Films vus en compagnie
Lisa Frankenstein de Zelda Williams (2024)

Lisa Frankenstein est une comédie horrifique scénarisée par Diablo Cody (Juno (2007), Jennifer's Body (2009), Tully (2018)) qui se situe dans le même univers que Jennifer's Body et s’inspire de Weird Science de John Hugues (1985). C’est le premier long métrage de l’actrice Zelda Williams, la fille de Robin Williams, avec un casting rempli de gens que je ne connaissais pas excepté Carla Gugino en Janet. S’il y a quelques idées originales avec un concept assumé jusqu’au bout, Lisa Frankenstein ressemble à un sous-Tim Burton des années 80 (l’intrigue se déroule en 1989), avec une Lisa de plus en plus agaçante. Kathryn Newton copie le jeu d’Helena Bonham Carter et parvient à devenir aussi énervante qu’elle, avec une fausse impertinence loin du côté sulfureux de Jennifer's Body. J’ai fini par m’ennuyer et Lisa Frankenstein se révèle être une déception.
La otra de Roberto Gavaldón (1946, Double destinée)

Je continue ma série de mélodrames noirisants de Roberto Gavaldón avec La otra, réalisé un an avant La diosa arrodillada (1947) et mettant en vedette la star Dolores Del Rio. Revenue au Mexique en 1943 à cause d’une carrière hollywoodienne déclinante, elle se distingua rapidement dans María Candelaria (1944), qui remporta le Grand Prix au festival de Cannes en 1946, et Las Abandonadas (1945) où elle incarnait une prostituée. La otra marque les débuts de la collaboration de Roberto Gavaldón avec le directeur de la photographie Alex Phillips, qui propose ici un superbe noir et blanc contrasté avec de nombreuses séquences de nuit jouant sur le clair-obscur.
A l’inverse des autres Roberto Gavaldón que j’ai vus ces derniers mois, le personnage principal est une femme, Dolores Del Rio, aux mouvements de sourcils pas toujours subtils, dans un double rôle. Si La diosa arrodillada (1947) et En la palma de tu mano (1951) tournaient autour de la femme fatale, on adopte dorénavant son point de vue. Comme d’habitude chez Roberto Gavaldón, la mort est omniprésente et l’héroïne est une déclassée insatisfaite de son existence, au destin scellé dès le départ. A l’instar de La diosa arrodillada, on est davantage dans le mélodrame que dans le film noir et j’avais préféré En la palma de tu mano. Cela reste néanmoins une belle réussite dans le genre.
A noter que le script, tiré d’une histoire de Rian James, était possédé par la Warner. Elle attendit toutefois 1964 pour le porter à l’écran aux Etats-Unis sous le titre de Dead Ringer car il se rapprochait trop de A Stolen Life avec Bette Davis qu’elle avait produit en 1946.
Films vus seuls
Santo en el misterio de la perla negra de Fernando Orozco (1976, Mission secrète aux Caraïbes)

Santo en el misterio de la perla negra est le résultat d’un parcours mouvementé. Tourné en 1971, c’était une coproduction entre le Mexique, l’Espagne et peut-être la Colombie. Il fut diffusé en Espagne en juillet 1971 sous le titre Misión secreta en el Caribe dans une version de 1h17 avec un casting en apparence espagnol et dirigé par Enrique López Eguiluz, connu dans son pays pour l’horrifique La marca del hombre lobo (1968) avec Paul Naschy. En réalité, des interprètes mexicains se cachaient derrière les pseudonymes espagnols et Enrique López Eguiluz ne travailla probablement pas sur Misión secreta en el Caribe (pas davantage d’ailleurs que sur Santo contra la mafia del vicio, également intitulé Santos contra los asesinos de la mafia, qui lui est parfois crédité). Lorsque Santo en el misterio de la perla negra sortit au Mexique en février 1976, le metteur en scène et scénariste était à présent Fernando Orozco (nommé Ferny Morosco dans le générique de Misión secreta en el Caribe), déjà responsable du catastrophique Santo frente a la muerte (1972) dans lequel Santo allait en Colombie pour arrêter un gang de trafiquants de diamants.
Santo en el misterio de la perla negra n’est pas bien meilleur que Santo frente a la muerte. L’introduction est étonnamment pêchue, avec des cascades et des explosions. Dave Wilt en révèle la raison dans sa critique : toute cette séquence a été piquée à Shark!, une coproduction américano-mexicaine de 1969. S’enchaînent quinze minutes confuses qui n’auront aucune importance par la suite, avec un gars qu’on ne reverra jamais, un numéro musical provenant d’un film des années 50-60 et un match de luchadoras qui n’a pas de rapport avec la choucroute. Santo surgit au bout de vingtième minute. Enfin il faut le dire vite. Durant sa première demi-heure, il est régulièrement remplacé par une doublure au masque mauve clairement plus mince que lui. La trame et le montage sont brouillons, c’est bourré d’incohérences et on ne comprend pas vraiment comment Santo, qui tombe constamment dans des pièges, parvient en s’en tirer. Un Santo de piètre qualité.
P.S. : il n’y a pas de requin contrairement à ce que promet l’affiche et il n’y a absolument pas de mystère de la perle noire.
ゼイラム [Zeiramu] de Keita Amemiya (1991, Zeiram)

