minutes et photographié à 20 images par secondes au lieu de 24. 80 animateurs et jusqu’à 30 plateaux furent mobilisés pendant 1 an et demi. Le résultat est impressionnant. Ce remake assumé de The Great Escape (1963) rivalise avec les meilleurs films d’action, le rythme ne retombe jamais, les personnages et les répliques sont mémorables et le doublage impeccable, en anglais et en français. Aardman Animations ne réitèrera pas cet exploit, ondoyant entre le gentil (les sympathiques Wallace & Gromit: The Curse of the Were-Rabbit (2005) ou Shaun the Sheep Movie (2015)) et le pas terrible (Flushed Away (2006) ou Arthur Christmas (2011)), loin du niveau de Chicken Run.


Films vus seuls
少女 [Shôjo] de Yukiko Mishima (2016, Night's Tightrope)
Yuki et Atsuko sont deux inséparables amies d’enfance. Un an auparavant, Atsuko s’est blessée dans un tournoi de kendo, elle boîte depuis et est devenue la risée de ses camarades. Yuki la soutient et s’inspire d’elle pour écrire une nouvelle. Son récit achevé, elle l’amène à l’école dans son cartable. Son professeur de lettres le dérobe et le publie sous son nom dans un magazine prestigieux. Folle de rage, Yuki change radicalement de comportement, elle se met à souhaiter la mort de son enseignant et s’écarte progressivement d’Atsuko.

Shôjo est mon troisième Yukiko Mishima après l’inégal Shiawase no pan (2012) et le raté Biblia Koshodô no Jiken Techô (2018). C’est une adaptation d’un roman de Kanae Minato paru en 2009, autrice à la mode déjà croisée sur ce blog pour le décevant The Snow White Murder Case (2014). La mise en place est adroite, Yukiko Mishima installe un climat oppressant et sombre où les jeunes filles dissimulent leur passé derrière une façade d’insouciance. L’effondrement psychologique de Yuki à la suite du vol de son manuscrit rebat les cartes et on pense que la situation va exploser. Il n’en est rien, Yuki et Atsuko s’éloignent et essayent de se reconstruire durant leurs vacances d’été. L’intrigue s’enlise et on ne se s’attache pas aux nouveaux protagonistes qui surgissent aux côtés des héroïnes. La conclusion est convenue et, malgré des qualités, Shôjo ne m’a pas convaincu et est excessivement long, une demi-heure de moins aurait aidé.


Mátalo! de Cesare Canevari (1970)
Alors qu’il s’apprête à être pendu, Burt est secouru par des bandits mexicains qu’il avait soudoyés. Ils tirent sur la foule et le libère. Burt en profite pour cambrioler la banque avant de s’enfuir avec sa troupe. A la première occasion, il se débarrasse d’eux et garde l’argent. Il est rejoint par Phil, son chef, et le pathétique Todd. Préparant un gros coup, ils se planquent dans une ville fantôme où les attend Mary, la copine de Phil, qui s’intéresse d’un peu trop près à Burt.

J’ai découvert le western spaghetti avant le western classique américain et j’en ai regardé un paquet dans ma jeunesse, y compris des très affligeants. Mátalo! réussit l’exploit de se hisser dans le haut du panier des pires navets, ce qui n’est pas aisé tant le genre est pollué par un nombre invraisemblable de bisseries. Burt est incarné par un Corrado Pani vaguement Klaus Kinskiesque ; Lou Cassel arrive comme un cheveu sur la soupe et se demande avec nous ce qu’il fait là ; c’est affreusement mal filmé, Cesare Canevari s’amuse avec sa caméra, multiplie les zooms exagérés et les angles improbables, rendant incompréhensible les scènes d’action ; la musique rock alternatif ne colle absolument pas à l’ambiance ; et la trame est indigente, combinaison de clichés raccordés à la va-comme-je-te-pousse. C’est tellement découpé avec les pieds que l’unique idée originale, Lou Cassel qui tue un méchant avec un boomerang, tombe à l’eau et il n’y a aucune excuse pour s’infliger ce calvaire.


