Films vus en compagnie
El perro d’Antonio Isasi-Isasmendi (1977, Les crocs du diable)

El perro a été produit quelques mois après la fin de la dictature en Espagne à partir d’un roman d’Alberto Vázquez Figueroa, fils d’un opposant politique emprisonné durant la guerre civile. J’escomptais une sorte de Duel (1971) avec un chien sur fond de critique des autoritarismes. La première moitié correspond en effet à cette description sans offrir le rythme et la tension du classique de Spielberg. La seconde bascule dans le thriller politique à la mode à cette époque, avec toujours le méchant toutou en métaphore de l’oppression. Ce positionnement bancal entre les genres ne fonctionne pas, chaque aspect est survolé et j’ai trouvé le temps long.
Je signale la présence de Jason Miller en Aristides, immortalisé par son rôle du père Karras dans L’exorciste (1973). Il est régulièrement tout nu à l’écran pour montrer qu’on est dans du cinéma européen.
Discount de Louis-Julien Petit (2014)

Discount est une comédie sociale, du Ken Loach à la française en moins virulent. Il est inspiré d’un fait-divers de 2011 où une caissière avait failli être virée pour avoir récupéré un ticket de promotion abandonné. La différence notable par rapport au scénario de Louis-Julien Petit est qu’elle était syndiquée, motif probable de l’acharnement de la direction. Discount préfère se concentrer sur le côté feel-good, avec une vision un peu idéalisée de la solidarité entre pauvres, bien que la responsable incarnée par Zabou Breitman ne soit pas diabolisée. Même si c’est facile et platement filmé, il faut avouer que ça marche grâce à des interprètes convaincants et le plaisir simple de voir les opprimés filouter le système.
내일의 기억 [Naeileui gieok] de Seo You-min (2021, Recalled)

Le cinéma coréen est en crise depuis le début du covid et ne s’en est pas encore remis, certains estimant que le pire est à venir. A l’inverse de la France, les spectateurs ne sont pas revenus dans les salles et le nombre de longs métrages est en baisse. En 2025, le stock de films dont la diffusion avait été retardée à cause du covid est enfin écoulé mais pas ils n’ont pas été pas remplacés en raison d’une réduction drastique de la quantité de nouvelles productions entre 2020 et 2025. La qualité avait déjà fortement diminué ces quinze dernières années malgré de superbes exceptions, avec une industrie qui s’était standardisée et jonglait entre des modèles préétablis.
Tourné en 2019, Recalled est sorti en 2021 et entre dans la masse des titres formatés sans grand intérêt. On est ici dans le schéma du fantastique à mystère, avec époux inquiétant, visions énigmatiques et enquête policière en toile de fond. On a l’impression d’avoir vu chaque scène dix mille fois ailleurs, la réalisation est assez pompeuse et les acteurices sont bof. J’espérais tomber sur quelque chose du niveau de Sleep (2023), on est malheureusement davantage dans le nasouille type The Call (2020).
Films vus seuls
Santo en la frontera del terror de Rafael Pérez Grovas (1981, Santo in the Border of Terror)

Rafael Pérez Grovas fut un réalisateur, producteur et scénariste qui œuvra dans le cinéma populaire, que ce soit dans les ersatz de Zorro avec El Jinete solitario, les adaptations de comics avec la série des Chanoc ou les films de luchadores, essentiellement des Blue Demon et deux des quatre ultimes Santo. Pour Santo en la frontera del terror, il reprend la formule d’origine avec un Santo extérieur à l’intrigue principale, deux combats de catch et quatre chansons interprétées par Carmen del Valle (Azucena) et par Gerardo Reyes, un acteur/chanteur de musique ranchero compositeur de centaines de titres. Je remarque aussi la présence de Carlos Suárez, le manager de Santo dans son propre rôle, et de Miguel Ángel Fuentes, connu des amateurs de nanar pour Vadinho dans L’homme puma (1980).
Santo en la frontera del terror est un Santo de faible qualité. C’est mal filmé, sans aucun rythme, avec des comédiens quelconques à mauvais (notamment le savant fou en roue libre et Florecita qui joue comme une patate). C’est clairement fauché, ils ont pris la rivière du coin pour représenter le Rio Grande et les décors sont misérables. L’histoire est globalement crétine, avec le cliché du méchant qui raconte son plan, pose une bombe avec minuteur à côté des gentils attachés et se casse. La même équipe a commis un autre Santo apparemment pire, Santo contra el asesino de la T.V. (1982). C’est le prochain sur ma liste…
楳図かずお恐怖劇場 まだらの少女 [Umezu Kazuo Kyôfu gekijô - Madara no shôjo] de Noboru Iguchi (2005, Kazuo Umezu's Horror Theater: The Harlequin Girl)