Zeiram est le premier long métrage de cinéma du character designer de tokusatsu Keita Amemiya, réputé pour son travail sur les séries TV de Metal Hero. Pourvu d’un maigre budget et d’un récit original, il ne comporte pas de vedette bien que Kunihiko Ida (Teppei) et Yukijirô Hotaru (Kamiya) eurent une jolie carrière. Pour rendre le projet plus sexy, Kunihiko Ida, qui devait initialement être le héros, fut évincé au profit de la jeune Yûko Moriyama. Zeiram eut un beau succès et engendra en 1994 une suite (Zeiram 2 par la même équipe) et un animé (Iria - Zeiram the Animation, que j’avais vu dans mon adolescence via les VHS françaises de 1995 de Kaze Animation).
Si l’intrigue est minimaliste, Zeiram est techniquement impressionnant compte tenu de ses moyens réduits. Il y a de sympathiques effets organiques, un excellent monstre en stop motion et quelques images de synthèse pas trop moches. L’alien est particulièrement réussi avec un look à la Predator doté d’un grand chapeau. Keita Amemiya recourt à des plans serrés, avec une faible luminosité voire du noir et blanc, et à un montage rapide pour masquer les limites des trucages mais c’est utilisé intelligemment et ça ne choque pas. Il n’y a pas de temps mort, les scènes de bastons sont convaincantes et c’est franchement recommandable pour les amateurs d’action SF.
Muñecos infernales de Benito Alazraki (1961, The Curse of the Doll People)

Muñecos infernales est une production de l’inévitable Guillermo Calderón confiée à Benito Alazraki, une figure atypique du cinéma mexicain. Issu d’une famille de juifs turcs, il fut d’abord écrivain puis producteur, fondateur de la Panamerican Films qui finança notamment le classique Enamorada d’Emilio Fernández (1946), La otra (1946) ou La diosa arrodillada (1947) qui ruina la compagnie. Il devint ensuite scénariste et réalisateur d’une quarantaine de longs métrages dans tous les genres, avec une prédilection pour le fantastique au début des années 60. Muñecos infernales s’inscrit dans cette logique, avec la présence de poupées vaudous et d’un zombie haïtien, à l’image de Santo contra los zombies qu’il dirigea en 1962.
La trame de Muñecos infernales est fortement inspirée du roman de 1932 Burn, Witch, Burn! d’Abraham Merritt qui avait été adapté par Tod Browning en 1936 (The Devil-Doll avec Lionel Barrymore et Maureen O'Sullivan) et dont j’ai gardé un agréable souvenir, quoique vague. Sans être du même niveau, Muñecos infernales est très honorable malgré un discours scientifico-mystique fumeux et une conclusion ridicule. L’ambiance est sinistre, avec des poupées bien glauques, et le couple formé par Elvira Quintana (Karina) et Ramón Gay (Armando) a une bonne alchimie. Elvira Quintana fut une chanteuse et actrice populaire dans les années 60 qui mourut en pleine gloire d’un AVC en 1968 à 32 ans. Ramón Gay eut également un destin tragique, une des stars de l’âge d’or du cinéma mexicain des années 50, apprécié des fans d’horreur pour son rôle dans la trilogie de La Momia Azteca. Il fut assassiné en 1960 par le mari jaloux de la comédienne Evangelina Elizondo (Muñecos infernales fut distribué après sa disparition). Face à eux, Quintín Bulnes est à la peine en méchant prêtre vaudou (blanc évidemment…), son jeu consistant essentiellement à bouger ses sourcils. C’est en tout cas une pellicule d’épouvante honnête pour l’époque, avec une belle photographie et sans baisse de rythme.
Serbuan Halilintar de Arizal (1982, Special Silencers)