El fantasma del convento de Fernando de Fuentes (1934)
Eduardo, son épouse Cristina et son meilleur ami Alfonso ont été surpris par l’obscurité et se sont perdus en forêt. Ils croisent un sombre inconnu qui leur propose de les conduire au monastère du silence. Eduardo n’est guère enthousiaste, le bâtiment étant réputé hanté. Un moine leur ouvre pourtant la porte et leur offre l’hospitalité pour la nuit. En dépit des réticences d’Eduardo, ils acceptent et sont logés séparément dans une cellule vide. Cristina va prestement retrouver Alfonso, avec qui elle entretient une liaison. Dans cette atmosphère lugubre, de noires pensées l'assaillent et elle ne serait pas mécontente de voir disparaitre son mari.

A la suite du bref article des Cahiers de décembre, j’ai eu envie d’explorer l’œuvre de Fernando de Fuentes, figure incontournable du cinéma mexicain des années 30 à 50. Je commence par un de ses vieux titres, sorti juste après le second volet de sa fameuse trilogie de la révolution, El compadre Mendoza (1934). Un an auparavant, Fernando de Fuentes avait coscénarisé La Llorona (1933), un des premiers films d’horreur mexicains qui avait remporté un beau succès. Le producteur Jorge Pezet l’incita à récidiver et lui suggéra d’utiliser les momies desséchées exposées au musée El Carmen.
Il y a des choses plaisantes dans El fantasma del convento : une jolie photographie qui joue avec les ombres ; les décors sinistres d’un véritable monastère mexicain qui a servi de cadre ; une interprétation globalement correcte malgré le manque de charisme des protagonistes principaux ; quelques plans inquiétants et un fantastique plus subtil que dans les équivalents hollywoodiens de l’époque. C’est néanmoins mollasson, avec une intrigue moralisante et une conclusion facile, qui risquent de rebuter un spectateur contemporain.


嫁ぐ日 [Totsugu hi] de Kôzaburô Yoshimura (1956, Wedding Day)
Shinsaku Kijima est un ancien dramaturge prestigieux. Critiqué après-guerre, il a arrêté d’écrire et passe ses journées chez lui à lire et à garder son petit-fils. Il vit avec sa femme, ses enfants et la famille de son aîné, ainsi qu'avec la veuve de son second fils mort à la guerre. Encore jeune et serviable, tout le monde souhaiterait qu'elle se remarie mais elle ne semble pas décidée. La maisonnée tente par ailleurs de trouver à Shinsaku une occupation qui lui redonnerait le goût du labeur.

En ce milieu des années 50, Kôzaburô Yoshimura et son scénariste Kaneto Shindô continuent de vendre aux grands studios les longs métrages de leur compagnie indépendante Kindai Eiga Kyôkai. Nonobstant la brouille qui les a amenés à quitter la Shôchiku en 1950, Totsugu hi est clairement à destination de leur ancien employeur, à tel point qu’on le croirait issu des mythiques plateaux d’Ôfuna où Ozu et Yôji Yamada ont effectué l’essentiel de leur carrière. La belle-fille dévouée est un classique du shôshimin-eiga (cf. Voyage à Tokyo (1953)), genre phare de la Shôchiku des années 30 à 50 qui montre le quotidien ordinaire d’individus de la classe moyenne. On constate l’importance du genre du Japon, qui prend le dessus sur la notion d’auteur bien qu’on puisse s’amuser à déceler la patte de chacun dans les variations autour de thèmes communs. Amateur du shôshimin-eiga, j’ai apprécié Totsugu hi, une agréable comédie douce-amère assez banale, avec des gens simples et crédibles comme je les aime.


Asylum de Roy Ward Baker (1972)
Le docteur Martin est un psychiatre venu pour un entretien d’embauche dans la clinique du docteur Star. Il est informé à son arrivée que celui-ci a été interné et son successeur, le cynique docteur Rutherford, lui propose un petit jeu : il doit discuter avec les quatre patients, deux femmes et deux hommes, et déterminer lequel ou laquelle est le docteur Star, qui selon le docteur Rutherford a changé de personnalité. S’il réussit, il sera engagé.

Amicus Productions est une société de production anglaise active de 1962 à 1977 et réputée principalement pour ses films d’horreur à sketches, à l’image d’Asylum. Elle a régulièrement été confondue avec la Hammer en raison de l’utilisation d’acteurs et réalisateurs similaires (ici Roy Ward Baker et Peter Cushing, habitués de la Hammer) et sa focalisation sur le cinéma d’exploitation. Les budgets sont toutefois modestes, dans des décors souvent contemporains éloignés du gothique de son illustre concurrent. La Amicus a fréquemment travaillé avec l’écrivain Robert Bloch, le créateur de Psychose, qui adapte dans Asylum quatre de ses nouvelles.
Je n’ai jamais été fan des films à sketches ou de la Amicus, que j’ai toujours jugé inférieure à la Hammer. Asylum ne fait pas exception à la règle. C’est prévisible et ça manque de rythme, ni angoissant ni inquiétant ou malaisant. Roy Ward Baker a certes du métier, c’est correctement photographié, interprété et ça tient globalement la route. Asylum pâtit cependant de la comparaison avec la pléthore de titres équivalents, bien qu’en 1972 la Hammer ait déjà fortement entamé son déclin.