Kazuo Umezu's Horror Theater: The Harlequin Girl est le troisième épisode de l’anthologie Kazuo Umezu's Horror Theater. Il est tiré de la trilogie de mangas La femme-serpent parus entre 1965 et 1966 et publiés en France en 2017 par Le lézard noir. Il eut un grand succès, lança la carrière de l'auteur et provoqua un boom du manga d'horreur à la fin des années 1960. Kazuo Umezu's Horror Theater: The Harlequin Girl correspond au second tome du bouquin, les mentions au premier ayant été gommées par le scénariste Chiaki Konaka, le fameux inventeur de la théorie Konaka. On reconnait sa patte dans la mise en place qui se focalise sur le point de vue subjectif de l’héroïne et suggère des présences inquiétantes. Malheureusement, au fur et à mesure, le récit devient explicite et tombe dans le ridicule en raison d’effets spéciaux kitsch, d’actrices ados à la ramasse et d’une mise en scène poussive (Noboru Iguchi étant spécialisé dans l’érotisme gore et l’horreur outrancière). De mémoire, Hebi musume to haku hatsuma (1968, The Snake Girl and the Silver-Haired Witch) de Noriaki Yuasa, transposition du premier volume de La femme-serpent, était plus palpitant.
Сампо [Sampo] d’Aleksandr Ptushko (1959, Sampo)

Sampo est une coproduction entre le studio soviétique Mosfilm et le finnois Suomi-Filmi. Il est inspiré du Kalevala, une épopée du XIXe siècle composée par le folkloriste Elias Lönnrot en rassemblant des poèmes populaires recueillis dans les campagnes. Cet ouvrage a contribué à la création de l’identité nationale finlandaise et est une des œuvres les plus importantes en finnois. Sampo est pourtant un projet avant tout soviétique auquel se greffèrent à contrecœur les Finlandais. Les scénaristes russes ont extrait des passages de l’épopée en la simplifiant pour en tirer un script cohérent d’1h30, supprimant la noirceur, la complexité et le patriotisme initial pour en faire une féérie adaptée au style d’Aleksandr Ptushko, un pionnier de l’animation et des effets spéciaux dans son pays.
S’il n’eut aucun succès en Finlande, Sampo possède des qualités pour les amateurs de contes. Les décors naturels sont superbes, avec une magnifique restauration en 4K datant de 2018 qui redonne sa splendeur au Sovcolor, un dérivé soviétique de l’Agfacolor. Les trucages sont fort sympathiques grâce au savoir-faire d’Aleksandr Ptushko. Les protagonistes sont certes monolithiques et manichéens, avec une trame schématique et linéaire, mais c’est le propre du conte. Quand on apprécie le genre, Sampo est une réussite. Attention toutefois à ne pas récupérer la version américaine charcutée de 27 minutes et remontée n’importe comment. C’est elle qui est connue à l’international et est à l’origine de la mauvaise image de ce film plaisant.
クローンは故郷をめざす [Kurôn wa kokyô wo mezasu] de Kanji Nakajima (2008, The Clone Returns Home)

The Clone Returns Home est le premier long métrage sorti au cinéma de Kanji Nakajima, un réalisateur/scénariste indépendant spécialisé dans les drames poétiques et contemplatifs avec une touche de SF et une réflexion sur la technologie. Il se penche ici sur le clonage, prétexte pour méditer sur l’existence de l’âme et sur la notion d’identité. Souvent comparé au Solaris de Tarkovski (1972) par les critiques, j’ai également pensé à certains Kiyoshi Kurosawa pour le rythme lent et l’intrigue mystico-existentielle. En dépit de mes craintes, le côté fumeux demeure relativement contenu. Bien que ce soit mou du genou, je suis entré dans le truc et j’ai plutôt aimé, moi qui suis d’habitude réticent devant ce type de narration laissée à l’interprétation du spectateur.
射鵰英雄傳 [She diao ying xiong zhuan] de Chang Cheh (1977, The Brave Archer)