Je suis nul en cinéma d’action indonésien des années 80 et j’avoue que je n’avais jamais rien vu avec Barry Prima, la star locale qui pratiquait le taekwondo. Il fut souvent associé à Eva Arnaz, avec qui il fut marié durant cinq ans, une ancienne mannequin spécialisée dans les films d’action ou érotisant (selon les critères sévères de la censure indonésienne donc soft et sans nudité). Sans avoir l’aisance de Barry Prima, elle tatane joyeusement du sous-fifre dans Special Silencers.
Special Silencers fut diffusé sur le marché international en 1979 avant de bénéficier d’une sortie en Indonésie en 1982. Très gore, avec une scène de sexe gentillette, il eut des problèmes avec la stricte censure indonésienne. Si les effets spéciaux sont archaïques de nos jours, ils étaient plutôt dans la moyenne à l'époque et restent assez trashouilles. A cet aspect horrifique s’ajoutent de nombreuses séquences de bastons, des cascades, une romance sirupeuse, des animaux dangereux (serpents, rats ou souris qui déchirent adéquatement les vêtements de l’héroïne), et la police qui fait son travail en arrivant à la fin pour arrêter les deux-trois sbires encore vivants. Le montage et les raccords sont étranges, Barry Prima (Hendra) joue comme une patate, Eva Arnaz (Julia) n’est que légèrement meilleure, les antagonistes sont ultra-clichés… Et on s’en fiche car le spectateur est là pour voir du sang, de la bagarre et une pointe d’érotisme. C’est crétin mais distrayant, avec des trucages rigolos et de bons combats. Dans ce cadre, Special Silencers a parfaitement rempli son office.
テラ戦士ΨBOY [Tera senshi sai boy] de Akinobu Ishiyama (1985, Terra Warrior Ψ BOY)

Ex-idole populaire de 1984 à la fin des années 80, pourvue d’une image de brave fille ordinaire, Momoko Kikuchi eut une brève carrière sur grand écran avant de s’orienter vers le petit. Tera senshi sai boy est son troisième opus après la comédie Pantsu no ana (1984) et le pénible Sotsugyou -GRADUATION- (1985). Il comporte deux chansons de Momoko Kikuchi en fond sonore, un extrait de son premier album Ocean side (1984) et le single Boy no Theme composé pour l’occasion et sorti deux semaines avant le long métrage. Elle est entourée d’un tas de jeunes acteurs qui ne percèrent pas et d’un Naoto Takenaka de 29 ans dans un rôle de scélérat, avec des cheveux et déjà en roue libre. C’est le principal intérêt de ce Tera senshi sai boy gentillet qui donne l’impression d’être tiré d’un manga cucul pour enfants.
Pengabdi Setan de Sisworo Gautama Putra (1980, Satan's Slave)

Satan's Slave est un film d’épouvante satanique construit sur un modèle stéréotypé, avec un bon gros discours moralisateur en conclusion. Le seul élément scénaristique insolite est le remplacement de la traditionnelle religion catholique par l’Islam. Le récit conventionnel propose peu de péripéties et repose essentiellement sur l’atmosphère, renforcée par une étrange musique au synthé. Les effets spéciaux sont assez mauvais, à l’inverse des interprètes plutôt convaincants. Le père notamment est incarné par l’incontournable W.D. Mochtar, qui traîne ses guêtres dans tous les films d’horreur indonésiens des années 80 que j’ai vus (soit The Queen of Black Magic (1981), Mistik (1981) et Special Silencers (1982)). Satan's Slave a été joliment restauré et la copie que j’ai récupérée était impeccable. Sans être aussi enthousiaste que certains critiques que j’ai pu lire, c’est une variation exotique et acceptable du genre.
合氣道 [He qi dao] de Feng Huang (1972, Hapkido)