Livres
Stalker - Pique-nique au bord du chemin d’Arcadi & Boris Strougatski (Gallimard, collection « Folio SF », 2013), 305 p.
Des extraterrestres sont brièvement passés sur Terre. Personne ne les a vu, ils ont laissé derrière eux six aires remplies d’objets étranges où les lois de la physique ne s’appliquent plus de la même manière qu’ailleurs. Trente ans plus tard, le monde a appris à vivre avec les zones et à en profiter. Protégées et supervisées par des coalitions militaro-scientifiques, elles sont ponctuellement fouillées afin de ramasser les articles oubliés par les Visiteurs. Certaines découvertes ont permis des sauts technologiques et le moindre bidule alien se négocie à prix d’or. Cela attise la convoitise et a engendré un métier : les stalkers, qui bravent clandestinement les risques pour dénicher des merveilles. Redrick Schuhart, 23 ans, habitant à Harmont à côté de la zone américaine, est l’un d’entre eux.

Le visionnage récent de l’animé Urasekai Picnic (2021) m’a révélé l’existence de ce célèbre opus des frères Strougatski, qui avait inspiré Tarkovski. Je ne connaissais pas les Strougatski, j’avais uniquement lu d’eux une nouvelle décevante. Stalker est leur chef d’œuvre et sa réputation s’avère méritée. Rédigé en 1971, publié en épisodes dans la revue littéraire Avrora en 1972 sans trop de difficultés, la parution en livre aux éditions pour la jeunesse Molodaya Gvardia (la SF étant classée par les soviétiques en littérature pour enfants) fut un chemin de croix, un combat de neuf ans qui aboutit à un immonde charcutage par une censure imbécile et rétrograde.
C’est heureusement la version d’origine qui a été traduite en français. Commençons par ma seule insatisfaction : les Strougatski ne sont pas moins sexistes que leurs confrères capitalistes, les personnages féminins sont des potiches inutiles. Je m’attendais à mieux des communistes qui mettaient officiellement en avant l’égalité des sexes dans leurs pays. Si on fait abstraction de ce souci inhérent à la SF de cette période, j’ai beaucoup aimé Stalker - Pique-nique au bord du chemin. Le roman baigne dans un climat dépressif et est essentiellement constitué de dialogues dans un style parlé. Le concept de départ est assez génial, on ne saura rien des extraterrestres, de la raison de leur venue, des éventuelles motivations derrière la création des zones ou de pourquoi ils y ont abandonné des objets. L’ambiance postapocalyptique est parfaitement rendue et les excursions de Redrick Schuhart sont stressantes au possible. C’est donc un incontournable, glauque et curieusement annonciateur de la catastrophe de Tchernobyl qui aura lieu en 1986.