Ayant terminé la tétralogie des romans de Jin Yong Legends of the Condor Heroes, je peux à présent regarder les adaptations et faire mon sale puriste en proclamant leur nullité. Je commence par la plus connue, la trilogie The Brave Archer produite par la Shaw Brothers et dirigée par l’illustre Chang Cheh.
En 1977, l’âge d’or de la Shaw Brothers s’achève doucement et The Brave Archer ne dispose pas d’un budget faramineux. Les décors et les costumes sont cheap, les combats manquent d’envergure, on est loin des chefs d’œuvre de Chang Cheh des années 60/début 70 ou des transpositions de Gu Long par Chor Yuen. Je ne suis pas fan d’Alexander Fu Sheng et ça se confirme, son Guo Ling n’a aucun charisme. Le reste du casting n’est guère meilleur et ne rend pas justice aux formidables personnages créés par Jin Yong. L’histoire est difficilement compréhensible si on n’a pas lu les bouquins, c'est un résumé lapidaire en deux heures des deux premiers tomes foisonnant de 500 pages. On saute constamment d’une scène à l’autre sans s’attarder, sans avoir le temps de développer quoi que ce soit ou de s’attacher aux protagonistes. Le titre lui-même est illogique, Guo Jing n’employant jamais un arc dans The Brave Archer (le chapitre de A Hero Born où il apprenait à tirer ayant été coupé). Je ne saurais le conseiller, ni pour les amateurs de Jin Yong, ni pour les néophytes. Seule curiosité, un générique introductif qui présente les différents interprètes.
Los autómatas de la muerte de Federico Curiel (1962, Neutron vs. the Death Robots)

Los autómatas de la muerte est le second volet d’une trilogie comprenant également Neutrón, el enmascarado negro (1960) et Neutrón contra el Dr. Caronte (1963). J’avais ouï dire que Neutrón, el enmascarado negro était nase et je suis donc directement passé à la suite. A l’inverse de Santo, Neutrón n’est pas un luchador, c’est un super-héros auto-justicier à identité secrète. Excepté ce détail et une forte influence du serial américain des années 30-40, on est dans l’univers des films de luchadores du début des années 60, avec une intrigue fantastique bourrée d’incohérences, des chansons pour meubler et des mecs avec des masques qui se tapent dessus. Le look du méchant est particulièrement ridicule, tout en blanc avec un slip par-dessus son collant, une cagoule SM blanche, de longs gants et une tunique jupette. On retrouve à la réalisation Federico Curiel, un habitué des Santo. C’est objectivement tarte et je ne compte pas récupérer les deux autres. L’unique utilité de Los autómatas de la muerte est de prouver qu’on peut jouer extrêmement mal en portant un masque : le gars qui incarne Neutrón est droit comme un I, sérieux comme un pape et ânonne les répliques qu’il a péniblement apprises par cœur. En comparaison, Santo mérite un Oscar.
Night of the Demons de Kevin Tenney (1988, Demon house)

Je ne sais plus comment j’avais entendu parler de cette série B horrifique. L’histoire n’a aucun intérêt, accumule les clichés et les filles nues, et pompe allègrement les Evil Dead de Sam Raimi. On a même droit au stéréotype du noir peureux et rigolo… C’est franchement lamentable jusqu’à ce que les « ados » (d’une vingtaine d’années...) commencent à trépasser. Et là surprise, cela devient distrayant grâce à des effets spéciaux et des maquillages réussis, et à une absence de temps morts. Le couple de survivants n’est pas celui qu’on pouvait escompter, l’humour noir à base de petites phrases morbides est correct et on reste sur une bonne impression malgré la nullité de ce qui a précédé. Comme quoi il ne faut pas désespérer.
The Beast Must Die de Paul Annett (1974, Le mystère de la bête humaine)

Spécialiste du film à sketches, la Amicus offre pour une fois une histoire d’un seul tenant avec un gimmick très William Castle ajouté par le producteur Milton Subotsky contre l’avis de Paul Annett : un carton propose en ouverture au spectateur de deviner qui est le loup-garou et, dix minutes avant la fin, un autre carton nous laisse trente secondes pour réfléchir avant la révélation. Pour le rôle principal, la Amicus est allée chercher les acteurices de blaxploitation Marlene Clark (Ganja dans Ganja & Hess (1973)) et Calvin Lockhart pour capitaliser sur ce genre à la mode. Ce dernier incarne un Tom Newcliffe antipathique, qui s’avère être un pitoyable chasseur (pas fichu de toucher sa cible à deux mètres). Paul Annett, un habitué de la télévision, dirige sans éclat un script essentiellement en huis clos. Les interprètes font le job, rien de remarquable, c’est du vite vu vite oublié.
Séries
リラックマとカオルさん [Rirakkuma to Kaoru-san] de Masahito Kobayashi (2019, Rilakkuma et Kaoru), 13 épisodes

