Films vus en compagnie
Last Night in Soho d’Edgar Wright (2021)
Une jeune femme de la campagne débarque à Londres pour étudier dans une école de mode. Sa résidence étudiante est bourrée de teufeurs pas gentils donc elle déménage dans le quartier de Soho chez une vieille femme. Elle se retrouve dès lors plongée toutes les nuits dans ses rêves dans la vie d’une aspirante chanteuse des années 60 et va rapidement être confrontée aux aspects les plus sombres du Soho de l’époque.Après l’échec de Scott Pilgrim (2010), je trouve qu’Edgar Wright a perdu une partie de sa folie et ses films ne m’ont plus convaincu : j’avais été franchement déçu par Le dernier pub avant la fin du monde (2013) et n’avais pas aimé Baby Driver (2017). Je n’attendais pas grand-chose de Last Night in Soho mais les bonnes critiques m’avaient intriguées. Ma première impression était malheureusement la bonne : quelques bonnes trouvailles visuelles, une belle reconstitution historique mais un scénario assez mince et une fin tournant en eau de boudin. C’est bien beau de faire des scènes classes mais à un moment faut quand même bosser son scénar.
The Slumber Party Massacre d’Amy Holden Jones (1982, Fête sanglante)
De jeunes adultes font la fête à la maison. Mais le tueur à la perceuse rode.
- Je suis en train de lire Men, Women, and Chain Saws et j’étais curieux de voir ce slasher, un des très rares réalisé par une femme et écrit en plus par une romancière féministe. Je savais que le producteur avait repris le script, pensé à la base comme une parodie, mais j’étais curieux de voir le résultat. C’est mollasson, assez mauvais dans l’ensemble mais ça se démarque du modèle classique par plusieurs aspects :
- • les personnages masculins sont encore plus inexistants que d’habitude, le film est centré sur un groupe de filles et leurs discussions occupent une bonne partie du métrage ;
- • les discussions en question ne sont pas uniquement sur les garçons, elles parlent aussi de sport, de bouffe, d’autres filles… ;
- • la femme qui achève le tueur n’a quasiment pas d’interaction avec lui, elle n’est pas poursuivie ni rien, c’est juste une voisine camarade de classe qui vient voir ce qu’il se passe dans la maison où sont les victimes ;
- • outre la voisine pseudo final girl, deux autres filles survivent, dont une dont on a vu les seins ;
- • quelques éléments parodiques ont réussi à survivre aux coupes du producteur.
Geography Club de Gary Entin (2013)
Russell, un lycéen gay, est amoureux d’un autre gay du lycée, Kevin. Mais, les deux cherchant à cacher leur homosexualité, leur relation s’avère compliquée. Min, une lycéenne lesbienne, les surprend en train de s’embrasser et propose à Russel de rejoindre leur club de géographie, en fait un club de soutien officieux pour les gays et lesbiennes.Malgré le titre, le club de géographie n’occupe qu’une place secondaire dans cette comédie romantique, centrée essentiellement sur l’histoire entre Russel et Kevin. Les atermoiements des deux personnages sont assez fatigants au bout d’un moment, surtout quand on ajoute le sidekick hétéro relou du héros. C’est gentil et ça reste regardable mais il y a mieux dans le genre, de mémoire Love, Simon (2018) par exemple était plus intéressant.
La nuit de la vérité de Fanta Régina Nacro (2004)
Dans un pays imaginaire, deux ethnies en guerre depuis 10 ans essayent de faire la paix. Le président du pays, chef de l’ethnie majoritaire Nayak, accepte de venir rencontrer le chef des Bonandés sur son territoire. Mais les haines sont encore vives et la situation peut dégénérer à tout moment.Fanta Régina Nacro est la première femme burkinabé à réaliser un long métrage. Ses courts métrages étaient apparemment comiques, ce n’est pas la même ambiance ici malgré quelques rares touches de légèreté. Le film est dur, s’inspirant de plusieurs conflits ethniques des années 90 et de l’assassinat horrible de l’oncle de la réalisatrice. L’action se déroule sur une nuit avec des personnages très shakespeariens. Un film marquant, qui montre bien la difficulté à faire la paix dans une société divisée par des années de guerre.
Fanta Régina Nacro n’a malheureusement pas réalisé d’autre film depuis. C’est le premier film burkinabé que je vois car je n’ai pas encore regardé mes DVD des films de Gaston Kaboré.