Hapkido, initialement sorti en France sous le titre ridicule et incohérent Dynamique Dragon contre boxeurs chinois, lança la carrière de la taïwanaise Angela Mao. Venue de l’opéra chinois, elle fut repérée par le réalisateur Feng Huang qui la fit entrer à la Golden Harvest. Elle l’accompagna en Corée du Sud pour une série de six longs métrages, résidant dix-huit mois dans le pays. Elle en profita pour devenir une spécialiste de l’hapkido, entrainée par le grand maître Ji Han-jae qui apparaît au début de Hapkido. Elle eut pour condisciple Carter Wong (Kao Chang) et Sammo Hung (Fan Wei). Sammo Hung fut également chargé de la coordination des combats et on peut brièvement apercevoir dans les sbires les jeunes Jackie Chan et Yuen Biao.
L’intrigue est très classique, avec des méchants japonais ultra-caricaturaux menés par le vil Toyota (tous joués par des acteurs chinois pas du tout typés japonais) et des gentils qui essayent de ne pas répliquer jusqu’à exploser de rage, schéma récurrent dans les films de tatane hongkongais (cf. Big Boss (1971) avec Bruce Lee). L’intérêt se situe dans les combats parfaitement chorégraphiés par Sammo Hung. Ils sont dynamiques, parfois impressionnants et inventifs. Combiné au charisme d’Angela Mao et de Sammo Hung, Hapkido s’avère être un bon représentant du genre.
The Pit and the Pendulum de Stuart Gordon (1991, Le puits et le pendule)

Par rapport aux fauchés Dagon (2001) et King of the Ants (2003), tournés en numérique dégueu, The Pit and the Pendulum surprend par la qualité de ses décors (il fut filmé dans le château de Giove en Ombrie dans le centre de l’Italie), de sa photographie et de ses effets spéciaux franchement corrects. Côté distribution, c’est honnête en dépit d’un Lance Henriksen en roue libre façon Actors studio, qui fut apparemment insupportable sur le plateau.
The Pit and the Pendulum est une lointaine adaptation de la nouvelle éponyme d’Edgar Allan Poe, avec l’ajout de Torquemada et de diverses péripéties à l’exemple de cet homme emmuré issu d’une autre nouvelle de Poe, The Cask of Amontillado. C’est assez sommaire, la trame est minimaliste et l’Inquisition semble être uniquement une émanation de Torquemada contre la volonté de l’église. N’eut été le jeu agaçant de Lance Henriksen, une atmosphère dénuée de tension et un dénouement nasouille, ça aurait pu être sympathique. En l’état, c’est regardable pour passer le temps.
Séries
モノノ怪 [Mononoke] de Kenji Nakamura (2007, Mononoke), 12 épisodes

Mononoke est un spin-off de Ayakashi: Japanese Classic Horror (2006), une série animé horrifique composée de trois arcs indépendants centrés sur des histoires de fantômes japonais. Elle développe le personnage de l’apothicaire qui apparaissait dans la troisième partie déjà dirigée par Kenji Nakamura. Mononoke met en vedette des yôkai du folklore japonais dans des décors inspirés de divers styles picturaux, des estampes ukiyo-e aux byôbu (paravents) en passant par le suiboku-ga, l’art moderne de l’ère Taishô ou des peintres occidentaux comme Klimt, Picasso ou les expressionnistes. Les transitions, certaines scènes ou procédés de montage proviennent du kabuki, du nô ou du bunraku, donnant à l’ensemble un rythme lent et contemplatif particulier. Excepté le mystérieux apothicaire, dont les motivations ne sont jamais révélées, et une ambiance de whodunit, les segments n’ont aucun lien entre eux (le dernier se situant au XXe siècle alors que les quatre précédents se déroulent quelque part entre le XVII et le XIXe siècle). C’est original bien que parfois mou du genou, le faible nombre d’épisodes évitant la lassitude liée au format anthologique. Les récits manquent d’enjeux et de suspense, on admire la technique sans s’impliquer énormément. C’est au final une série atypique qui mérite le coup d’œil. Elle a engendré deux mangas, deux pièces de théâtre et une trilogie de films (en 2024, 2025 et 2026 pour l’ultime volet).
Livres
L'auberge de l'alpiniste mort d’Arcadi & Boris Strougatski (Denoël, collection « Présence du futur », 1988), 245 p.