Rilakkuma et Kaoru est la première série en stop-motion financée par Netflix. Elle a été produite par la société de papeterie japonaise San-X spécialisée dans les animaux mignons, qui fabrique également des peluches, des livres, des jeux vidéo ou des séries. Rilakkuma (mélange de relax et de kuma = ours) a vu le jour en 2003 et a eu un énorme succès, apparaissant sur des milliers d’articles. San-X lui a vite créé un univers et ajouté des camarades, notamment Korilakkuma (ko = petit) et Kiiroitori (kiiroi = jaune et tori = oiseau), à travers des livres pour enfants et des yonkoma d’Aki Kondo.
La série animée était une étape logique et fut confiée à un débutant, Masahito Kobayashi. Plus intéressant, ils ont fait appel à Naoko Ogigami pour écrire les scénarios. Cela se sent, on reconnait le style gentil et un peu triste de la réalisatrice, qui s’attarde sur le quotidien d’individus décalés en proie à la solitude. Kaoru ne dépareillerait ainsi pas dans un de ses films. Chaque épisode dure 12 minutes, il ne se passe pas grand-chose mais l’ambiance est apaisante et techniquement c’est du beau boulot, de la stop-motion de bonne facture influencée par les opus animés de Wes Anderson. C’est donc une série sympathique rapide à regarder et fort recommandable.
Livres
Legends of the Condor Heroes 4 – A Heart Divided de Jin Yong (MacLehose Press, 2021), 593 p.

Ce quatrième et ultime volume de la tétralogie Legends of the Condor Heroes conclut en beauté la série. Il est très dense, plus sombre et ne recourt pas aux facilités du précédent. Il est davantage ancré dans l’Histoire, Guo Jing participant à la campagne militaire de Genghis Khan contre l’Empire khwarezmien de 1219 à 1221. Jin Yong boucle de façon satisfaisante tous les arcs narratifs et fait murir Guo Jing. Malgré les limites que j’ai déjà signalées vis-à-vis des personnages féminins, Lotus Huang est ma protagoniste préférée. C’est elle le moteur de l’action, capable de dénouer les blocages par son intelligence et de se sortir de n’importe quelle situation, à l’inverse du balourd Guo Jing.
Legends of the Condor Heroes mérite sa réputation et c’est regrettable que sa traduction française ait été charcutée. Sa suite, The Return of the Condor Heroes ou Le justicier et l'aigle mythique en français, a bénéficié d’un meilleur traitement et je vais récupérer les quatre tomes d’ici peu.
Je terminerai sur un coup de gueule concernant le parallèle régulièrement effectué en Occident avec Le seigneur des anneaux, que ce soit sur la couverture de l’édition anglaise (« "A Chinese Lord of the Rings" Irish Times ») ou dans des critiques récentes du long métrage de Tsui Hark tiré des livres de Jin Yong (à l’instar de l’article du Monde qui parle de Jin Yong comme du « Tolkien chinois »). Faut arrêter, les deux œuvres n’ont strictement rien en commun.
Le seigneur des anneaux est une quête d’un groupe cherchant à se débarrasser d’un anneau dans un univers de fantaisie inspiré des contes de fées et des sagas scandinaves. On y retrouve un imaginaire européen empreint de christianisme, la lutte du bien contre le mal, la tentation du mal, Aragorn le messie, Gandalf le ressuscité… Sans être explicites, ces allusions infusent l’œuvre de Tolkien.
De l’autre côté, Legends of the Condor Heroes est profondément chinois, bourré de références historiques, littéraires et philosophiques locales. Il est enraciné dans la Chine du XIIIe siècle, cite des poèmes fameux et est imprégné de valeurs bouddhistes, confucianistes et taoïstes. Le récit s’inscrit dans un genre centenaire (voire millénaire si on considère ses origines), le wuxia, qui suit certains thèmes et répond à des codes. Il n’y a pas réellement de quête, Guo Jing et Lotus Huang se baladent, améliorent leurs compétences martiales et croisent les chevaliers errants typiques du genre. S’il y a des méchants et des gentils, le manichéisme est modéré et les individus rencontrés sont plus complexes qu’escompté. Enfin, contrairement à d’autres wuxia, Legends of the Condor Heroes ne comporte pas de surnaturel en tant que tel. Les capacités martiales extravagantes s’expliquent en effet par des principes philosophiques et des années d’entrainement. C’est certes invraisemblable mais il y a une raison, ce n’est pas juste un monde magique.
Même au niveau du style, Le seigneur des anneaux est exagérément descriptif et extrêmement sérieux, avec un rythme souvent lent qui s’attarde sur des détails. Legends of the Condor Heroes est dynamique, multiplie les péripéties et propose des héros amusants, notamment Lotus Huang qui aime ridiculiser ses adversaires. Si on voulait absolument établir un pont avec notre culture, Legends of the Condor Heroes serait plus susceptible de plaire aux amateurs de romans de capes et d’épées qu’aux fans du Seigneur des anneaux.
Le brigand du Sertão de Wellington Srbek & Flavio Colin (Sarbacane, 2014), 156 p.