Films vus seuls
路傍の石 [Robô no ishi] de Tomotaka Tasaka (1938, The Wayside Pebble)
Un jeune garçon souhaiterait aller au collège mais il vient d’une famille pauvre et n’en a pas les moyens. Un voisin propose de financer ses études mais le père du garçon refuse et préfère caser son fils comme apprenti chez un marchand. Les deux enfants du marchand, un garçon et une fille, sont des anciens camarades de classe du garçon et la jeune fille le considère à présent comme un moins-que-rien. Exploité toute la journée, le travail d’apprenti ne lui convient pas et il rêve de partir à Tokyo poursuivre ses études.C’est la deuxième adaptation que je vois du livre homonyme de Yûzô Yamamoto, célèbre écrivain spécialisé dans les romans sociaux et les livres pour enfants. La première était le film réalisé par Miyoji Ieki en 1964 et il y a des différences non négligeables entre les deux versions, en particulier dans les passages clés. Je n’ai pas lu le livre, je ne crois pas qu’il ait été traduit, et je ne peux donc juger laquelle est la plus fidèle à l’original. J’ai pour ma part préféré la version de 1964 : le film de Miyoji Ieki, connu pour son engagement à gauche, insiste plus sur les différences de classe, sur la résistance des pauvres à l’oppression et sur la capacité des pauvres à s’en sortir malgré tout. Son film est plus rebelle, là où la version de Tomotaka Tasaka est plus fataliste.
Lisboa, Crónica Anedótica de José Leitão de Barros (1930)
Lisboa, Crónica Anedótica est la première docufiction portugaise : dès l’ouverture, le film précise qu’il n’est pas un documentaire et que toutes les scénettes du film sont jouées par des acteurs et actrices du théâtre portugais. Dans les faits, la majorité du métrage est constitué de paysages, de monuments et de scènes de foule dans un montage très rapide rappelant le cinéma soviétique de l’époque. Il n’y a pas vraiment d’histoire et la version que j’ai vue n’avait pas de musique d’accompagnement.Le film est réalisé par José Leitão de Barros, intellectuel portugais marquant des années 20 à 60. Cinéaste, peintre, dramaturge, journaliste, il allait devenir dans les années 30 une voix importante du salazarisme. Cette docufiction ne m’a pas passionné et vaut surtout aujourd’hui comme document historique montrant le Lisbonne de la fin des années 20.
I spit on your grave de Meir Zarchi (1978, Œil pour œil)
La New-Yorkaise Jennifer loue un pavillon dans une petite ville de la campagne pour écrire tranquillement son roman. Peu après son arrivée, elle est battue et violée par quatre hommes du village, dont un handicapé mental. Ce dernier est chargé de la tuer mais il s’enfuit avant d'avoir accompli son méfait. Deux semaines plus tard, après avoir récupérée, Jennifer décide de se venger.Je n’ai jamais aimé les rape & revenge et je n’aurais jamais regardé ce film s’il n’était pas abondamment commenté dans Men, Women, and Chain Saws. L’autrice, Carol J. Clover, estime qu'il vaut mieux que sa réputation et le prend comme archétype du genre. Son argumentation est bien construite et avoir vu le film me permet de mieux comprendre son propos.
A part ça, est-ce que cette œuvre mérite d’être vue ? Je ne suis pas sûr. Il y a trois scènes de viol bien pénibles, assez longues et explicites. Comme l’écrit Carol J. Clover, elles sont filmées de plus loin que dans d’autres films, et du point de vue de la victime et non du violeur. De plus, le film est tourné en 35mm, près d’une jolie rivière lors de journées ensoleillées, ce qui lui donne un aspect moins crapoteux qu’un métrage comme La dernière maison sur la gauche (1972) tourné en 16 mm. Mais ce n’est pas parce que j’ai vu pire et plus complaisant que je recommanderais I spit on your grave, ça reste très dispensable de mon point de vue. Le seul rape & revenge que j’avais trouvé correct bien qu’également dérangeant et dur reste La traque de Serge Leroy (1975), qui comportait une forte critique sociale.