Les frères Strougatski, surtout réputés pour Stalker - Pique-nique au bord du chemin et pour leurs récits de SF en général, ont voulu s’aventurer dans le whodunit en partant d’un concept : démarrer sur un classique meurtre en chambre close puis, au moment où l’intérêt du lecteur retombe, dériver vers un chemin totalement inattendu. Malheureusement, comme ils l’admirent eux-mêmes, le résultat n’est pas satisfaisant, l’association entre les genres ne fonctionnant pas. Si on ajoute un humour un peu lourdaud, un sexisme qui n’a rien à envier à celui de leurs camarades capitalistes et l’absence de leurs habituelles préoccupations politiques et philosophiques , autant dire que L'auberge de l'alpiniste mort fut une déception.
A noter que le quatrième de couverture de l’édition Denoël spoile à mort, il vaut mieux éviter de le lire.
- Pour en finir avec le Moyen Âge de Régine Pernoud (Points, collection « Histoire », 1979), 160 p.Régine Pernoud attaque dans ce petit ouvrage les idées reçues sur le Moyen Âge à travers neuf chapitres thématiques. Après avoir critiqué le traitement grossier imposé à cette longue période qui regroupe artificiellement un millier d’années, elle rappelle :
- • La valeur de l’art et de la littérature médiévale ;
- • La complexité du régime féodal qui s’appuyait sur des coutumes et comportait des avantages pour un peuple délivré de l’esclavage antique (les serfs n’étant pas aussi contraints qu’on le pense) ;
- • La liberté des femmes. Elles furent aidées par une église qui n’hésitait pas à leur confier le pouvoir et par la généralisation du mariage qui leur permit paradoxalement de s’émanciper de l’autorité du père de famille. Libéré du droit romain, le système juridique leur donnait en outre une place égale à l’homme ;
- • La relative tolérance religieuse, l’Inquisition n’apparaissant que vers la fin du Moyen Âge et se concentrant au départ sur les hérétiques et non sur les autres religions ou sur les païens. En conclusion, elle estime qu’il faudrait approfondir les recherches sur cette époque méconnue en allant dans les archives plutôt que de se référer à des textes tardifs d’historiens qui se sont souvent contentés de véhiculer des erreurs. Il faudrait par ailleurs modifier l’enseignement de l’Histoire afin de transformer dès le plus jeune âge notre manière de la concevoir.
Le court essai Pour en finir avec le Moyen Âge s’inscrit dans cette optique. En dépit de mon adhésion de principe, je suis resté dubitatif. Régine Pernoud adopte un ton résolument offensif et pamphlétaire dont elle était apparemment coutumière. Elle se moque de ses adversaires sans les citer nommément et les caricature. De façon générale, elle idéalise le Moyen Âge et simplifie à l’excès l’Antiquité, la Renaissance ou notre ère moderne pour corroborer son propos. Elle choisit les cas qui l’arrange, quasi exclusivement dans les frontières d’une France qui n’existait pourtant pas encore. Fervente catholique, elle défend bec et ongles l’église, quitte à tomber dans des outrances équivalentes à celles de certains historiens anticléricaux. Les rares mentions des civilisations étrangères, arabes ou chinoises, sont ultra réductrices et servent à souligner en comparaison à quel point sa période de prédilection était formidable.
Pour en finir avec le Moyen Âge demeure enrichissant. Il ouvre des perspectives stimulantes, casse de nombreux clichés et pousse à se méfier des sources secondaires. Sur tout ce qui concerne le Moyen Âge en tant que tel sur notre territoire, c’est passionnant et plutôt fiable, excepté sur le rôle de l’église où les débats se poursuivent. Il conviendra en revanche de prendre avec des pincettes les parallèles avec d’autres ères et les piques contre ses confrères.
Revues
Les Cahiers du cinéma n°820 – Mai 2025

Sur le plan des nouveautés, je regarderai un jour par principe les deux Kiyoshi Kurosawa, un long et un moyen métrage pas franchement affriolants (leur critique est par contre couplée à une intéressante interview du réalisateur). Les Maudites, du fantastique argentin sur des femmes d’une même famille subissant les assauts d’une entité surnaturelle, est intrigant, ainsi que le français Else sur un virus qui fait fusionner les gens avec des objets. Côté patrimoine, je note le nom du cinéaste néerlandais Frans van de Staak, redécouvert grâce à un festival en Espagne et encensé par Les Cahiers. Faudra que je jette un œil à son œuvre à l’occasion. Je remarque enfin le film à sketches Septet: The Story of Hong Kong (2000), qui réunit la fine fleur du cinéma hongkongais dans un dernier chant du cygne après la rétrocession de 1997.
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