O cinema sob o olhar de Salazar dirigé par Luís Reis Torgal (Temas e Debates, 2011), 431 p.
O cinema sob o olhar de Salazar est un ouvrage de recherche portant sur le cinéma portugais sous la dictature de Salazar puis de Marcelo Caetano. Outre une introduction de Luís Reis Torgal, historien spécialiste de l’Etat Nouveau et directeur du recueil, et un bref dictionnaire en conclusion, quatre parties abordent différentes problématiques :
• « L’idéologie des images » s’attarde sur les théoriciens et penseurs du cinéma portugais dans les années 30 et 40.
• « Propagande et éducation populaire » comporte cinq sections : la propagande et son utilisation dans A Revolução de Maio (1937) et Feitiço do Império (1940) ; les documentaires de propagande ; la réception des films de l’Etat Nouveau au Brésil ; la perception de la guerre d’Espagne et le soutien du cinéma portugais ; la campagne nationale d’éducation des adultes dans les années 50.
• « Comédie et drame » revient sur la comédie portugaise, la machine à rêves de l’Etat Nouveau ; la représentation de l’empire à travers l’exemple de Chaimite (1953) ; et celle de l’université de Coimbra dans Fátima, Terra de Fé (1943) et Capas Negras (1947).
• « Continuités et discontinuités » se penche enfin sur le novo cinema des années 60 et 70 et sur le Conseil du Cinéma, organisme d’Etat qui l’a accompagné de 1962 à 1971.
Je lis le portugais lentement et cela m’a pris du temps pour arriver au bout de ce bouquin de moyen format de 400 pages. Je n’avais pas le choix vu qu’il n’y a pas vraiment d’équivalent en français (sauf Cinéma et dissidence : les ciné-clubs portugais pendant la dictature de Salazar publié en avril dernier et que je découvre à l’instant) et quasiment pas en anglais excepté Portuguese Film, 1930-1960 de Patricia Vieira que j’ai déjà lu.
J’avais initialement acheté O cinema sob o olhar de Salazar pour son chapitre sur la comédie portugaise dans lequel Paulo Jorge Granja explique comment le genre a pu s’accorder avec la dictature de Salazar, non pour suivre des directives ou à cause de la censure mais grâce à une communauté de valeurs bourgeoises et conservatrices. J’ai appris pas mal de choses sur l’importance des documentaires pour le régime ou sur la façon dont le novo cinema a pu surgir dans un cadre autoritaire (les nouvelles vagues cinématographiques ont souvent été révolutionnaires sur le plan des techniques et des images, rarement au niveau politique ou sociétal). Cela reste une série d’articles universitaires un peu ennuyeux où on a occasionnellement l’impression d’une généralisation fondée sur un ou deux cas, le cinéma portugais n’ayant pas eu une production élevée durant cette époque. Je ne regrette néanmoins pas cette lecture globalement enrichissante.


Paddington Abroad de Michael Bond (Harper Collins, collection « The Classic Adventures of Paddington Bear – The Complete Collection », 2019), 140 p.
La famille Brown décide d’aller passer ses vacances d’été en France. Paddington est chargé de l’itinéraire et prend sa tâche au sérieux. Des complications surviennent évidemment, que ce soit pour embarquer dans l’avion, pour comprendre les panneaux indicateurs français sans se perdre ou pour aller à la pêche avec un vieil Anglais du coin. Cela n’empêche pas Paddington de sympathiser avec les locaux, en particulier le boulanger M. Dupont, de participer à la fête du village ou au tour de France.

Par rapport au précédent, ce volume 4 se démarque par sa structure, une seule longue histoire divisée en chapitres centrés sur une péripétie au lieu d’une succession de scénettes indépendantes. J’ai toujours aimé la manière dont les Anglais se moquent de la France et j’étais ravi que Paddington mette le pied dans notre pays. Michael Bond est très gentil et raille finalement peu les Français, que ce soient leurs habitudes (il se contente de classiques comme le béret et les escargots) ou leur accent (M. Dupont parle un excellent anglais et parsème à peine ses phrases de mots français). Paddington est plus sage que dans les tomes antérieurs, cela demeure fort plaisant bien que légèrement moins amusant que Paddington Helps Out.


Revues
Mad Movies n°377 – Décembre 2023
Je n’ai pas appris grand-chose du dossier Godzilla, ayant lu pas mal de bouquins sur ce sujet. Celui sur les marionnettes était en revanche enrichissant, notamment grâce à l’entretien avec Richard Taylor qui revient sur les conditions de tournage assez abominables de Meet the Feebles (1989) de Peter Jackson.

Du côté des sorties, je note Le grand magasin (2023), première réalisation sur grand écran de l’animateur Yoshimi Itazu tiré d’un manga de Tsuchika Nishimura. Thanksgiving (2023) d’Eli Roth mentionné le mois dernier s’avère plutôt nul, à l’instar de Dream Scenario (2023) en dépit de son pitch alléchant où Nicolas Cage apparaît dans les rêves des gens.
Niveau livre, Tsui Hark : La théorie du chaos d’Arnaud Lanuque, interviewé dans ce numéro, a l’air passionnant et je l’ajoute à ma liste d’achats, ainsi que Hallyuwood. Le Cinéma coréen de Bastian Meiresonne. J’ai enfin apprécié la rencontre avec Paul Duncan, historien du cinéma. Même s’il bosse sur des blockbusters qui ne m’intéressent pas, la description de ses méthodes de travail m’a éclairé sur la façon de présenter sous un jour nouveau des titres mille fois abordés.


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