アヒルと鴨のコインロッカー [Ahiru to kamo no koinrokkâ] de Yoshihiro Nakamura (2007, The Foreign Duck, the Native Duck and God in a Coin Locker)
Shiina, un jeune homme introverti de Tokyo, s’installe à Sendaï (350 km au Nord de Tokyo) pour ses études. Alors qu’il est en train de déballer ses cartons en chantonnant Blowin’ in the Wind de Bob Dylan, son voisin de droite surgit, lui explique qu’il est fan de Dylan et lui propose de venir dans son appartement pour discuter. Shiina se retrouve rapidement embarqué dans les histoires de ce voisin envahissant, qui n’est peut-être pas ce qu’il semble être.De Yoshihiro Nakamura, j’avais beaucoup aimé Fish Story (2009), où plusieurs histoires s’imbriquaient intelligemment, et j’avais moins accroché au gentil mais falot A Boy and His Samurai (2010) et à Golden Slumber (2010), dont je garde un souvenir assez flou. J’ai du mal à avoir un avis tranché sur ce The Foreign Duck, the Native Duck and God in a Coin Locker : le scénario est bien maitrisé, c’est bien interprété, mais je ne suis jamais complètement rentré dans cette histoire, qui manipule un peu trop le spectateur.
娘・妻・母 [Musume tsuma haha] de Mikio Naruse (1960, Fille, épouse et mère)
À la suite de la mort de son mari dans un accident, une femme revient vivre dans la maison familiale habitée par sa mère, son grand-frère et sa belle-sœur. Les autres frères et sœurs passent régulièrement et le film suit les joies et peines de cette grande famille.A l’inverse d’un Ozu constant dans la retenue ou d’un Mizoguchi porté sur le pathos, Naruse est un réalisateur changeant : certains de ses films sont tout en subtilité alors que d’autres tombent dans un mélodrame larmoyant excessif. Je suis plus partisan des premiers et je n’avais pas vu depuis quelques temps de Naruse qui me plaise vraiment. Fille, épouse et mère reste ancré dans le quotidien et les évènements dramatiques sont traités très sobrement. Le casting est impressionnant, avec toutes les stars de la Shôchiku dont Setsuko Hara et Hideko Takamine dans des rôles principaux ou Ken Uehara, Tatsuya Nakadai et Chishû Ryû dans des rôles secondaires. Un Naruse comme je les aime, curieusement peu connu et qui n’existe malheureusement pas en support physique à ma connaissance.
Witchboard de Kevin Tenney (1986, Ouija)
Lors d’une soirée, Linda utilise un ouija avec son ex petit ami Brandon. Ce dernier l’oublie chez Linda, qui se met à l’utiliser toute seule. Mais un esprit malfaisant rode et il va essayer de prendre petit à petit l’ascendant sur Linda afin de la posséder.Je n’avais jamais entendu parler de Witchboard, également mentionné dans Men, Women, and Chain Saws. Pas étonnant vu le film : quelconque, scénario très conventionnel, aucun acteur ou actrice connu·e et peu de budget. Vite vu, vite oublié.
初国知所之天皇 [Hatsukuni Shirasumera Mikoto] de Masato Hara (1973, The First Emperor)
En 1971, le jeune réalisateur Masato Hara tourne des scènes pour un film sur l’origine du Japon et les mythes japonais en s’inspirant du Kojiki, un recueil du VIIIe siècle. Il doit rapidement arrêter le tournage, faute de moyens. Il revient sur les lieux deux ans plus tard, seul avec une petite caméra 8mm, puis voyage à travers le Japon pour visiter des endroits mentionnés dans le Kojiki. Il tire de cette expérience un carnet de voyage sous la forme d’un documentaire de plus de 6h, ramené ensuite à 4h puis un peu moins de 2h en écran splitté. Il s’y interroge sur la pertinence de son idée initiale de film sur les mythes et sur ce qui fait un film.J’ai vu la version d’un peu moins de 2h, accompagnée de sous-titres anglais très approximatifs. C’est très expérimental, très théorique et surtout très verbeux, à tel point qu'il est parfois difficile de regarder les images tout en lisant les sous-titres. Le film est heureusement entrecoupé de chansons, qui permettent de se poser, de digérer les explications précédentes et de regarder un peu les images. Tout ça fait très Nouvelle Vague, fait peu étonnant vu que Masato Hara a travaillé avec Nagisa Ôshima et Toshio Matsumoto (le réalisateur de Les Funérailles des roses (1969)). N’ayant jamais été un grand fan de la Nouvelle Vague japonaise, je n’ai pas accroché mais les piètres sous-titres n’ont pas aidé.