Le brigand du Sertão est la traduction d’une bande dessinée brésilienne portant sur les jagunços, terme désignant initialement des groupes paramilitaires au service de riches employeurs ou de politiciens. Le mot se différenciait au départ des cangaceiros, bandits indépendants qui combattaient fréquemment les jagunços engagés pour protéger les propriétés. Ces distinctions finirent par s’amenuiser avec le temps et Antônio Mortalma ressemble davantage à l’image traditionnelle d’un cangaceiro que d’un jagunço.
Ce cadre est normalement connu des lecteurs brésiliens qui ont grandi dans une culture populaire où le cangaceiro est souvent utilisé au cinéma ou dans la littérature. Ce n’est en revanche pas le cas des français et une petite présentation aurait été appréciable. Le scénariste Wellington Srbek n’est de toute façon pas allé au-delà des clichés, avec une intrigue manichéenne et un dénouement convenu. Graphiquement, ce n’est pas exceptionnel, le style de Flavio Colin, qui débuta sa carrière dans les années 50, est clairement daté. C’est donc une déception, je m’attendais à quelque chose de moins ordinaire.
Vivent les corneilles – Un plaidoyer pour une cohabitation responsable de Frédéric Jiguet (Actes Sud, collection « Mondes sauvages », 2024), 164 p.

Je me rends régulièrement à la Gare de Lyon et j’y croise toujours une flopée de corneilles, leur nombre ayant explosé depuis la création de la verrière en 2013. Les volatiles semblent aimer les structures en métal en haut de l’édifice, d’où elles contemplent les pauvres humains et guettent les éventuels abandons de nourriture. Certaines d’entre elles sont baguées, avec des anneaux verts majoritairement. Cela signifie qu’elles sont passées entre les griffes de Frédéric Jiguet en traversant le Jardin des plantes à proximité. J’étais curieux de savoir les raisons du suivi de ces oiseaux communs qui n’ont a priori pas particulièrement besoin de notre attention.
Vivent les corneilles est un ouvrage de vulgarisation passionnant, qui s’interroge sur la cohabitation entre les humains et la nature en ville, et pousse à questionner les politiques d’urbanisme et de gestion des espèces dites susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD, terme qui a remplacé le mot « nuisibles »). Grâce à son travail de baguage et de pose de balises GPS, Frédéric Jiguet a démontré la mobilité des jeunes corneilles, qui peuvent aller jusqu’aux Pays-Bas en détruisant les récoltes sur leur chemin. Les réguler est donc vain, les oiseaux abattus n’étant pas les responsables des dégâts mais plutôt des adultes locaux dont la présence sur un territoire pourrait au contraire limiter l’invasion.
Les recherches de Frédéric Jiguet ont également produit des résultats inattendus, notamment la découverte de l’inutilité du sauvetage des corneilles tombées du nid par les centres de soins. Elles sont généralement amenées par de bonnes âmes qui auraient dû les laisser tranquille : dans la quasi-totalité des cas, ces jeunes sont en parfaite santé et surveillés de loin par les parents. En dépit des précautions prises, les relâchés s’avèrent incapables de survivre. Les corneilles sont en effet des animaux sociables qui restent proches de leurs parents pendant une dizaine de mois, durant lesquels ils apprennent la vie dans la nature. En l’absence de cette éducation, elles sont condamnées.
Très abordable, bourré d’anecdotes, assez court, Vivent les corneilles ne nécessite aucune connaissance préalable pour en profiter pleinement et je recommande fortement sa lecture.
Je crois que Rilakkuma et Kaoru est exactement la série dont j'ai besoin en ce moment, merci
RépondreSupprimerEt y'a une suite, Les Aventures de Rilakkuma au parc d'attractions, qu'on est en train de regarder. C'est sympathique également mais assez différent car changement de scénariste. C'est moins centré sur Kaoru, avec davantage d'action (enfin ça reste gentil hein, action dans le sens il leur arrive des trucs).
Supprimer