A rosa do adro de George Pallu (1919, Le roman de Rose)
Rosa est une jolie jeune fille d’un petit village du Nord du Portugal. Elle est aimée d’Antonio, un paysan du coin, mais ce n’est pas réciproque. Un jour Fernando, fils d’un riche fermier et étudiant en médecine à Porto, revient au village et une romance débute aussitôt entre Rosa et lui. Antonio craint toutefois que Fernando ne soit volage et oublie vite Rosa une fois reparti à la ville.Invicta Film est une compagnie de production portugaise située à Porto. A la fin des années 1910, elle fait appel au français George Pallu pour réaliser des long-métrages. A rosa do adro est tiré d’un roman portugais et le film a été un gros succès à l’époque. A voir aujourd’hui, c'est une romance à l’eau de rose platement filmée et sans grand intérêt. Le roman a été de nouveau adapté à l'écran par Chianca de Garcia en 1938 mais je n'ai pas encore vu cette deuxième version.
J’ai vu le film de George Pallu sur YouTube avec des intertitres français lus et commentés par un vieux portugais. C'était amusant mais j’ai cependant fini par couper le son : le film comprend beaucoup d’intertitres, c’était compliqué de lire tout en écoutant la traduction parfois approximative et les petits commentaires de cette espèce de benshi portugais.
Séries
Amphibia de Matt Braly (2019-2022), 3 saisons
Anne Boonchuy, américaine d’origine thaïlandaise de 13 ans, est propulsée dans un monde peuplé d’amphibiens humanoïdes. Elle est recueillie par la famille Plantar, composée du grand-père ronchon, d’un petit-fils énergique d’à peu près le même âge qu’Anne et d’une petite-fille têtard rebelle. Anne va devoir s’adapter à ce nouveau cadre tout en essayant de retourner dans son monde.- Série créée par Matt Braly et diffusée sur Disney Channel, Amphibia comporte 3 saisons :
- • comme souvent avec les séries animées de ce genre, la première saison met du temps à démarrer et il faut attendre les derniers épisodes pour voir l’intrigue principale avancer ;
- • la deuxième saison est plus dense, introduit de nouveaux personnages sympathiques et se finit sur un cliffhanger ;
- • la troisième saison change de cadre dans sa première moitié, ce qui permet à la série de bien se renouveler, avant de conclure les diverses intrigues dans la dernière moitié.
フリクリ オルタナ [Furikuri Orutana] (2018, FLCL alternative), 6 OAV
Kana est une lycéenne qui mène une vie tranquille, partagée entre sa famille, son petit boulot et ses trois amies. Haruko débarque dans cette existence routinière alors que de mystérieuses épingles géantes se mettent à tomber sur terre.Deuxième suite de FLCL, cette dernière série fait peu d’allusions aux précédentes. Elle prend cette fois le temps de développer ses personnages et proposent des enjeux plus compréhensibles. Je devrais donc être content, c’est un des points dont je me plaignais précédemment… Eh bien non. On est dans du shôjo paresseux, quelques histoires de cœur et d’amitiés contrariées, tout ça sous la supervision d’Haruko qui est devenue une sorte de gentil mentor. Il n’y a plus aucune folie visuelle, Haruko n’est plus un facteur de chaos et tout le monde est bien sage. A oublier.
Livres
Men, Women, and Chain Saws – Gender in the Modern Horror Film de Carol J. Clover (Princeton University Press, 2015), 260 p.
Edité à l’origine en 1992 et épuisé depuis, le classique Men, Women, and Chain Saws de Carol J. Clover a été réédité en 2015 avec une nouvelle préface de l’autrice. Ce livre est célèbre pour avoir théorisé le concept de Final girl dans le slasher, idée entrée depuis dans la culture populaire.
- Il comporte en fait 4 chapitres consacrés :
- • Au slasher, avec une focalisation particulière sur Psychose (1960), Massacre à la tronçonneuse (1974) et Halloween (1978) ;
- • Aux films de possession, avec une longue analyse de L'exorciste (1973) et de Witchboard (1986) ;
- • Aux rape & revenge, notamment Délivrance (1972) et I Spit on Your Grave (1978) ;
- • Au regard et à la vision, avec une étude détaillée du Voyeur (1960).
- Les analyses psychanalytiques m’ont un peu agacé par moment mais le livre reste remarquable. Le concept de Final girl est plus riche que l’image que j’en avais. Carol J. Clover fait une différenciation entre :
- • une analyse littéraire, où la Final girl apparaît comme une victoire féministe. Le personnage féminin principal élimine le méchant mâle et les personnages masculins sont relégués au second plan ;
- • et une lecture formelle différenciant sexe et genre. La masculinisation progressive de l’héroïne annihile l’apparente victoire féministe : le personnage est certes de sexe féminin mais est genrée homme à partir du moment où elle prend son destin en main et décide de se rebeller.
La partie sur le rape & revenge est sans doute la plus polémique, Carol J. Clover estimant que ces films sont les plus féministes parmi ceux étudiés dans le livre. Elle différencie au passage les films d’exploitation américain à petit budget de la fin des années 70 et 80 des films à plus gros budget, comme Les chiens de paille (1971) ou Les Accusés (1988), les premiers s’avérant plus progressistes que les derniers plus célèbres.
D’après elle, à partir du début des années 80, la partie viol est de plus en plus évacuée des rape & revenge, elle finit par ne plus arriver que durant le générique introductif ou est juste évoquée. Les films se concentrent sur la vengeance, les héroïnes éliminant des mâles toxiques laissés en paix par la justice et la police. Ces films sont les plus féministes, explique-t-elle, car ils forcent le public majoritairement jeune et masculin à s’identifier aux femmes violées : le viol étant de moins en moins visible et étant traité sans aucun érotisme, le public ne vient pas pour se rincer l’œil mais bien pour regarder une femme éliminer une bande de mâles violeurs.
Elle consacre également une bonne partie de ce chapitre aux origines du genre, très influencé par Délivrance (1972). Elle insiste sur la division ville/campagne, qui sous-tend une bonne partie du cinéma d’horreur américain et qui est héritée de la division ouest sauvage indien/civilisation blanche.
Ce chapitre traite ainsi plusieurs concepts plus ou moins autonomes et parfois discutables mais j’ai apprécié ce point de vue original sur un genre que j’ai toujours méprisé.
Le dernier chapitre est le plus brouillon d’après moi. L’autrice examine la question du regard, de la vision et du voyeurisme dans le cinéma d’horreur en prenant notamment comme exemple Le voyeur de Michael Powell (1960). C’est bourré de psychanalyse et ça se tient moins que les chapitres précédents qui, malgré les nombreuses pistes explorées, gardaient une problématique centrale cohérente.
Son objectif en fait dans ce chapitre est de comprendre pourquoi un public majoritairement masculin va voir des films centrés sur des personnages féminins et où tous les hommes sont néfastes. Elle utilise le concept freudien de « masochisme féminin », une forme de masochisme où le sujet se place en situation féminine, souhaitant être castré (le slasher), s'accoupler (rape & revenge) ou être mise enceinte (films de possession). Cette explication m'a laissé très dubitatif. Elle note par contre avec justesse que l'enthousiasme du jeune public masculin pour le cinéma d’horreur des années 70/80 prouve l'inexactitude du discours classique, qui affirmait que seule l’identification par le haut était possible (une femme peut s’identifier à un homme, un noir à un blanc mais pas l'inverse).
Elle conclut le livre avec une postface sur la récupération du cinéma d’exploitation par Hollywood en citant les exemples du Silence des agneaux (1991), slasher pour intellos, ou de Thelma et Louise (1991), rape & revenge mainstream adouci par la présence d’un gentil policier joué par Harvey Keitel (le rape & revenge classique ne comporte aucun personnage masculin positif). Elle déplore finalement la disparition du cinéma d’exploitation, qui montrait sans ambages ce que le cinéma hollywoodien masque ou atténue.
Revues
Les Cahiers du cinéma n°791 – Octobre 2022
Les 5/6 du numéro de ce mois-ci sont consacrés à la mort de Godard. Je n’ai jamais aimé Godard, ni le réalisateur dont j’ai dû voir une douzaine de films parmi ses plus connus, ni l’homme, provocateur au positionnement politique parfois flou. J’ai donc survolé assez vite le numéro pour lire en détail le cahier critique uniquement.J’aimerais bien voir le film d’animation Le Petit Nicolas - Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux d’Amandine Fredon et Benjamin Massoubre (2022). Je reste plus circonspect sur Bowling Saturne de Patricia Mazuy (2022) : je n’ai vu que ses premiers films Peaux de vaches (1989) et Travolta et moi (1993), dont je garde une impression mitigée malgré de bonnes idées.
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